[Tour Alternatiba] – Sauvons la Ferme des Bouillons !
Jour 68 – 11 août – Journée sans pédaler (Ferme des Bouillons)
Pour cette journée de repos, nous sommes accueillis à la Ferme des Bouillon, près de Rouen : une ferme rachetée par le groupe Auchan, qui souhaite y construire un centre commercial. Elle est occupée depuis décembre 2012 par un collectif citoyen opposé à ce projet.
La matinée s’écoule rapidement, entre lessives, entretien des vélos, réunions, communication etc. Le repas est l’occasion de savoir un peu plus ce qui se fait ici. Sur la ferme on trouve une friperie gratuite, un atelier de céramique, un grand potager, une salle de spectacle et conférence, des ruches, des poules, un marché hebdomadaire. Dix à quinze personnes vivent sur place.
Après le repas certains ont l’occasion de faire une petite visite de la ferme avec Philippe. Il commence par un petit historique. En décembre 2012, Auchan obtient un permis de démolir pour les trois maisons et les bâtiments agricoles présents sur les quatre hectares du site. Un groupe de citoyen refuse la disparition de cette ferme et décide de l’occuper. Une décision d’expulsion est prise contre eux mais elle n’est toujours pas appliquée.
Le collectif devient association et réunit toujours plus de monde. De grands rassemblements festifs, les Tambouilles, renforcent le mouvement. Aujourd’hui l’association compte plus de mille membres. Suite à une forte mobilisation, ils obtiennent de la mairie la modification du Plan local d’urbanisme. En janvier 2014, la ferme sort de la zone constructible pour redevenir zone naturelle où l’activité agricole est autorisée. La ferme est sauvée.
L’association commence à réfléchir à un nouveau projet pour faire revivre la ferme sur le long terme. Un long processus qui aboutit en juin 2015. La ferme accueillera un maraîcher bio, un espace test agricole, un point de vente collectif, un outil de transformation des fruits et légumes, et l’association continuera à proposer des activités pédagogique, enfin, il est envisagé d’accueillir des artistes en résidence.
Mais fin juillet, c’est la douche froide : Auchan vient de signer une promesse de vente de la ferme à une autre société. Seule solution : faire intervenir la SAFER (société ayant pour mission de préserver les terres agricoles). Elle a le pouvoir de préempter, c’est à dire d’acheter à la place de l’acheteur initial. Grâce au soutien de la Confédération Paysanne, Terre de liens (épargne solidaire) et une succession de mobilisation citoyenne, ils parviennent à rencontrer le préfet. Aujourd’hui c’est le préfet qui doit décider avant le 2 septembre si la SAFER préemptera ou non. Si oui, elle devra ensuite choisir un candidat à qui rétrocéder la ferme. L’association travaille dors et déjà au dossier de candidature. C’est donc un compte à rebours qui s’ouvre pour sauver la ferme des Bouillons, qui a, plus que jamais, besoin de soutiens.
Nota : Depuis notre passage, la SAFER a annoncé refuser de préempter. Malgré tout, aux Bouillons la mobilisation continue, avec notamment une lettre adressée à M. Laurent Fabius, président de la COP21.
Jour 69 – 12 août – Bourgtheroulde / Pont Audemer
Nous aurions aimé rester un peu plus à la ferme des Bouillons, joli lieu de résistance et d’alternatives. Mais c’est la règle sur le tour : il faut reprendre la route. Paradoxalement, elle démarre à la sortie de Rouen par longer les immenses silo gris et installations industrielles en bord de Seine. Le tout permettant de stocker et gérer les flux de céréales venues de tout le bassin parisien et destinés à l’exportation à travers le monde. Des infrastructures défigurant le paysage, résultat d’une agriculture concentrée, standardisée et spécialisée.
Heureusement, au bout de quelques kilomètres les jolis villages de bord de Seine reprennent leur droit. Jusqu’au bac sur lequel on embarque les vélos pour aller sur l’autre rive. Une belle traversée dont ne profitera pas l’équipe logistique puisque le camion – prêté par Emmaus Lescar Pau, merci à eux – est trop gros pour monter sur le bac.
