[Tour Alternatiba] – On lâche rien ! Tous à Paris le 26 septembre !

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[Tour Alternatiba] – On lâche rien ! Tous à Paris le 26 septembre !

Jour 95 – 07 septembre – Le Verdon-sur-Mer / Pauillac

La campagne du Pays de Saintonge est très belle, mais ça monte, ça descend, et ça remonte beaucoup ! Étape un peu physique ce matin avant d’atteindre l’estuaire de la Gironde…

Pour apporter un peu de repos à nos mollets, nous optons pour l’inter-modalité et embarquons avec les triplettes sur le ferry au départ de Royan qui nous permet de traverser les 8 km qui séparent les deux rives de ce lieu de rencontre entre les eaux de la Garonne et celles de l’Océan Atlantique. Nous arrivons donc au Verdon-sur-mer où nous attendent impatiemment des vélorutionnaires très enthousiastes. Le temps de préparer notre vélo sono, notre quadruplette, et hop ! C’est parti pour un parcours à travers cette petite ville à l’ambiance balnéaire pour clamer haut et fort l’appel à la transition écologique et au changement de société.

 

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Nous arrivons au village ostréicole du Verdon, et nous nous installons à proximité des jolies petites cabanes en bois, toutes très colorées, bordant un charmant petit canal. Là, nous retrouvons les camarades du groupe Alternatiba Gironde, les membres de l’association Une Pointe pour Tous (Le collectif des deux rives) et des représentants de l’association Curuma labellisée CPIE Médoc ; tous ensemble, ils ont organisé cette étape de la mi-journée pour accueillir le Tour Alternatiba. A travers une superbe exposition de photos sur la Pointe de Grave ils ont choisi de mettre en évidence les problèmes d’érosion aggravés par l’activité humaine, et la nécessité de protéger la côte et les zones humides. Ces citoyens, habitants des deux rives de l’estuaire, sont déterminés à défendre leur environnement dans sa richesse et sa spécificité estuarienne. C’est pourquoi, par exemple, ils luttent actuellement contre le projet d’extraction des granulats dit du Matelier.

Après une courte pause, nous rejoignons le port de plaisance du Verdon et poursuivons notre périple « inter-modal » pour embarquer sur un petit bateau afin de remonter l’estuaire de la Gironde jusqu’à Pauillac. Malgré le beau soleil, il y a beaucoup de vent et ça remue vraiment beaucoup sur le bateau où nous avons embarqué notre célèbre quadruplette, symbole de la transition écologique et de la solidarité. Une bonne douche pour tous : nous finissons trempés et salés !

 

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Le trajet dure près de 2 heures au cours desquelles nous passons au large du site électro-nucléaire de Blaye. C’est l’occasion pour nous de stopper le bateau face à cette centrale nucléaire du Blayais, et d’exprimer notre volonté d’une sortie du nucléaire. Nous souhaitons une politique énergétique favorisant une maîtrise des consommations et le développement des énergies renouvelables. Notre petite équipe, affrontant le tangage important de notre petite embarcation, déploie donc une banderole anti-nucléaire et immortalise ce moment par une photo symbolique. Les visages sont graves, car au-delà de notre engagement contre le nucléaire, nous gardons à l’esprit que cette centrale du Blayais ne cesse de susciter l’inquiétude, enchaînant les incidents.

