Category Archives: Tour Alternatiba 2015

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[Tour Alternatiba] – Paris à prendre pour la justice climatique !

Jour 58 – 1er aout

 

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Arrivés la veille de Bordeaux, ce sont aujourd’hui les premiers coups de pédales de Romain et Ismaël. L’étape du matin est courte vers Philippeville, il fait un soleil de plomb et nous arrivons en plein marché dans cette commune fortifiée par Vauban. Le cap des 3000 km vient d’être franchi. Nous sommes reçus par Jean-Marie Delpire, le maire de Philippeville. Il nous expliquera que la ville ne renâcle pas à soutenir les alternatives : solution au tout voiture, service d’échange local, boutique de seconde main, mise en place d’une ressourcerie…

 

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Puis c’est la section locale de Nature & Progrès qui nous reçoit pour le repas. Après une sieste vers 16 h, la température devient plus supportable, c’est l’heure du départ pour Matagne-la-Petite. Nous passerons la nuit dans le café associatif du village “La Petite Musique”. Le cadre de sa terrasse est très agréable, nous en profitons pour apprécier cette journée tranquille et reposante et aussi pour prendre une douche dans un camping à proximité après deux jours sans.

 

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Entretemps Yvan est aux petits soins et nous prépare un bon barbecue avec Stéphane des Amis de la Terre. Comme d’habitude nous avons bon appétit. Chacun s’occupe des choses en cours pour terminer la soirée avant de passer une nouvelle nuit tous ensemble dans une pièce commune. C’est aussi la dernière pour Coline qui quitte le Tour demain juste avant notre participation au Festival Ezperanzah.

 

 

Jour 59 – 02 août

Derniers remerciements à Yvan et Stéphane et nous nous élançons en direction du festival Esperanzah. Fondé en 2002 et organisé dans la magnifique Abbaye de Floreffe, le festival réunit aujourd’hui plus de 30 000 personnes venues partager musique, culture et militantisme. Après la remise en cause du modèle agro-industriel en 2013 et le droit à l’alimentation en 2014, le festival a choisit cette année pour thème central le climat et la mobilisation citoyenne en vue de la COP21. Un message, un slogan : « En route vers tout autre chose, mais pas n’importe quoi ! ».

Si de nombreux festivals se disent responsables et engagés, Esperanzah est lui un modèle du genre. Il règne dans l’enceinte de l’Abbaye une étonnante atmosphère de solidarité, de partage et de tolérance. Réduction des déchets à la source, récup’, ateliers solidaires et participatifs, formation au compostage… Tout est pensé pour limiter tant que possible l’empreinte du festival et vivre la transition écologique, par la parole et par l’acte. Et comment être certain de toucher un maximum de festivaliers ? Imprimer des pétitions anti-TAFTA ou des appels au désinvestissement des énergies fossiles au verso des tickets boissons !

 

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Slalomant entre les poules se baladant paisiblement, les triplettes Alternatiba font une entrée triomphale dans le Village des Possibles du festival, accueillies chaleureusement par Benjamin et Jérôme, membres actifs d’Alternatiba Bruxelles et de Climate Express. Parmi les envolées lyriques déposées par les festivaliers dans la « Boite à crier » du village et reprisent en cœur par les présents, nous retrouvons un slogan cher au processus Alternatiba : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, du coup ils l’ont fait » ! La journée est bien lancée !

Toute l’après-midi les festivaliers se succèdent au stand pour découvrir le tracé du Tour Alternatiba et s’informer sur le Village des Alternatives qui sortira de terre les 12 et 13 septembre à Bruxelles. Pendant ce temps, Max et les compagnons d’Alternatiba Bruxelles et de Climate Express animent une conférence intitulée « comment désobéir à la COP21 ? ».

 

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Alors qu’un débat sur TAFTA s’improvise devant notre stand, nous préparons les équipages pour le grand moment de la journée. A 18h, une déambulation pour le climat regroupant plus de 200 personnes s’élance du Village des Possibles pour gagner le haut de l’Abbaye. En tête de cortège, Max enchaîne slogans et textes de rap, les triplettes et la quadruplette fendent la foule, un ours polaire Climate Express tente de résister à la chaleur. Musicale, festive, jeune, ultra-péchue : quel bonheur de prendre part à cette marche ! Qu’ils rejoignent Paris à vélo, en train, à pieds ou autre, nous recroiserons certainement tous ces visages en décembre lors des multiples actions de mobilisations organisées pendant la COP21 !

