Journal du Tour : Mistral, Musique et Transition

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Journal du Tour : Mistral, Musique et Transition

Jour 17

Ce matin là, sur la route de Nîmes à Saint Gilles, où nous avons fait halte pour déjeuner, nous avons du habilement répartir notre attention et nos forces. Alors que, pédalant sur des chemins de graviers plein de trous, nous devions défaire preuve de vigilance pour épargner les triplettes, notre écoute était également sollicitée par l’un de nos accompagnateurs.

Jean Luc connaît bien sa région… et les réalités qui se cachent derrière d’innocents arbres fruitiers. Il nous a expliqué comment les entreprises agricoles européennes, à l’aide de petites pirouettes juridiques, parviennent à produire une marchandise à bas coûts. Faisant face à un chômage massif dans leur pays, de nombreuses populations d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie se voient contraintes de chercher un emploi en Europe, fournissant une main d’œuvre bon marché aux exploitants agricoles. Nous sommes passés tout près des hagards que ces personnes viennent habiter pour la saison, et malgré la chaleur, ça nous a fait froid dans le dos !

En arrivant à Saint Gilles, nous nous sommes trouvés au beau milieu de l’effervescence d’un jour de marché. Passant, vélos à la main, dans l’allée centrale du village, nous avons échangé avec un public diversifié, et très réceptif ! Une chouette expérience !

Alternatiba Saint-Gilles

TourAlternatiba au marché de Saint Gilles : la transition est là ! Le marché, pas les supermarchés ! COP21

 

Puis nous avons rejoint Fourques, un village limitrophe d’Arles, où nous attendait une petite foule : les producteurs d’une AMAP (qui avaient amené de succulents melons et abricots, miam!), des jeunes du village, des Scoots… et monsieur le maire ! Ce dernier a délivré un discours plein d’esprit et de sincérité, en insistant sur l’importance cruciale de préserver les équilibres naturels pour la viabilité de notre espèce. Pour marquer le coup, il nous a offert un ouvrage évoquant les causes et les conséquences des violentes crues du Rhône, au cours des dernières années.

Alternatiba Fourques

Nous avons ensuite gagné Arles et son “Espace climat” aménagé pour l’occasion sur le boulevard des Lices. En ce jour de fête de la musique, une super fanfare et quelques 150 arlésiennes et arlésiens sont venus nous accueillir. Après avoir cordialement invité tous les citoyens à adopter dès à présent des alternatives concrètes, dans leur vie de tous les jours (comme le décrit l’ouvrage Alternativez vous, que nous leur avons présenté) nous avons remis aux élus et au maire le Pacte pour la transition, espérons qu’ils en fassent bon usage !

Alternatiba Arles

Jour 18

Pour ce troisième jour de repos depuis notre départ, nous avons été accueilli au sein de l’une des dix coopératives de Longo Maï, non loin d’Arles. Dans cette communauté agricole et artisanale autogérée et internationale, nous avons découvert avec une curiosité vive pourquoi et comment ses habitants ont choisi de transformer leur quotidien en profondeur.

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Mise en commun des biens, refus de la monétarisation des relations entre individus, gestion durable des ressources, respect et écoute de soi et des autres, ouverture à l’égard des personnes souhaitant partager une expérience de vie commune… les membres de la coopératives sont d’intarissables sources d’inspirations ! Merci à eux pour leur accueil, et “longo maï” à leurs nombreux projets (le nom de la coopérative vient d’une formule provençale qui signifie “que cela dure”).

Jour 19

Après 21 kilomètres sur les triplettes, nous sommes arrivés dans le hameau du Mas-Thibère. Transpirant toute l’eau de notre corps, nous avons eu l’impression de faire un bon bout de chemin… et pourtant nous sommes toujours dans la commune d’Arles, la plus grande de France !

Nous avons fait halte pour déjeuner au coeur du Marais du Vigueirat, que nous a fait découvrir Jean-Laurent, le directeur de l’association qui gère ce site naturel protégé de 1 200 hectares.

Alternatiba Vigueirat

Le marais est un lieu magique dont les objectifs sont de protéger la nature, de faire découvrir sa biodiversité et de démocratiser l’adoption de comportements cohérents avec sa sauvegarde. Ici on trouve des produits locaux issus de l’agriculture biologique (certains sont cultivés sur place), l’eau de pluie est minutieusement récupérée, l’électricité produite sur place, les chaudières fonctionnent au bois, etc. Le marais emploie de surcroît 65 personnes du petit hameau métissé du Mas-Thibère, où le chômage est important. Des chantiers d’insertion y sont réalisés.

Après cette pause très appréciée, nous avions un long chemin à parcourir pour atteindre Martigues. Cette fois ci, fini les jolis petits chemins dans la verdure : alors que nous traversons une des zones les plus industrielles et les plus polluées de France, nous partageons la route avec de gros camions. Sur un cinquantaine de kilomètres, sous un soleil de plomb, nous avons pris des gaz d’échappement plein les poumons !

 

Les Rameurs Vénitiens ont transporté une triplette

Heureusement, à notre arrivée à Port de Bouc et tout le long de la vélorution qui nous a mené jusqu’à Martigues, nous avons été pris par l’enthousiasme ambiant. Les Rameurs Vénitiens ont transporté une triplette sur leur embarcation et les locaux nous ont fait un accueil des plus chaleureux !

Après une arrivée en fanfare, nous avons tous profité de la belle soirée organisée par le groupe local d’Alternatiba : concerts, repas partagé et stands, installés dans le superbe parc du Prieuré. Puis Paul Ariès, politologue et rédacteur en chef du mensuel les Zindigné(e)s a partagé des éléments de refléxion sur l’écologie politique et la (dé)croissance avec un public de plus de 400 personnes.

Alternatiba Martigues

Nous avons assisté à Martigues à une véritable fête populaire, à laquelle ont participé plus d’un demi milliers de personnes !

Notre arrivée à Marseille demain promet de donner lieu à un rassemblement massif et particulièrement festif !