A midi nous sommes accueillis par une équipe très motivée. Ils nous ont préparé un véritable festin… pour zéro euros. Chacun a participé : trois maraîchers bios ont fourni les légumes, deux boulangers de la ville ont préparé des gâteaux, Artisans du Monde a offert le thé et le café, une productrice a fait les tisanes et sirops, Emmaüs a prêté la vaisselle… Nous repartons heureux pour Pont Audemer où nous sommes attendus dans une maison de quartier. Le parcours est beaucoup en descente et nous prenons de l’avance. Nous avons même le temps d’une petite baignade dans une rivière à Conde-sur-Risle.
L’arrivée est organisée par un groupe local Alternatiba composé des forces vives de l’AMAP, du SEL et de la Maison de Quartier. A notre grande surprise ce sont plus de deux cent personnes qui nous y attendent, ils forment une véritable haie d’honneur vers l’entrée. Ils ont organisé une fête de la gratuité. C’est un véritable succès. Chacun apporte ce qu’il souhaite et repart avec ce qu’il veut. Un jeune ado est très fier et content d’avoir laissé des jouets qu’il n’utilise plus et de repartir avec quelques nouvelles BD. Le repas et la conférence gesticulée de Désiré Prunier ont aussi fait le plein.
Jour 70 – 13 août – Saint-Pierre-Azif
Ce jeudi matin est pluvieux. On s’en serait bien passé mais ça faisait quelques temps que nous étions au sec, il faut bien que ça tombe de temps en temps. Enfin, on est bien content de pouvoir se réfugier à midi sous le préau de l’ancienne école de Honfleur, accueillis par l’équipe de bénévole du Centre Socioculturel Jeunes-séniors-familles. Située hors du centre préservé et touristique de Honfleur, l’association très dynamique propose de multiples activités : marche nordique, initiation à l’informatique, sortie, soutien scolaire, repas des pays du monde, danse, semaines de bien être, yoga, accompagnement administratif… Et depuis 2013, elle a défriché un terrain pour en faire un jardin partagé. Il est accolé à l’ancienne école, qui servira d’ici un an, de locaux à l’association.
Plusieurs des bénévoles qui sont là ce midi nous disent l’importance du centre social. Il a été l’occasion pour eux de rencontrer du monde dans leur quartier, de casser l’isolement. Pour Joëlle, c’est ce qui l’a décidée à rester vivre ici. Nous pouvons même profiter d’un éclaircie pour faire une photo dans le jardin.
L’après midi, la pluie revient. Mais on oublie presque tout en arrivant dans l’éco-domaine du Bouquetot. Le site est superbe, fait de petite collines et parsemé de quelques maisons à colombage extrêmement bien restaurées, certaines au toit de chaumes. On a vraiment l’impression d’être dans un autre monde.
La conférence se transforme en discussion avec Laurent qui nous présente l’éco-domaine du Bouquetot. C’est un lieux qui regroupe plusieurs activité : cabanes dans les arbres, fournil, formation à l’éco-construction, ferme de spiruline… Chacune est autonome tout en recherchant les synergies entre chacun. Elles sont regroupées au sein d’une association « Ecopya » et lancent des appels à projet pour faire venir de nouvelles activités.
A l’apéro, on goutte la spiruline. Peu d’entre nous connaissaient. C’est une bactérie très riche en protéine que cultive Laurent, sa femme et deux associés. Il nous fait visiter la ferme, dont les quatre grands bassins où se multiplie la spiruline. Ils ont démarré en 2010, en véritable précurseurs. A l’époque 20 fermes existaient en France, aujourd’hui 150. La spiruline a de nombreuse propriétés médicinales et propose une alternative aux protéines animales. Ces installations nous intriguent un peu mais nous séduisent aussi.
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août 19, 2015at 5:21[…] Le Tour Alternatiba dénonce l’expulsion ce matin par la police des habitants de la Ferme des Bouillons. Le Tour, un projet labellisé COP21, avait fait étape aux Bouillons et exprimé son soutien au projet le 11 août dernier. […]