Nous reprenons la navigation pour arriver au port de Pauillac où nous retrouvons l’équipe d’Alternatiba Gironde pour une soirée alternative et festive sur les rives de la Garonne. Nous rencontrons des personnes qui portent des alternatives faciles à intégrer dans son mode de vie, des petites choses simples qui permettent de réduire son empreinte écologique tout en augmentant sa qualité de vie : découverte de la marmite norvégienne, informations sur une finance plus éthique avec la NEF (pour donner du sens à votre argent !), incitation à l’habitat collectif et participatif avec L’SUD (coopérative d’habitants à Bordeaux), initiation à la reconnaissance des plantes et éducation à l’environnement avec les éco-acteurs en Médoc, expérimentations visant à la compréhension des phénomènes naturels et à la prévention de l’environnement avec le Science Tour des Petits débrouillards, découverte de techniques d’éco-construction avec l’APHEM (Association de Promotion de l’Habitat Écologique en Médoc). Également un stand où l’on a plaisir à prendre son temps : celui de l’association La Passiflore basée à Vertheuil en Médoc. C’est un passionné de plantes qui tient ce stand et qui s’amuse à essayer de nous faire reconnaître les plantes aromatiques de son jardin. Cet homme est un amoureux du jardin et c’est avec beaucoup de douceur et de tendresse qu’il parle de « ses » plantes et qu’il est fier d’expliquer leurs vertus, leur beauté ; passiflore, c’est la fleur de la passion qui devient la passion des fleurs ! Si vous aimez la nature, les fleurs, les jardins, la botanique, partez à la rencontre de ces passionnés pour échanger des plantes, des connaissances, des conseils et des astuces.

Une bien belle soirée qui s’achève chez Cathy et Gérard, nos hôtes pour l’étape de Pauillac, qui nous ouvrent les portes de leur petit paradis : une très belle maison de bois avec un merveilleux jardin, un lieu très apaisant et généreux, tout comme les habitants de ce lieu où notre nuit fut douce…

 

 

Jour 96 – 08 septembre – Blanquefort / Bordeaux

Aujourd’hui nous partons de Pauillac et nous rendons à Bordeaux, en passant par Blanquefort : nous traversons le Médoc ! Sans grosse surprise, nous ne verrons que des vignes le long de la D2. L’enthousiasme des amateurs des vins de Bordeaux de l’équipage en a pris un coup. Comme nous l’avaient expliqué la veille l’ensemble des intervenants de la conférence organisée par Alternatiba Gironde sur les interactions entre climat et agriculture, le modèle viticole actuel fait des ravages. Participant très fortement aux émissions de gaz à effet de serre, le modèle d’agriculture chimique est pourtant lui même fortement tributaire des variations climatiques : l’agriculture a donc un fort impact sur le climat, et réciproquement.

En anéantissant la vie des sols, le modèle dominant (monocultures et intrants chimiques) détruit ses capacités d’absorption de l’eau de pluie, multipliant le risque d’inondation. En bannissant les arbres des parcelles il surexpose les cultures au soleil et à la sécheresse, il les prive de nutriments organiques et de barrières naturelles contres le vent. En réduisant drastiquement la diversité des cultures et des espèces associées, il porte atteinte aux facultés d’adaptation des écosystèmes. La liste est longue…

Par ailleurs, comme l’explique clairement un article de Rue 89, l’épandage massif de produits toxiques sur les vignes non loin des centres urbains (habitations, écoles…) fait de nombreuses victimes. En première ligne, les travailleurs viticoles sont atteints de cancers, de maladie de Parkinson, de dérèglements hormonaux… Chaque année ces derniers viennent donc grossir les rangs d’Agrobio Gironde, association de producteurs ayant fait le choix de bannir engrais et pesticides de synthèse, pour leur propre santé, au nom de la qualité de leurs produits ou des enjeux écologiques.

 

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La pause déjeuner à Blanquefort a été l’occasion d’une session de détente collective et nous a permis de nous reposer avant d’attaquer la suite du programme… Et quel programme ! Cet après midi nous franchissons notre 5 000ième kilomètre ! De plus, nous gagnons ce soir l’agglomération bordelaise, fief d’Alternatiba Gironde qui y avait organisé un grand village des alternatives en octobre 2014.

 

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Une équipe pleine d’énergie, composés de personnalités hautes en couleurs venues de tous les horizons, a organisé une arrivée du Tour particulièrement festive ! Après une super vélorution à plus de 300 humains et une girafe (emblème d’Alternatiba Gironde) entre le Miroir d’eau et la place Dormoy, nous nous sommes tous dirigé vers la Rock School Barbey pour une soirée de folie !

