Pour gagner la bataille climatique, nous franchirons tous les sommets !

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Pour gagner la bataille climatique, nous franchirons tous les sommets !

Jour 30 – 04 juillet

Ce matin nous partons de bonne heure, nous avons 55 kilomètres à parcourir. Une série d’étapes de montagne vont se succéder au cours de la semaine, alors que la France, ainsi qu’une bonne partie de l’hémisphère Nord, sont immergées sous une vague de chaud : la canicule est là. Insolation, déshydratation, coups de soleil… Alors que nous nous apprêtons à pédaler sur des dénivelés importants, allant jusqu’à 500 mètres par demie journée, différents périls nous guettent.

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Nous aurons finalement plus de peur que de mal aujourd’hui, car après une matinée intense mais agréable, nous arrivons sur les rives du lac Saint André, dans un cadre idyllique ou il a fait bon vélorutionner, avant de piquer une tête.
Cette escale de midi aux Marches est l’occasion pour nous de faire connaissance avec les élus venus nous accueillir, puis d’en apprendre plus sur le projet de nouvelle ligne grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin, dont le tracée passe non loin de là. D’après les habitants, réunis dans un collectif d’opposition au projet, celui ci n’est pas adapté aux besoins actuels – il a été imaginé dans les années 80, sur la base de prévisions fort éloignées de la réalité que nous connaissons aujourd’hui. Le trafic de fret ferroviaire est en effet de plus en plus bas et les infrastructures existantes sont déjà en mesure d’assurer le transport de marchandises (seuls 17% de leur capacité seraient utilisées).

Dans cette période de crise, les citoyens demandent que l’endettement de l’Etat cesse de s’accroître au profit de projets jugés inutiles – celui ci a été évalué à plus de 26 milliards d’euros par la Cour des comptes – alors que les enjeux sociaux et écologiques sont négligés sans vergogne. Ils dénoncent les conflits d’intérêts et le gaspillage d’argent public servant à financer des études biaisées, ne prenant pas en compte la destruction des terres agricoles, des espaces naturels et des paysages, et leur biodiversité. 1500 hectares de terres seraient ainsi détruits.
Se soucier de l’intérêt général, plutôt que d’alimenter les cercles fermés d’entreprises bénéficiant des marchés publics, devrait être une priorité pour nos dirigeants. Fort heureusement, la mobilisation citoyenne autour de ces nombreux “grands projets inutiles et imposés”, notamment lié au développement de LGV, gagne du terrain. Elle est capitale pour la redéfinition d’un modèle de société plus viable.

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À l’arrivée du Tour à Chambéry, plusieurs associations avaient aménagé un espace accueillant à l’ombre des arbres du jardin de Verney, dans le centre ville. Dans cette cité alpine, les mailles du tissu associatif se resserrent années après années, grâce à l’Ecofestiv. Ce rassemblement, initié par l’association la Mandragore, expose les solutions apportées localement par des projets citoyens, sur un large éventail de thématiques. Très proche des villages Alternatiba, tant sur le fond que dans la forme, le festival a cette année réuni les deux bannières, et gagné en fréquentation de manière conséquente ! Après avoir écouté la prose éclairée de Mélomane, qui allait gagner la cité des Papes en vélo le lendemain, nous sommes allés nous coucher, cherchant un peu de fraîcheur dans la vieille bâtisse médiévale dans laquelle nous a hébergé Denis. En nous réveillant au chant de Léo Ferré, ce comédien militant plein de douceur nous aura lui aussi réservé un bel accueil.

Vidéo du Tour à Chambéry

 

Jour 31 – 05 juillet

Aujourd’hui, alors que nous prenons la direction d’Annecy, en passant par Aix-les-Bains, nous fêtons le premier mois du Tour ! Le 05 juin, les triplettes et leurs équipages s’élançaient dans cette folle aventure, au départ de Bayonne. Il nous était difficile de savoir à quoi nous attendre, mais nous étions tous déterminés à élargir les rangs des défenseurs de la cause climatique. En préparant le projet depuis plus d’un an, il nous tenait à cœur de fédérer des femmes et des hommes prêts à vivre les alternatives et à mener des actions non-violentes avant, pendant, et après la COP21, à démocratiser la connaissance et la compréhension de ces enjeux qui nous concernent tous.

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La température moyenne du globe terrestre a déjà gagné près d’un degré depuis le début de l’ère industrielle. Or les analyses scientifiques estiment que le seuil de dangerosité à partir duquel des phénomènes auto-entretenus déclencheront des réactions en chaîne de plus en plus graves sera atteint dans une dizaine d’années si nous ne changeons pas de cap. Notre génération a donc une responsabilité historique à honorer : si nous attendons quelques années de plus, nos efforts les plus draconiens ne pourront arrêter les effets délétères des gaz à effets de serre.