 

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Les plus vaillants poursuivront la soirée jusqu’au dernier concert pendant que les plus âgés (ou les moins vaillants…) regagneront sagement leurs tentes pour une nuit bien méritée au camping familial.

 

 

Jour 60 – 03 août

 

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Si la découverte des campagnes belges, où les champs d’éoliennes succèdent aux petits villages est un vrai bonheur, nous comprenons vite que le qualificatif de « plat pays » magnifiquement chanté par Jacques Brel pour évoquer son pays natal ne concerne pas le Sud du territoire ! Nous apprendrons à nous méfier des « faux plats montants » de ce côté-ci de la frontière !
Nous profitons du pique-nique du midi au bord du lac de Louvain-la-Neuve et sous le soleil pour agrandir le cortège : une trentaine de cyclistes de la Transeuropéenne partis de Copenhague le 8 juillet pour arriver à Paris le 12 août se joint à nous, accompagnée de deux bénévoles d’Alternatiba Bruxelles. Claude et Albert, 150 années au compteur en cumulé, conduisent la troupe sur les 75 kilomètres de l’étape jusqu’à l’entrée de Bruxelles.

 

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Plus d’une centaine de personnes attend le convoi à la gare d’Etterbeck pour le départ de la vélorution, également appelée « masse critique » par nos amis belges. Max et Ben assurent l’ambiance à bord du vélo sono, le cortège déambule joyeusement dans les rues de Bruxelles en passant symboliquement devant le Parlement Européen avant de gagner la Place Sainte Catherine. C’est ici que se déploiera le Village des Alternatives d’Alternatiba Bruxelles les 12 et 13 septembre. On vous y attend nombreux !

Nous rejoignons ensuite La Tentation, magnifique bar aux murs de briques rouge et à la charpente en bois, pour partager le verre de l’amitié avec les vélorutionnaires. Madame Christiane Hessel nous fait le plaisir de partager ce moment avec nous et de lire la prise de parole qui avait lancé le Tour Alternatiba le 5 juin à Bayonne. Une soixantaine de personnes assiste ensuite à la conférence. Urgence climatique, agriculture paysanne, villes en transition, énergies renouvelables citoyennes : les débats sont riches et enjoués.

 

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La soirée se termine par une magnifique découverte : nous dormons ce soir au 123, incroyable squat autogéré et participatif de Bruxelles fondé en 2007 et où vivent actuellement 65 personnes. Une convention d’occupation temporaire a été conclu avec la Région Wallone, propriétaire du lieu. La bâtiment est aujourd’hui un espace unique, ouvert sur le quartier : un repas à prix libre est organisé chaque dimanche, des ateliers participatifs de couture et pour les vélos ont pris place. Le tout dans un décor ultra coloré et un fonctionnement axé sur la transversalité et la collégialité ! Une bien belle alternative concrète à la crise du logement alors que nos villes regorgent d’immeubles inhabités et que la spéculation immobilière rend toujours plus compliqué l’accès à un toit.

 

 

Jour 61 – 4 août

Alors que Jacques et son vélo couché qui nous ont accompagnés sur les routes depuis Besançon nous quittent pour regagner Paris, nous quittons Bruxelles direction les Flandres et la ville de Gant. La sortie de Bruxelles est pénible : la route est mal aménagée, la piste cyclable slalome entre les voitures, les panneaux de signalisations et les bornes à verre, les rails de tramway se succèdent… Et la pluie n’arrange rien ! Laurent, qui compte pourtant parmi nos meilleurs pilotes de triplettes subit sa première chute embarquant Ismaël au sol tandis que Romain parvient à rester debout préférant sauver la triplette plutôt que ses camarades. Belle solidarité !

Les campagnes bruxelloises et l’abord des Flandres nous offrent de magnifiques paysages boisés entrecoupés de multiples cours d’eaux. Si le départ fut chaotique, nous atteignons finalement Alost pour un pique-nique rapide sur la place de l’église. Les mécaniques ont souffert ce matin, nous comptons déjà deux crevaisons. Mais le retour du soleil regonfle les cœurs et nous repartons pour 40 kilomètres en direction de Gant, point de passage le plus au Nord du Tour Alternatiba !

