Category Archives: Tour Alternatiba 2015

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Orage mécanique et canicule

Jour 24
(28 juin)

Au départ d’Avignon ce matin, quatre cyclistes nous font la surprise de prendre la route avec nous, ils ont une vingtaine d’années. Certains ont fait des études, d’autres non, ils viennent de régions différentes et ne se sont pas concertés. Leur détermination nous encourage ! En choisissant de suivre le Tour Alternatiba pendant leurs vacances, chacun d’entre eux espère attirer l’attention de leur famille et amis et montrer que les enjeux climatiques sont loin de laisser la jeunesse indifférente ou désarmée. Charlotte, qui organise l’arrivée du Tour et le Village des alternatives de Grenoble, a également rejoint l’équipe. Elle monte sur une triplette pour la première fois mais apprendra bien vite le langage que nous avons mis en place pour nous coordonner !

Pour rejoindre Orange, faute de guide, nous choisissons de faire confiance au GPS. Ce dernier nous entraîne cependant sur des chemins bien cabossés… petite et grande triplettes font la grimace. Malgré nos précautions, la chaîne de la petite triplette fini par céder à une quinzaine de kilomètres de l’étape du midi. Pour ne pas retarder notre arrivée et ménager le vélo, le camion logistique vole à notre rescousse et embarque la triplette. Les cyclistes quant à eux font du stop. La rencontre avec les automobilistes qui s’arrêtent est un moment de partage intéressant, c’est l’occasion de découvrir des chemins de vie différents des nôtres, de mettre en perspective nos perceptions de la réalité… et de leur suggérer quelques alternatives à adopter, on ne se refait pas 😉

En arrivant à Orange, nous sommes accueilli en petit comité par les fondateurs du Café-jardin, une élue écologiste et quelques amis investis dans la vie associative locale, dont une prof d’Esperanto ! Les mouvements alternatifs et militants semblent discrets à Orange. Cela dit, bénéficier de la bienveillance des locaux est un vrai plaisir, tout comme découvrir les initiatives qu’ils portent, parfois à bout de bras, et d’observer que leur envie d’agir près de chez eux reste forte. Ils nous ont préparé un bon casse-croûte savouré à l’ombre des arbres de la place de la République et n’ont pas hésité à soutenir le Tour en échange de nos super livrets « Alternativez-vous », T-shirts, badges et autocollants. Notre pause déjeuner nous a par ailleurs permis de réparer la chaîne de la petite triplette et, les mains noircies d’huile, nous avons repris la route avec les deux tandems jusqu’à Pierrelatte.

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Alors que nous étions en pleine vélorution autour de la place du Champs de Mars, en passant par le lac de Pierrelatte, aux côtés de Gérard, notre hôte coordinateur des Amap de la région, nous avons pris plaisir à interloquer le public. Au passage des tandems chantant « on avance, la transition arrive, on est nombreux à taffer dur pour les alternatives, de Pierrelatte à Paris on s’mobilise ! » les têtes des vacanciers faisant bronzette se dressaient, celles des plongeurs sortaient de l’eau, les automobilistes eux, ralentissaient. Puis nous nous sommes retrouvés au Hang’Art, un lieu d’accueil apaisant pour les gampeurs… oui, vous avez bien lu, les gampeurs, ceux qui font du gamping !

 

Jour 25
(29 juin)

Il faut croire que nous avions le cœur à la balade en nous réveillant ce matin là. Il nous aura en effet fallu un bon moment avant de comprendre que les jolis panoramas que nous observions le long de la Via Rhona n’étaient en réalité pas de si bon augure… nous avions pris la piste dans la mauvaise direction ! Il paraît qu’il y a des jour avec, et des jours sans. Une fois le chemin de Montélimar retrouvé, voilà que le dérailleur et la chaîne de la grande triplette font obstacle à la progression d’une partie de l’équipage. Quelques kilomètres plus loin, alors que la petite triplette s’engage dans l’ascension d’une colline, d’inquiétants petits bruits se font entendre. Le doute plane : faisons nous une bonne utilisation de ces vélos atypiques, sommes nous suffisamment précis lors des sessions d’entretien ? Depuis quelques jours, certains membres de l’équipe présents depuis le départ du Tour, le 5 juin, ont pris un temps de repos et passé le relais. Mais avons nous donné assez d’importance à la transmission du savoir faire ?