 

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Les douze musiciens d’Opsa Dehëli ont mis le feu d’emblée avec des rythmes latino-balkaniques endiablés. Profitant de l’attention du public et de la bonne humeur générale, les organisatrices de la soirée sont montées sur scènes pour remercier l’ensemble des bénévoles ayant participé à la réussite de cet événement, suivies de notre très éloquente Séverine, cycliste du Tour, qui a quand à elle présenté le projet, défi climatique dans le viseur.

 

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H.K. et les Saltimbanks ont ensuite pris la relève. Avec leurs textes engagés et fédérateurs, le groupe a fait l’unanimité. Setlist tout à fait dans le thème, répétant des clins d’œil à Alternatiba et à tous les “alternatibiens” (i.e. citoyens mobilisés dans la mise en marche cette société juste et solidaire, écologique et responsable…) H.K. a même cédé à la tendance de l’été en endossant notre t-shirt vert affublé d’une quadruplette ! Nous avons alors affirmé cette fois encore et à l’unisson que NON, “on lâche rien” et que OUI, on sera tous le 26 septembre à Paris !

 

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Cette superbe soirée à Bordeaux marque le début de notre grande remontée vers la capitale et lance le compte à rebours. Après plus de trois mois passés à pédaler nous nous engageons dans la dernière grande ligne droite, plus que 600 kilomètres nous séparent de l’arrivée finale !

A tous ceux qui n’ont pas encore croisé notre route et partagé avec nous cette expérience unique, à tous ceux qui en ont fait partie et souhaitent nous retrouver pour ce qui promet d’être un grand, très grand moment de mobilisation populaire, rendez vous le 26 septembre à Paris !

Plus nous serons nombreux plus nous porterons haut le message de la justice sociale et climatique. N’hésitez pas à rejoindre l’aventure !

 

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Jour 97 – 09 septembre – Journée sans pédaler (Bordeaux)

Après l’excellente soirée-concerts à la Rock School de Barbey qui nous a permis de bien décompresser, nous avons profité de notre journée de repos pour reprendre des forces, entretenir les vélos et opérer un grand rangement du matériel. Nous avons également quelques changements dans l’équipe et nous accueillons deux filles de plus, Alice et Magali, ce qui donne une équipe majoritairement féminine pour les jours à venir !

Nous sommes tous hébergés dans la maison d’Isabelle, que nous remercions pour son accueil et son hospitalité. Tout au long de la journée, nous y croisons des membres d’Alternatiba Gironde. Il faut dire qu’ils connaissent bien les lieux car la maison d’Isabelle a servi de Q.G. à l’équipe logistique pendant l’organisation d’Alternatiba Bordeaux, le village des alternatives qui s’est tenu les 10, 11 et 12 octobre 2014 dans le quartier Sainte Croix et qui avait rassemblé près de 15000 personnes ! Nous percevons bien la grande convivialité qui règne dans ce collectif très investi et très efficace ; aujourd’hui, beaucoup d’entre eux sont très affairés pour nous chouchouter… Merci et bravo à tous les bénévoles pour la super organisation de cette étape bordelaise !

 

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Nous ressentons aussi la mobilisation citoyenne grandissante car bon nombre de personnes croisées, entre hier et aujourd’hui, nous saluent en criant “Rendez-vous à Paris !”. Nous prenons de plus en plus conscience du temps fort que va représenter l’arrivée du Tour Alternatiba à Paris le 26 septembre, et cela nous galvanise ! Tout au long de notre parcours, dans chaque territoire traversé, nous avons perçu que la population est de plus en plus sensibilisée à la question du climat et aux enjeux posés par la menace d’une planète livrée au chaos climatique. En portant les idées des alternatives au changement climatique, nous suscitons l’intérêt des citoyens et cela renforce notre conviction quant à la possibilité de faire entrer l’ensemble de la société dans la transition écologique. La transition est en route !