 

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Malgré ses 255 000 habitants, on se sent à Gant comme dans un grand village. Les aménagements cyclistes sont remarquables : larges pistes cyclables, calibrage adapté des feux de signalisations, arceaux à vélo… Ces aménagements, simples mais hélas trop rares dans nombres de villes, transforment en profondeur l’espace public. Les lieux d’échanges et de convivialité remplacent les places de parkings, les plantes grimpantes et les roses trémières poussent au pied des immeubles en lieu et place des parcmètres.

Avant de rejoindre Baudelo Park pour le départ de la vélorution, nous travaillons notre flamand. Répétez après moi : « Verander het systeem, niet het klimaat ! ». Dans un audacieux mélange de français, d’anglais et de flamand, Max explique aux 70 personnes présentes les objectifs du Tour Alternatiba, accompagnée de Julie, membre de la Coalition climat belge et de Climate Express.

 

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En triplette, quadruplette, vélo sono, skate, rollers, trottinettes… la vélorution sillonne les quartiers populaires de la ville pour rejoindre Boerse Poort et son immense jardin partagé en bordure de ville. Sorti de terre sur une ancienne décharge, le jardin partagé est grandiose.Tout est pensé pour utiliser au mieux l’espace disponible et le développer de manière responsable et soutenable. Alors que tant de villes ont une autonomie alimentaire limitée à quelques jours, l’urgence de (re)développer une agriculture urbaine et péri-urbaine biologique et accessible à tout public prend ici tout sons sens.

Dans une très bonne ambiance nous partageons un repas végan avec les habitants du lieu et les vélorutionnaires, confectionné avec les légumes du jardin et des aliments glanés. Il est l’heure de regagner nos lits : demain, retour en France !

 

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Le Tour entre Alternatib’Habay et Couvin (BE), en passant par une ressourcerie !

Jour 55 – 29 juillet

Aujourd’hui c’est jour de repos, enfin c’est surtout journée sans vélo car les coulisses du Tour battent leur plein dans ces moment “libres”. Briefing, maintenance des vélos, relation presse, écriture d’article, réponses aux mails de la base arrière, préparation des prochaines étapes, courses, comptabilité, linge, etc. La moitié des activités du Tour concerne en fait ces tâches de l’ombre. Elles ne manquent pas, chacun s’affaire donc à les terminer pendant que le festival Change le monde – Alternatib’Habay se déroule sous des conditions idéales.

 

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Organisé pourtant en pleine semaine, cet évènement est une réussite : l’ambiance y est chaleureuse, le soleil et le public au rendez-vous. Vu notre planning du jour, impossible de rendre compte du programme tant il est foisonnant, et pour cause : il tient sur 4 pages A4. Malgré tout, le titre de l’une des conférences attire l’attention et mérite que l’on s’y attarde. Il s’agit de la présentation du “Parlement Citoyen Climat” porté par l’Université de Liège. En quelques mots, 42 citoyens belges de la province de Luxembourg deviendront cette année des «parlementaires du climat». Choisis par tirage au sort, ils débattront des enjeux climatiques et énergétiques pendant 3 week-end en septembre et octobre prochains afin de proposer une série d’actions publiques au Conseil Provincial d’Arlon. Partageant le constat que le défi climatique nécessite une implication citoyenne accrue à toutes les échelles du territoire, ce futur parlement expérimente ainsi une forme renouvelée d’engagement et de participation. Car nous “savons” le réchauffement climatique et nous connaissons ses solutions. D’avantage d’information, de science ou d’expertise n’accéléreront pas la prise de conscience ou la décision. Résoudre le changement climatique, modifier en profondeur tous les aspects de nos vies pour plus de bien être suppose dorénavant de s’attaquer aux questions suivantes : comment prendre part aux choix publics ? Autrement dit, comment re-faire de la politique ? En cela, cette initiative originale est par elle même une réponse, faces aux dérives de la professionnalisation, à la méfiance à l’égard des mécanismes politiques classiques entravant la nécessaire et indispensable participation citoyenne. Vaste chantier…

Autre alternative territoriale d’ampleur intéressante découverte sur l’un des stands : l’Epi. Cette monnaie locale citoyenne utilisée par une centaine de prestataires dans toute la lorraine belge (sud de la Belgique) développe aussi le micro-crédit local.