À la pause déjeuner, le moral n’était pas aussi brillant que le soleil. Heureusement, au sein de notre petit groupe en mouvement, solidarité et détermination demeurent, infatigables et permanentes ! En souvenir de notre belle soirée d’accueil à Marseille nous nous sommes alors mis à chanter pour regagner du courage “On lâche rien” ! Nous avons alors pu porter secours à la petite triplette qui a gentiment accepté de repartir alors que sa grande sœur restait en convalescence pour l’après midi. Accompagnés de François, notre hôte du soir, élu local et passionné de vélo, nous avons pris la route de Crest. Sa présence est rassurante, pas de doute sur la direction à prendre !

Cet après midi nous avons continué à parcourir la Via Rhona, effleuré la centrale nucléaire de Cruas, cohabité avec les poids lourds sur la N7 et finalement retrouvé un petit groupe de copains à l’écosite de Crest pour une vélorution festive mobilisant une quarantaine de personnes.
Le soir venu, un nouveau moment d’échanges chaleureux et enrichissants a eu lieu. Habitants curieux et représentants d’une dizaine d’associations locales (Conversation carbone, Zimboom26, Autour du cycle, la Dryade et le Réseau pour les Alternatives Forestières, les collectifs Stop Tafta et Stop au Gaz de Schiste, les Hormones de décroissance, etc.) se sont rencontrés et ont fait connaissance avec nous, autour de discussions relatives à la transition et aux alternatives, complétées par la conférence du Tour, animée ce soir là par Barth et Sabrina. Dans la salle entre autres, les porteurs du projet “décroissants de thunes” qui proposent la normalisation du verbe “gratuiter”, mais surtout un festival de la gratuité dans le Diois en juillet, mais aussi des habitants de la commune de Saillans (décrite ici par Basta!! ), acteurs d’une forme de démocratie participative pour l’heure hors norme où les décisions municipales se partagent à des dizaines et par commissions participatives de citoyens !

 

Jour 26
(30 juin)

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Échaudés par les péripéties de la veille et profitant d’un cadre accueillant à Crest, chez Gabriel, nous avons consacré notre matinée à effectuer des réparations. En nous aidant à manier le chalumeau, celui-ci nous a permis d’entreprendre des travaux plus conséquents, et ainsi de continuer notre Tour des alternatives sereinement !

L’après midi nous avons mis le cap sur Valence, en écoutant notre guide nous parler du projet de la Biovallée dans le pays Crestois, et d’autres parties de la Drôme. Alors que nous nous entretenions avec la presse locale et faisions part aux vélorutionnaires valentinois des consignes de sécurité à appliquer lors de nos déambulations, nous avons découvert un véhicule pour le moins hors du commun : le vélomnibus !

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Ce moyen de transport peut porter jusqu’à 20 passagers, mis à contribution en pédalant ensemble pour faire avancer la machine. A côté de ce très bel exemple d’alternative hautement performant sur le plan humain et écologique, la quadruplette se sentait piquer la vedette !

Puis la soirée s’est déroulée à la MJC (Maison des jeunes et de la culture) de Porte-lès-Valence, ce qui nous a permis de rencontrer un public nouveau. Organisée notamment par la Coordination de la nouvelle éducation populaire, CEN, cette rencontre a été l’occasion d’évoquer la nécessité de se réapproprier et de relocaliser la transmission de savoirs pour que personne ne soit laissé à la marge, ou encore d’explorer des sujets comme la démocratie directe et les méthodes d’émancipation collective, face au poids d’un système qui trop souvent nous paralyse.

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Marseille la rebelle et les 1336 jours de Fralib

Jour 20

(24 juin)

Après avoir passé une nuit, au quartier Croix Sainte de Martigues, nous nous sommes tous retrouvés au jardin partagé au pied des immeubles, un espace intergénérationnel où école primaire et maison de retraite cohabitaient dans la plus belle harmonie. Nous avons tout de suite fait le lien avec la conférence de Paul Ariès, la veille, qui expliquait la prévalence de la transmission de nos savoirs face à l’accumulation.

Une fois le petit déjeuner comique passé, avec Nina des tatas flingueuses, nous avons pris la direction de la plage de l’Estaque.

La route sillonnait la merveilleuse côte Marseillaise. Même si l’on pouvait voir la mer, l’envie n’était pas à la baignade. Nous étions tous déterminés à entrer dans la cité phocéenne, bien que la situation ait été teintée d’incertitude du fait de l’interdiction du passage du Tour par le maire de la ville, Jean Claude Gaudin.