Après ce premier mois, nous sommes heureux d’observer que chaque jour des dizaines de personnes rejoignent notre lutte, tissant des liens forts et durables avec le mouvement. C’est l’occasion pour nous de vous remercier, vous qui nous avez accueillis, nourris, logés, blanchis, parlé, écouté, souri… et lu ! Il nous reste encore un long chemin à parcourir, mais au fil des étapes, nous sommes de plus en plus confiants : ensemble, nous serons à la hauteur des défis à relever, nous parviendrons à changer ce système moribond et à préserver les équilibres naturels nécessaires à la survie de l’espèce humaine. Jusqu’à notre arrivée aux portes de la capitale, le 26 septembre prochain, nous continuerons à renforcer et étendre la dynamique citoyenne… On lâche rieeeeeen 🙂

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Pour fêter ça, un couple d’artistes engagés, parcourant l’Europe à vélo depuis plusieurs années, nous a offert un beau spectacle à notre arrivée à Aix-les-Bains ! Kevin, de nationalité britannique et Silvia, allemande, sont partis du Portugal au mois de juin et à notre plus grand plaisir, nous rejoignent régulièrement sur le parcours. En nous narrant de manière imagée et clownesque les aventures d’Aron le cycliste errant, ils nous auront bien fait rire, avant de reprendre la route pour Annecy, sous une chaleur toujours aussi accablante.

Vidéo du Tour à Aix

Notre arrivée dans cette ville dotée d’un paysage exceptionnel – nous avons apprécié la baignade furtive dans son lac aux eaux limpides – s’est inscrit dans un programme riche, développé tout au long de la journée. Rencontres et discutions autour d’une disco-salade à midi, suivies d’un forum des associations à l’espace Bonlieu, d’une très sympathique vélorution entre cyclistes locaux et irréductibles du Tour (un peu fondus tout de même), d’une conférence qui aura rassemblée quelques 80 personnes – pas mal pour un dimanche soir ! – puis d’un pique nique, partagé à la tombée du jour. Annecy, d’habitude bien tranquille, compte désormais parmi ses habitants une joyeuse bande de jeunes dynamiques et créatifs, travaillant avec les générations précédentes de militants, notamment au sein des Amis de la Terre… voilà de quoi changer un peu du bal musette, sur les berges du lac !

 

Jour 32 – 06 juillet

Nous nous réveillons un peu fatigués aujourd’hui en mettant le cap sur la Suisse. La chaleur, le nombre important de kilomètres à parcourir, conjugué aux dénivelés élevés de ces chemins alpins, nous obligent à partir tôt. Nous avons à peine le temps de nous étirer, ça et là, et on commence à grincer. Vous ne pouvez imaginer comme il est alors appréciable, après une matinée d’efforts et de joutes (voir photo ci dessous) de trouver refuge chez Christiane, la fée de Saint Julien. Participant activement à la vie associative locale, notamment au sein d’Appollon74, qui nous a ouvert les portes de son jardin d’Eden, cette super mamie et ses collègues avaient préparé un buffet plein de couleurs et de saveurs. La région est très riche en plantes médicinales, Christiane nous a donc fait déguster les fruits de sa cueillette, dont de magnifiques bleuets et soucis !

appel-nlDouce Julie à l’assaut climatique contre Barth le Fourbe au Pont de la Caille

Nous sommes ensuite repartis pour Genève, en passant par un lieu hors du commun, ou nous attendaient les vélorutionnaires locaux. La friche du champ des filles, comme de plus en plus de zones péri-urbaines, fait l’objet de spéculations foncières : cette terre occupée et cultivée voit actuellement pousser des variétés locales de semences en tous genres, mais elle est entourée de buildings appartenant aux empires de la montre de luxe. Quand la conjoncture du marché rendra l’opération plus profitable, l’emplacement sera vendu au plus offrant et l’artificialisation de la zone fait peu de doute. Les Suisse n’auront qu’à manger des diamants !

Aux guidons de nos vélos, nous avons ensuite fait une belle visite de la capitale mondiale de la finance éthique, solidaire et transparente, guidés par les commentaires satiriques et éclairants d’Olivier. Nous sommes passés par des lieux magiques : des sièges de multinationales d’exploitation du pétrole, les plus belles firmes de l’agrochimie, même des entrepôts de recel de patrimoines culturels africains ou asiatiques… Mais n’ayez crainte, à Genève tout va bien dans le meilleur des mondes, il ne s’agit que de choses bien légales.
Et puisque le hasard fait décidément bien les choses, notre épopée suisse nous a ensuite menée jusque devant le siège des Nations unies ou se tenait une discussion relative à l’impunité des multinationales face aux dégâts causés par leurs activités sur le climat de notre planète… Le changement climatique ne tombe pas du ciel : les multinationales au tribunal !

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Nous avons ensuite partagé le dîner avec un représentant des peuples autochtones canadiens ayant participé aux discussions onusiennes puis avons gagné notre lieu d’hébergement. Nous avons passé la nuit à l’îlot 13, un ancien squat, occupé dès les années 70. Suite à un fort mouvement social qui visait à occuper les bâtiments vides, en pleine crise de spéculation immobilière, la mairie a d’abord toléré puis légalisé certains de ces lieux autogérés. Les bâtiment sont désormais loués à des tarifs proportionnels au revenu des familles.

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Demain matin nous restons à Genève car une bien belle alternative est actuellement entrain d’y fleurir, on ne vous en dit pas plus, à très vite !