 

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Les heures défilent et ce n’est que vers 19h que nous nous retrouvons pour partager le repas préparé par les bénévoles du festival et profiter des derniers instants devant un nouveau très bon concert. Comble du luxe pour l’équipe, cette nuit comme la précédente se passe dans une chambre individuelle avec douche intégrée !

 

 

Jour 56 – 30 juillet

Le lendemain nous quittons Marbehan avec de très bons souvenirs, en pleine forme après un bon sommeil réparateur et l’humeur au beau fixe. Nous pédalons avec l’AlterTour sur quelques kilomètres puis nos chemins se séparent. Nous suivons notre guide Benjamin à travers la campagne ardennaise belge et avons temporairement renoué avec le soleil, la route est tranquille et la campagne ardennaise est vraiment agréable à parcourir. Malheureusement ça ne dure pas et à l’approche de Bazeille, le temps devient maussade. Dès notre arrivée pour la vélorution nous essuyons une pluie continue ne facilitant pas les conditions. Dommage pour les participants, nous nous attardons pas et démarrons vite le cortège jusque Sedan moyennant quelques acrobaties. France 3 Champagne-Ardenne qui nous a rattrapé auparavant profite du spectacle au première loge entre deux interviews.

 

 

Nous déjeunons de nouveau avec les cyclistes de l’AlterTour et quelques représentants locaux à La Moskowa, un vaste et haut bâtiment municipal abritant les avirons et les kayaks du club de Sedan. Il présente la particularité de posséder 400 panneaux photovoltaïques exploités par Enercoop Ardennes-Champagne. Ce projet est né suite à la nécessité d’engager d’onéreux frais pour réparer la toiture en piteux état. Avec une surface de 800 m2, ce partenariat avec la ville semblait une idée gagnante. Sauf pour les banques, comme aucun prêt n’a été accordé à Enercoop, cette opération a surtout été rendu possible grâce au soutien de 87 souscripteurs. Très active, Enercoop est également à l’origine d’un autre joli projet dans la région. Il s’agit des Ailes des Crêtes. Ingrid Julien, l’animatrice de ce programme nous explique qu’il correspond à l’installation de 3 éoliennes dont 1 sera la propriété exclusive des enfants, une première en France. L’appropriation collective de l’énergie par et pour les générations futures est d’une importance capitale, nous précise-t-elle à juste titre.

L’acoustique du bâtiment est aussi de très bonne qualité et Max ne peut s’empêcher de poser un bon rap avant le pique-nique pour réchauffer l’ambiance à l’intérieur car, dehors, il tombe des cordes. Par chance, la pluie cesse avant notre départ pour Charleville-Mézières. Nous sommes attendus devant l’Hôtel de Ville où un village des alternatives est installé. Christophe nous y mène en empruntant notamment une piste cyclable flambant neuve, un vrai billard. A Mohon, deux volontaires peu ordinaires se présentent au départ de la vélorution : Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières et Christophe Léonard, député des Ardennes. Scène peu banale que de voir ces élus littéralement amenés devant la mairie de Charleville à bord d’une multiplace en chaussures de ville, entourés de drapeaux anti-nucléaires et pro-NDDL, et sous le son de “On lâche rien” de HK & Les Saltimbanks. C’est la fin de journée, nous passons par la belle Place Ducale, les terrasses sont remplies et une belle foule est présente à l’arrivée, prés de 300 personnes. Difficile de se frayer un chemin !

 

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Une fois de plus nous nous régalons et reposons devant un gargantuesque repas partagé, c’est excellent et nous mangeons plus que de raison.
C’est ensuite Laurence, une habitante, qui nous accueillera chez elle très gentiment. Les vélos sont stationnés dans son spacieux jardin et nous nous installons sur des matelas côte à côte dans une grande pièce commune. Demain nous repartons en Belgique !

 

 

Jour 57 – 31 juillet

Nous reprenons la route et continuons dans le pays ardennais toute la matinée. Pédaler efficacement à trois sur un vélo demande une certaine coordination mais, une fois lancé, et si la route est plate, on se trouve vite grisé par la vitesse et le pilotage des engins se fait alors sans effort. De ce fait, comme souvent ces jours derniers, nous sommes en avance et tuons le temps juste avant le point de rendez-vous, un parking Intermarché à l’entrée de Auvillers-les-Forges.