L’escale à Ensuès était agréable et positive. Il nous a semblé intéressant d’observer le contraste entre des villes presque mitoyennes car si la situation était tendue à Marseille, les élus d’Ensuès soutiennent la transition écologique et sociale et se sont montrés favorable à la signature du Pacte pour la transition !

Une fois à l’Estaque, après un accueil chaleureux et impressionnant par le nombre et le foisonnement des activités – des démonstrations de joutes sur bateaux, de la peinture, des moments conviviaux de musique et de petites réunions de coordination – c’est remplis d’énergie et poussés par un élan de légitimité populaire que l’on a démarré cette vélorution pour le moins atypique.

Photo ©Philippe Houssin

Photo ©Philippe Houssin

La déambulation marseillaise a duré près de 2h à travers un éventail diversifié d’arrondissements. Nous avons reçu un accueil particulièrement positif dans les quartiers populaires, les passants ne sont pas restés indifférents à la vue de notre cortège joyeux et coloré 🙂 L’arrivée triomphale à la place Bargemont, à coté de la Mairie, puis la mise en scène artistique devant les quais de la mairie, étaient fantastiques.

Illustrant l’emblématique thème décliné par les vélorutionnaires marseillais « Si on n’y va pas en vélo en 2015, on ira en radeau en 2050», un bon nombre d’entre eux étaient parés de leurs plus beaux maillots, masques et tubas. Il s’agissait d’attirer l’attention, avec humour et force, sur l’urgence de réagir face à la montée du niveau des mers. Un discours engagé à destination du Maire a suivi la première manifestation organisée dans l’eau du Vieux Port par 20 militants. Puis c’est au cours Julien que nous avons continué la soirée, avec des concerts sauvages de qualités, dont celui de HK et les saltimbanques … marseillais. La place grouillait de monde et l’ambiance était festive : un vrai esprit alternatif réunissant quelque 1 800 personnes… sans agents à l’horizon. Quelle belle soirée, son souvenir restera gravé dans nos mémoires !

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Jour 21

(25 juin)

Le départ de Marseille s’est effectué non sans efforts : circulation, dénivelés, automobilistes pressés… puis hop, une triplette à plat !

Nous avons tout de même pu jeter au passage quelques coups d’oeils plaisants sur les rues reverdies de Marseille. Des citoyens motivés ont multiplié les petits gestes pour redonner place à un peu de nature au milieu des rues bétonnées… et la dynamique s’est amplifié ! Il y a désormais des rues où des bac de palettes et autres matériaux recyclés hébergent de belles pousses, et d’incroyables comestibles !

Les coups de pédales s’enchaînent, les triplettes slaloment et ascensionnent pour venir saluer les copains de l’usine Fralib… Et nous redécouvrons in situ l’histoire de ces salariés d’Unilever, qui fabriquait ici le thé Elephant. Confrontés à une vague de licenciements massifs, ils nous ont expliqué comment leur détermination continue, au cours 1336 jours de grève, leur a finalement permis de se constituer en SCOP (société coopérative et participative) et de racheter leur outil de travail. Ils ont alors créé les Thés 1336 et ScopTI, proposant des produits biologiques et privilégiant les circuits courts.

C’est en gagnant Fralib que nous avons franchi notre 1000ème kilomètre, et comme promis, c’est à la SCOP que nous dédicaceront le 1336ème, en lui souhaitant le plus beau succès !

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En gagnant la douce agitation d’Aubagne, nous avons connu une étape de midi très pêchue ! Sur une place pleine de monde avaient été installés un espace enfants, un four solaire géant, une piste de danse salsa, des stands, des tablées conviviales… Donnant lieu à de véritables émulations, de la joie et un engouement local fort !

La FourMili’AIRES, webradio locale et indépendante a diffusé sa programmation et son “slogan maison” spécial Alternatiba. Animée par Thierry, qui défend micro brandit la liberté de s’informer, de s’intéresser et de s’amuser, la radio émet dans des structures telles que les Maisons de la Jeunesse et la Culture (MJC) ou dans les Maisons de la Vie Citoyenne (MVC) qui, du fait des restriction de financement public, peinent de plus en plus à exister.

Non loin bourdonne Télé Mouche, la web tv indépendante du Pays d’Aubagne, qui a partagé avec nous sa bonne humeur et sa curiosité !

