Journal du Tour : Béziers, Sète, Montpellier, Nîmes
Jour 14
Lorsque l’on voyage à vélo, on distingue bien vite les changements de la nature autour de soi. De Narbonne à Béziers, nous avons fait la rencontre de deux éminents personnages du coin : le vent, et les cigales ! Le soleil semble de plus en plus ardent, les écosystèmes évoluent peu à peu sous nos yeux. Et à vrai dire, ils ne sont pas les seuls. Nous vivons collectivement et individuellement une expérience très enrichissante.
A Béziers c’est l’antenne locale de la Cimade qui nous a accueillis. Des réfugiés pris en charge par l’organisme avaient préparé un délicieux déjeuner, invitant au voyage et à la découverte. Dans cette ville dirigée par un maire d’extrême droite, nous avons d’autant plus apprécié le gout de la diversité ! Nous avons également été impressionnés par l’ingéniosité de Stéphane, un menuisier qui développe des alternatives aux modes de cuisson énergivores. Avec ses modèles de cuiseur solaire, de four à bois économique ou de « rocket stove », plus de 90% de l’énergie consommée est utilisée. Grâce à une bonne maitrise de la combustion (et notamment de la présence d’oxygène) les déperditions d’énergie sont fortement limitées… un vrai atout, aussi bien économique qu’écologique !
Nous avons ensuite gagné Sète par de jolies voies vertes sur le littoral. L’air iodé (et l’abondance des campings) ont donné un accent de vacances à nos coups de pédales. Et au vu du spectacle qui nous attendait à l’arrivée, nous n’avons pu résister à l’appel de la baignade, avant de lancer la vélorution sétoise. Le long des canaux, dans les ruelles de la vieille ville et finalement sur la place Léon Blum nous étions deux cents à chanter la transition écologique et sociale. Et oui, à Sète, on n’a de cesse de pousser la chansonnette ! Nous avons célébré notre arrivée au sein du petit village des alternatives organisé par Sète en transition, avec la Chorale à casquettes (comprenez « ras la casquette ! ») et la chorale des Sans-nom, deux groupes de citoyens engagés très créatifs.
Puis, un pêcheur sétois du Syndicat des pêcheurs petits métiers du Languedoc Roussillon a évoqué les problèmes qu’il rencontre au quotidien pour maintenir son activité, en mer comme sur les nombreux lacs que compte la région. Entre les contraintes liées à un environnement perturbé (pollutions, nouvelle répartition des espèces) et celles qu’exercent les grandes pêcheries, le travail des plus petits est constamment menacé. Il a par conséquent rappelé l’impact capital qu’ont les consommateurs sur les modes de production. « En faisant primer la qualité plutôt que la quantité, en soutenant l’économie locale et les circuits courts, il est à la fois possible de valoriser le travail des petits producteurs et de préserver les équilibres naturels » a-t-il souligné. De nombreuses associations locales et nationales étaient une fois encore au rendez-vous, ainsi que des organisatrices du Festival de Thau, sans oublier les insolites Présences, personnages en papier mâché, de Joel Bast.
Jour 15
Magique était notre réveil face à l’étang de Thau ce vendredi, dans une colloc’ de jeunes sympathisants du Tour. Leurs encouragements nous ont boostés pour la journée, merci les amis ! Sur la route de Palavas-les-Flots, nous avons ensuite été fidèlement accompagnés par le bruit des vaguelettes, puis par Philippe et son superbe vélo-couché, fait maison ! Après un pique-nique de produits locaux bien frais dégustés sur la plage, nous avons pris la route de « MTP » – dixit Joan, notre boute-en-train, étudiant à Montpellier.
Faire la vélorution dans cette ville estudiantine a été véritable moment de bonheur collectif ! De la place de l’Hôtel de ville à l’esplanade Charles de Gaulle -en passant par, ou plutôt dans, les fontaines du Nombre d’Or, les pédaleurs de la quadruplette s’en souviendront- nous étions près de trois cents à clamer à l’unisson « Changeons le système, pas le climat » ! Il s’agissait de notre plus grosse vélorution depuis le départ du Tour. Cette soirée a été l’occasion pour les montpelliérains de se retrouver avant l’été, et surtout avant leur grand village des alternatives qui se tiendra le 26 et 27 septembre prochain, en même temps que ceux de Paris et Grenoble et de nombreuses autres villes. En cette journée spéciale pour Alternatiba Marseille et pour le Tour, notre conférence sur les enjeux climatiques et la COP21 a été suivie très attentivement.
Nous avons par ailleurs rencontré les membres de l’équipe de Bioviva, dont les jeux éducatifs (éco-conçus et fabriqués en France) accompagnent à la fois le Tour et les villages des alternatives. Sur les thèmes de la nature et de l’environnement, de la gestion des déchets à la connaissance du monde animal, Bioviva offre une alternative intéressante dans l’univers du jeu de société, en élevant les consciences.
Puis nous avons eu droit à une super performance de Mali Karma, le MC d’Alternatiba et auteur de l’hymne du Tour… le public en redemandait ! S’en sont suivit d’autres concerts (Justine Blue, Drom Blanchard Quartet et Soul Raoul) et des performances artistiques, tout au long de la soirée.
Cet accueil à Montpellier nous a ravis : le public y était nombreux, diversifié, attentif, joyeux… laissant présager un village des alternatives florissant ! Merci et bravo aux organisateurs et à tous les participants !
Jour 16
Invités pour le petit dej’ par l’équipe des Petits déb’, nous avons commencé la journée en beauté et fait le plein d’énergie ! Et nous avons bien fait, car face au vent, nous avons du pédaler double aujourd’hui pour rejoindre Nîmes, en passant par Sommières. Au cours d’un repas partagé, à l’ombre des pins, nous avons notamment rencontré Christian, du groupe des Survoltés. Ce projet de production d’électricité citoyenne a réhabilité une déchèterie en un parc photovoltaïque de plus 1 000 m², en faisant un site à énergie positive !
Nous avons ensuite découvert ce soir à Nîmes un nouveau type de petit village des alternatives. Ici, une dynamique de mobilisation locale est effectivement à l’œuvre depuis plusieurs années. La forte représentativité des classes populaires et des migrants (la région nîmoise comptait de nombreuses mines et industries textiles), la présence de gaz de schistes et de centrales nucléaires dans les alentours, ainsi que les modes de vie alternatifs développés dans les Cévennes, ont permis de constituer un réseau associatif organisé. Relocalisant les processus d’échanges des Forum sociaux mondiaux, un Forum social local a vu le jour dans la région, l’accueil du Tour s’inscrivait dans cette trajectoire.
Dolores a quand à lui joué de son charme flamenco-burlesque pour attirer le public tout en délivrant un message percutant, alors que les passants étaient invités à boire un thé à la menthe sous la jolie tente berbère montée pour l’occasion !
Demain nous serons à Arles pour la fête de la musique, encore une chouette soirée et de belles rencontres en perspective !
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