C’est ce que propose de faire localement le groupe Bordeaux en Transition : mettre en place des projets donnant plus de place à l’humain et à la nature. Boris, qui est à l’origine de ce mouvement sur Bordeaux, nous explique qu’il y a aujourd’hui plus de 1100 initiatives dans 44 pays dans le réseau international de la transition. Il est très investi dans ce projet, mais pas seulement ! C’est aussi un membre d’Alternatiba Gironde, et qui a pédalé pendant 3 semaines dans l’équipe du Tour Alternatiba, de Rennes jusqu’à Bordeaux ! Il quitte donc la “team-tour” aujourd’hui.

Concrètement les collectifs de citoyens en transition ont créé des jardins partagés, des monnaies locales, de l’entraide intergénérationnelle, des festivals de musique, des ressourceries, des systèmes d’échanges locaux, etc. Il n’ y a pas de réponse toute faite au changement climatique, les citoyens de la ville s’emparent des projets qui les intéressent. Le mouvement de la Transition consiste à inciter les citoyens d’un territoire (village, commune, ville ou quartier d’une ville) à prendre conscience du changement climatique et de ses profondes conséquences. Le mouvement prône l’urgence de s’y préparer en mettant en place des solutions locales pour réduire ses émissions de CO2 et sa consommation d’énergie d’origine fossile, tout en intensifiant les liens entre habitants et acteurs économiques locaux. Pour aller plus loin : le livre de Rob Hopkins appelé “Manuel de transition – De la dépendance au pétrole à la résilience”.

A Bordeaux, les réunions plénières sont mensuelles, mais le travail de ce collectif de citoyens est décliné en plusieurs groupes thématiques  (pas moins de 14 !) qui ont leur propre rythme de réunions : agriculture urbaine, city compost, l’assiette en transition, déplacements doux, échanges de services et troc de matériel, énergie, habitat alternatif, intergénérationnel, mise en relation et valorisation des initiatives, monnaie locale, plate-forme et ateliers d’échange de savoir-faire, pratique et recherche sur le bonheur, renforcer le lien social, zéro déchet. Si vous êtes dans la région bordelaise, n’hésitez pas à les rejoindre pour apporter votre part de colibri pour changer le système et pas le climat !

 

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Nous avons la chance, pendant cette journée de relâche, de rencontrer les membres de l’un de ces groupes : les militants de l’Assiette en Transition, qui ont pris en charge la préparation des repas pour nous. Ismaël nous raconte la formidable synergie de ce groupe qui se réunit chaque premier mardi du mois. Il s’agit d’une quinzaine de personnes qui souhaitent discuter de l’alimentation et des changements à opérer afin de réduire leur impact écologique et de préserver leur santé. Les rendez-vous sont thématiques (dégustation de soupes à l’aveugle, salades de pâtes, plats crus, plats bicolores, etc.) mais toujours dans la perspective de consommer des produits bio et locaux, de manger différemment, sans viande, et de saison. L’objectif est de provoquer la réflexion, mais Ismaël constate que tous reprennent le plaisir de manger et apprennent énormément en découvrant la richesse gustative et créative des cuisines végétariennes et végétaliennes. L’idée de départ est bien de parler d’alimentation et de cuisiner ensemble, mais le fait est que la convivialité s’est installée et beaucoup d’amitiés se sont créées depuis. Le groupe est également sollicité par beaucoup d’associations pour transmettre leurs connaissances, mais aussi pour montrer l’intérêt économique des alternatives alimentaires. Les mets que nous avons dégustés étaient succulents et les plats variés et copieux, avec un coût moyen de 2 à 3 € par personne, avec des produits bio et essentiellement locaux. Merci à tous les bénévoles qui ont cuisiné pour nous et bravo pour le travail engagé dans le domaine de l’alimentation : un moyen de réduire son empreinte écologique tout en se faisant du bien, preuve que nous avons tout à gagner à entrer en transition !