Puis nous avons eu droit à un repas préparé avec soin et créativité par DiscoSoupe et Pierre André. L’équipe de DiscoSoupe nous a appris que “l’oignon fait la force”. Cette initiative pour “La convivialité contre le gâchis, la gratuité du recyclage et le plaisir de la musique” nous a nourri, dans tous les sens du terme 🙂

Puis nous avons savouré un plat cuit dans le four solaire géant de Pierre André. Cet ingénieur-cuisinier s’est lancé le pari de monter un restaurant au coeur de la forêt, qu’il rendrait peu à peu comestible, en cuisinant avec le soleil !

Le temps passe trop vite pour nous attarder sur tout ce qu’il y a à voir et il est dur de repartir à l’heure… mais pied sur la pédale nous saluons finalement cette belle et dynamique équipe et repartons grimper sur les collines.

Deux kilomètres après le départ, une des triplettes se détache du cortège et s’arrête, ça arrive parfois… déraillage ? Non, elle ne redémarrera plus de la journée, la chaîne est cassée. Nous appelons à la rescousse le camion logistique, ses outils, ses pièces de rechanges, pendant que la seconde triplette continue d’avancer vers Aix-en-Provence.

“Il va y avoir du raidillon là !” nos guides, tout deux prénommés Olivier, on le sens de l’euphémisme : la côte s’étire et s’accentue, et ça dure.

Trempés de sueur, le souffle court, nous savourons unanimement la vue offerte sur la Provence… et la descente qui s’ensuit. Grimper n’a jamais été aussi dur, mais quelle récompense une fois en haut !

Arrêt technique imprévu, l’occasion d’échanger un salut avec un amateur de cycles qui nous invite à recharger nos gourdes : elles étaient vides, cela tombe très bien !

L’après midi se poursuit à coups de raidillons et faux plat, mais l’accueil au point vélorution nous rendra nos forces. Biscuits et gâteaux appétissants concoctés par la pâtissière de la Biocoop nous régalent et rétablissent notre taux de glycémie, pour qu’une belle vélorution s’élance jusqu’à Aix !

Après une belle visite de la ville, les tandems s’arrêtent au milieu des nombreux stands d’alternatives présents. Un ouvrier de la CGT prend la parole et appelle à la création d’une coopérative pour reprendre l’activité de Nexis (vitrage isolant et photovoltaïque) une filiale d’EDF en cours de fermeture, faute d’investissements… la politique du tout nucléaire fait bien des ravages et n’épargne malheureusement pas les emplois. De son côté, une programmatrice de radio ZINZINE, une radio locale, indépendante, militante et pleine de bonnes ondes, née au sein de la coopérative Longo Maï, nous cueille à l’arrivée. Et voilà Alternatiba au micro, en direct ! Une autre surprise nous attend : la douce Odile offre un massage aux cyclistes 🙂

Nous finirons la soirée autour d’un grand repas au 3C, le Café culturel citoyen, véritable relais qui offre un lieu d’expression aux riverains. Il abrite discussions, soirées thématiques, échanges vitaux et informatifs, etc. Nous y passerons un excellent moment et goûterons à un délicieux aïoli végétarien en hommage aux marseillais ! Ce soir la nous regagnons nos pénates un peu à reculons, animés par une fatigue heureuse.

Jour 22

(26 juin)

Nous sommes partis ce matin là en attaquant tout de suite par une belle et longue montée qui nous offre une vue magnifique sur le massif du Lubéron. Nous avons ensuite traversé la Durance, annonçant l’entrée dans le département du Vaucluse et notre arrivée à Cadenet, point de départ de notre défilé festif et revendicatif.

Nous étions à ce moment la très impatients à l’idée de partager un bout de route avec une classe de l’école de Lauris. Plus de 30 enfants ont accompagné le Tour pendant 5 kilomètres et c’est avec émotion que nous avons rencontré la génération qui, demain, vivra dans le monde que nous sommes en train de construire. Déjà très au point sur le changement climatique, ils nous ont impressionné !

Tour Alternatiba Lauris

Le maire de Lauris, participa lui aussi à notre défilé en chevauchant la quadruplette du Tour.

Après un super repas partagé avec les habitant-es de Lauris, nous repartons en direction de Cavaillon, en nous arrêtant à la “Terre promise”, un lieu occupé par les locaux pour éviter qu’Auchan ne rachète et bétonne ces terres fertiles. Les gens qui y vivent produisent d’excellents fruits et légumes. Un cercle d’amis important soutenant la démarche, “Terre promise” a pu se maintenir tant et si bien que le supermarché est sur le point de reculer !

Nous voilà maintenant à Cavaillon. Les rafraîchissements préparés par l’équipe sont très appréciés, tout comme l’arrivée sur le Tour de Benoit, le porte parole de la FNE (France nature environnement). Le soir, nous sommes accueillis dans le “Village”. Ces personnes en réinsertion se sont fabriqués elles-mêmes leurs maisons en briques, composées de terre. Ils y pratiquent trois activités : éco-construction, restauration et l’hôtellerie.

De Cavaillon à Avignon, les 26 kilomètres de cette courte étape sont vite avalés : Nina et Greg, nos hôtes du soir nous retrouvent sur le parcours pour nous guider jusqu’au cœur de la cité des Papes.

L’après-midi, Alternatiba Avignon avait concocté un sympathique programme. Pendant ce temps, Greg nous ouvrira les portes de l’atelier vélo Roulons à vélo, membre des ateliers vélo, l’Heureux cyclage. Les deux triplettes souffrent et nous ne savons pas si elles pourront rouler le lendemain. Mais grâce aux conseils de l’équipe de l’atelier vélo, nous réussissons à remettre sur roues les deux vélos. Ouf, nous pourrons repartir sur les routes et poursuivre notre joyeux  et enrichissant périple !

La canicule est là, et ça va durer. En plein soleil, les vélos s’élancent vers Orange puis Pierrelatte. Nina qui nous a hébergé la veille, décide de nous suivre. En remontant la vallée du Rhone, nous avons le mistral en pleine face. Avant d’arriver à Pierrelatte, nous passons au pied de la centrale nucléaire du Tricastin. Ce sera la première du longue série de centrales très nombreuses dans la vallée du Rhône.aubagne tour alternatiba


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Tour Alternatiba, déjà plus de 1000 km !

Communiqué de presse

Tour Alternatiba, déjà plus de 1000 km !

Jeudi 25 juin 2015

Parti le 5 juin de Bayonne, le Tour Alternatiba a parcouru son 1000ème kilomètre ce jeudi 25 juin un peu avant Aubagne où l’attendaient à midi plus d’une centaine de personnes. Restent donc 4637 km avant d’atteindre Paris le samedi 26 septembre.

Au cours de cette étape symbolique, l’équipe du Tour s’est arrétée dans la zone industrielle de Géménos pour rencontrer les ex-Fralib, ouvrières et ouvriers ayant repris en coopérative leur usine qui fabriquait les paquets de thé « L’éléphant ». Aujourd’hui baptisée Scop.ti ( http://www.scop-ti.com/ ), la reprise en coopérative de cette usine que la multinationale Unilever voulait fermer comprend notamment la relocalisation d’une partie de la production.

Apprenant que le Tour Alternatiba franchissait aujourd’hui 1000 km, les ouvriers de Scop-ti ont demandé aux cyclistes de penser à eux quand ils en seraient au 1336ème km. La lutte des Fralib a en effet duré 1336 jours avant de déboucher sur ce bel exemple de transition sociale et écologique.

Les 35 étapes (sur 187 au total) que le Tour Alternatiba a parcouru depuis son départ ont déjà permis de rassembler des milliers et des milliers de citoyens autour d’un travail de sensibilisation sur l’urgence climatique et de promotion des nombreuses alternatives concrètes permettant d’y faire face. Tout s’est parfaitement déroulé jusqu’à présent, et la participation dépasse les espérances initiales des organisateurs.

Le seul problème, qui finalement s’est transformé en réussite complète, rencontré par le Tour Alternatiba a été le refus d’autorisation de la mairie de Marseille opposé aux activités prévues pour son passage dans cette ville. Toutes ont été maintenues par le Tour Alternatiba (vélorution, prises de paroles, radeau sur la mer, et concerts) et ont réuni prés de 2000 personnes, jeunes en majorité.

Ce fut l’occasion pour le Tour Alternatiba de réaffirmer la nécessité d’une mobilisation citoyenne nombreuse et déterminée pour exiger des décideurs politiques les changements massifs et rapides indispensables pour éviter de franchir les seuils irréversibles et incontrôlables du basculement climatique. Car avec le Tour Alternatiba, il s’agit autant d’inviter les populations à mettre en route sans attendre la transition sociale et écologique que de faire pression sur les responsables politiques et économiques pour agir localement et globalement à la stabilisation du climat.

Tour Alternatiba, la transition est là !
Changeons le système pas le climat !

Le Tour Alternatiba

Photos libres de droits


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Journal du Tour : Mistral, Musique et Transition

Jour 17

Ce matin là, sur la route de Nîmes à Saint Gilles, où nous avons fait halte pour déjeuner, nous avons du habilement répartir notre attention et nos forces. Alors que, pédalant sur des chemins de graviers plein de trous, nous devions défaire preuve de vigilance pour épargner les triplettes, notre écoute était également sollicitée par l’un de nos accompagnateurs.

Jean Luc connaît bien sa région… et les réalités qui se cachent derrière d’innocents arbres fruitiers. Il nous a expliqué comment les entreprises agricoles européennes, à l’aide de petites pirouettes juridiques, parviennent à produire une marchandise à bas coûts. Faisant face à un chômage massif dans leur pays, de nombreuses populations d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie se voient contraintes de chercher un emploi en Europe, fournissant une main d’œuvre bon marché aux exploitants agricoles. Nous sommes passés tout près des hagards que ces personnes viennent habiter pour la saison, et malgré la chaleur, ça nous a fait froid dans le dos !

En arrivant à Saint Gilles, nous nous sommes trouvés au beau milieu de l’effervescence d’un jour de marché. Passant, vélos à la main, dans l’allée centrale du village, nous avons échangé avec un public diversifié, et très réceptif ! Une chouette expérience !

Alternatiba Saint-Gilles

TourAlternatiba au marché de Saint Gilles : la transition est là ! Le marché, pas les supermarchés ! COP21

 

Puis nous avons rejoint Fourques, un village limitrophe d’Arles, où nous attendait une petite foule : les producteurs d’une AMAP (qui avaient amené de succulents melons et abricots, miam!), des jeunes du village, des Scoots… et monsieur le maire ! Ce dernier a délivré un discours plein d’esprit et de sincérité, en insistant sur l’importance cruciale de préserver les équilibres naturels pour la viabilité de notre espèce. Pour marquer le coup, il nous a offert un ouvrage évoquant les causes et les conséquences des violentes crues du Rhône, au cours des dernières années.

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Nous avons ensuite gagné Arles et son “Espace climat” aménagé pour l’occasion sur le boulevard des Lices. En ce jour de fête de la musique, une super fanfare et quelques 150 arlésiennes et arlésiens sont venus nous accueillir. Après avoir cordialement invité tous les citoyens à adopter dès à présent des alternatives concrètes, dans leur vie de tous les jours (comme le décrit l’ouvrage Alternativez vous, que nous leur avons présenté) nous avons remis aux élus et au maire le Pacte pour la transition, espérons qu’ils en fassent bon usage !

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Jour 18

Pour ce troisième jour de repos depuis notre départ, nous avons été accueilli au sein de l’une des dix coopératives de Longo Maï, non loin d’Arles. Dans cette communauté agricole et artisanale autogérée et internationale, nous avons découvert avec une curiosité vive pourquoi et comment ses habitants ont choisi de transformer leur quotidien en profondeur.

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Mise en commun des biens, refus de la monétarisation des relations entre individus, gestion durable des ressources, respect et écoute de soi et des autres, ouverture à l’égard des personnes souhaitant partager une expérience de vie commune… les membres de la coopératives sont d’intarissables sources d’inspirations ! Merci à eux pour leur accueil, et “longo maï” à leurs nombreux projets (le nom de la coopérative vient d’une formule provençale qui signifie “que cela dure”).

Jour 19

Après 21 kilomètres sur les triplettes, nous sommes arrivés dans le hameau du Mas-Thibère. Transpirant toute l’eau de notre corps, nous avons eu l’impression de faire un bon bout de chemin… et pourtant nous sommes toujours dans la commune d’Arles, la plus grande de France !

Nous avons fait halte pour déjeuner au coeur du Marais du Vigueirat, que nous a fait découvrir Jean-Laurent, le directeur de l’association qui gère ce site naturel protégé de 1 200 hectares.

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Le marais est un lieu magique dont les objectifs sont de protéger la nature, de faire découvrir sa biodiversité et de démocratiser l’adoption de comportements cohérents avec sa sauvegarde. Ici on trouve des produits locaux issus de l’agriculture biologique (certains sont cultivés sur place), l’eau de pluie est minutieusement récupérée, l’électricité produite sur place, les chaudières fonctionnent au bois, etc. Le marais emploie de surcroît 65 personnes du petit hameau métissé du Mas-Thibère, où le chômage est important. Des chantiers d’insertion y sont réalisés.

Après cette pause très appréciée, nous avions un long chemin à parcourir pour atteindre Martigues. Cette fois ci, fini les jolis petits chemins dans la verdure : alors que nous traversons une des zones les plus industrielles et les plus polluées de France, nous partageons la route avec de gros camions. Sur un cinquantaine de kilomètres, sous un soleil de plomb, nous avons pris des gaz d’échappement plein les poumons !

 

Les Rameurs Vénitiens ont transporté une triplette

Heureusement, à notre arrivée à Port de Bouc et tout le long de la vélorution qui nous a mené jusqu’à Martigues, nous avons été pris par l’enthousiasme ambiant. Les Rameurs Vénitiens ont transporté une triplette sur leur embarcation et les locaux nous ont fait un accueil des plus chaleureux !

Après une arrivée en fanfare, nous avons tous profité de la belle soirée organisée par le groupe local d’Alternatiba : concerts, repas partagé et stands, installés dans le superbe parc du Prieuré. Puis Paul Ariès, politologue et rédacteur en chef du mensuel les Zindigné(e)s a partagé des éléments de refléxion sur l’écologie politique et la (dé)croissance avec un public de plus de 400 personnes.

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Nous avons assisté à Martigues à une véritable fête populaire, à laquelle ont participé plus d’un demi milliers de personnes !

Notre arrivée à Marseille demain promet de donner lieu à un rassemblement massif et particulièrement festif !

 


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Journal du Tour : Béziers, Sète, Montpellier, Nîmes

Jour 14

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Lorsque l’on voyage à vélo, on distingue bien vite les changements de la nature autour de soi. De Narbonne à Béziers, nous avons fait la rencontre de deux éminents personnages du coin : le vent, et les cigales ! Le soleil semble de plus en plus ardent, les écosystèmes évoluent peu à peu sous nos yeux. Et à vrai dire, ils ne sont pas les seuls. Nous vivons collectivement et individuellement une expérience très enrichissante.

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A Béziers c’est l’antenne locale de la Cimade qui nous a accueillis. Des réfugiés pris en charge par l’organisme avaient préparé un délicieux déjeuner, invitant au voyage et à la découverte. Dans cette ville dirigée par un maire d’extrême droite, nous avons d’autant plus apprécié le gout de la diversité ! Nous avons également été impressionnés par l’ingéniosité de Stéphane, un menuisier qui développe des alternatives aux modes de cuisson énergivores. Avec ses modèles de cuiseur solaire, de four à bois économique ou de « rocket stove », plus de 90% de l’énergie consommée est utilisée. Grâce à une bonne maitrise de la combustion (et notamment de la présence d’oxygène) les déperditions d’énergie sont fortement limitées… un vrai atout, aussi bien économique qu’écologique !

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Nous avons ensuite gagné Sète par de jolies voies vertes sur le littoral. L’air iodé (et l’abondance des campings) ont donné un accent de vacances à nos coups de pédales. Et au vu du spectacle qui nous attendait à l’arrivée, nous n’avons pu résister à l’appel de la baignade, avant de lancer la vélorution sétoise. Le long des canaux, dans les ruelles de la vieille ville et finalement sur la place Léon Blum nous étions deux cents à chanter la transition écologique et sociale. Et oui, à Sète, on n’a de cesse de pousser la chansonnette ! Nous avons célébré notre arrivée au sein du petit village des alternatives organisé par Sète en transition, avec la Chorale à casquettes (comprenez « ras la casquette ! ») et la chorale des Sans-nom, deux groupes de citoyens engagés très créatifs.

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Puis, un pêcheur sétois du Syndicat des pêcheurs petits métiers du Languedoc Roussillon a évoqué les problèmes qu’il rencontre au quotidien pour maintenir son activité, en mer comme sur les nombreux lacs que compte la région. Entre les contraintes liées à un environnement perturbé (pollutions, nouvelle répartition des espèces) et celles qu’exercent les grandes pêcheries, le travail des plus petits est constamment menacé. Il a par conséquent rappelé l’impact capital qu’ont les consommateurs sur les modes de production. « En faisant primer la qualité plutôt que la quantité, en soutenant l’économie locale et les circuits courts, il est à la fois possible de valoriser le travail des petits producteurs et de préserver les équilibres naturels » a-t-il souligné. De nombreuses associations locales et nationales étaient une fois encore au rendez-vous, ainsi que des organisatrices du Festival de Thau, sans oublier les insolites Présences, personnages en papier mâché, de Joel Bast.

 

 

Jour 15

Magique était notre réveil face à l’étang de Thau ce vendredi, dans une colloc’ de jeunes sympathisants du Tour. Leurs encouragements nous ont boostés pour la journée, merci les amis ! Sur la route de Palavas-les-Flots, nous avons ensuite été fidèlement accompagnés par le bruit des vaguelettes, puis par Philippe et son superbe vélo-couché, fait maison ! Après un pique-nique de produits locaux bien frais dégustés sur la plage, nous avons pris la route de « MTP » – dixit Joan, notre boute-en-train, étudiant à Montpellier.

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Faire la vélorution dans cette ville estudiantine a été véritable moment de bonheur collectif ! De la place de l’Hôtel de ville à l’esplanade Charles de Gaulle -en passant par, ou plutôt dans, les fontaines du Nombre d’Or, les pédaleurs de la quadruplette s’en souviendront- nous étions près de trois cents à clamer à l’unisson « Changeons le système, pas le climat » ! Il s’agissait de notre plus grosse vélorution depuis le départ du Tour. Cette soirée a été l’occasion pour les montpelliérains de se retrouver avant l’été, et surtout avant leur grand village des alternatives qui se tiendra le 26 et 27 septembre prochain, en même temps que ceux de Paris et Grenoble et de nombreuses autres villes. En cette journée spéciale pour Alternatiba Marseille et pour le Tour, notre conférence sur les enjeux climatiques et la COP21 a été suivie très attentivement.

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Nous avons par ailleurs rencontré les membres de l’équipe de Bioviva, dont les jeux éducatifs (éco-conçus et fabriqués en France) accompagnent à la fois le Tour et les villages des alternatives. Sur les thèmes de la nature et de l’environnement, de la gestion des déchets à la connaissance du monde animal, Bioviva offre une alternative intéressante dans l’univers du jeu de société, en élevant les consciences.

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Puis nous avons eu droit à une super performance de Mali Karma, le MC d’Alternatiba et auteur de l’hymne du Tour… le public en redemandait ! S’en sont suivit d’autres concerts (Justine Blue, Drom Blanchard Quartet et Soul Raoul) et des performances artistiques, tout au long de la soirée.

Cet accueil à Montpellier nous a ravis : le public y était nombreux, diversifié, attentif, joyeux… laissant présager un village des alternatives florissant ! Merci et bravo aux organisateurs et à tous les participants !

concert

 

Jour 16

Invités pour le petit dej’ par l’équipe des Petits déb’, nous avons commencé la journée en beauté et fait le plein d’énergie ! Et nous avons bien fait, car face au vent, nous avons du pédaler double aujourd’hui pour rejoindre Nîmes, en passant par Sommières. Au cours d’un repas partagé, à l’ombre des pins, nous avons notamment rencontré Christian, du groupe des Survoltés. Ce projet de production d’électricité citoyenne a réhabilité une déchèterie en un parc photovoltaïque de plus 1 000 m², en faisant un site à énergie positive !

beziers

Nous avons ensuite découvert ce soir à Nîmes un nouveau type de petit village des alternatives. Ici, une dynamique de mobilisation locale est effectivement à l’œuvre depuis plusieurs années. La forte représentativité des classes populaires et des migrants (la région nîmoise comptait de nombreuses mines et industries textiles), la présence de gaz de schistes et de centrales nucléaires dans les alentours, ainsi que les modes de vie alternatifs développés dans les Cévennes, ont permis de constituer un réseau associatif organisé. Relocalisant les processus d’échanges des Forum sociaux mondiaux, un Forum social local a vu le jour dans la région, l’accueil du Tour s’inscrivait dans cette trajectoire.

Dolores a quand à lui joué de son charme flamenco-burlesque pour attirer le public tout en délivrant un message percutant, alors que les passants étaient invités à boire un thé à la menthe sous la jolie tente berbère montée pour l’occasion !

Demain nous serons à Arles pour la fête de la musique, encore une chouette soirée et de belles rencontres en perspective !

max