Notre contact se nomme Christophe, il est accompagné du maire du village qui, avec une belle barbe de “métalleux”, a un look détonnant. Ils nous conduiront jusqu’au lieu d’arrivée, une ressourcerie basée dans le centre. En route, Christophe nous arrête devant un chantier un peu particulier, il s’agit de la construction des futurs locaux de l’association Ensemble Vivre et Vieillir Autrement. Détail peu banal, la cabane du maître d’œuvre, Chênelet, est coiffée d’un toit végétalisé. Venant du Pas-de-Calais, cette entreprise salarie des personnes en insertion sur de la fabrication d’éco-matériaux, de la découpe de panneaux en bois et sur d’autres activités telle que la restauration. Grâce à son savoir faire, Chênelet propose aussi la conception de logements sociaux à vocation écologique destinés à être auto-construits avec derrière une vraie réflexion menée sur le problème de la précarité énergétique, sur le choix des matériaux, le procédé de montage des blocs modulaires.

 

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Après cette pause, nous arrivons peu après à la ressourcerie Bell’Occas. Un petit comité d’accueil nous attend, nous prenons connaissance et remercions celui-ci puis nous sommes conviés autour d’une immense table de réunion, récupérée dans une CPAM apprendra-t-on. Adeline notre cuisinière du jour nous régale avec différentes salades maisons vraiment excellentes. Christophe est en fait le directeur de cette ressourcerie, large comme les frigos que la structure réemploi, il est passionné et passionnant. Il nous fait la visite et il connaît bien son sujet, c’est sûr !

Créée en 1996, par un ancien membre d’Emmaüs, Bell’Occas s’est particulièrement bien développée depuis. Le site, très étendu, est implanté en zone rurale. A l’intérieur se succède une enfilade de bureaux, de pièces et des grands espaces de stockage. Deuxième employeur du canton, Bell’Occas gère aussi deux magasins à Rethel et à Charleville. Les métiers mis en jeu sont multiples : la collecte, la valorisation et la réparation de meubles, d’électroménager, d’électronique, de textile, la logistique, la vente, la sensibilisation et la formation. Et même si la ressourcerie a un fonctionnement associatif, l’organisation interne est très similaire à celle d’une entreprise. « Nous sommes pragmatique, on fait le bien, en faisant bien ». Ici on travaille à flux tendu, les stocks sont maîtrisés, les procédés et les rôles définis, les équipes sont autonomes. Le tout est pensé dans un but pédagogique car l’une des raisons d’être de Bell’Occas c’est l’insertion – et non pas la ré-insertion ! Les postes sont ouverts aux catégories de personnes en difficultés par rapport au marché de l’emploi, les salariés y acquièrent de véritables compétences reconnus et transférable vers d’autres employeurs locaux. La structure n’hésite pas non plus à casser l’image du secteur avec notamment son atelier textile collaborant directement avec des créateurs de mode pour traiter une partie des 18 tonnes collectés par an. Cette visite est vraiment enthousiasmante et pleine de surprises, sans jamais oublier les bénéficiaires de sa mission sociale Bell’Occas ne cesse de repenser son modèle, un vrai pari pour cet acteur économique hybride.

 

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Nous sommes rejoint peu avant notre départ d’Auvillers-les-Forges par Philippe des Amis de la Terre. Il nous mènera jusque Couvin. Une belle table est dressée sur la place de la ville à notre arrivée, le rosé coule, quelques locaux s’invitent, nous sommes une cinquantaine et tout cela a des allures de vacances entre amis. C’est une soirée un peu spéciale puisque c’est la dernière de Fanny. Elle reviendra en septembre mais en attendant nous n’oublions pas de fêter son départ sur la terrasse d’un bar proche. La Chimay a du succès et il est déjà tard quand les premiers d’entre nous partent se coucher sur l’un des matelas posés par terre dans le coworking qui nous accueille.



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Le Tour Alternatiba au Luxembourg et en Belgique : entre rencontre au sommet et village des alternatives !

Jour 52 – 26 juillet : Nancy – Pont à Mousson – Metz

Après un solide petit déjeuner vegan et un dernier remerciement à Rudy d’Alternatiba Nancy pour son accueil, nous poursuivons notre route vers le nord, direction Pont à Mousson, en Meurthe-en-Moselle. L’équipe, prête à partir, connaît quelques changements avec le départ de Julie, qui profitera d’une période de repos bien méritée car sur la route depuis Bayonne ; l’arrivée de Vincent de Lille qui pour sa première journée s’est essayé à la conduite du vélo-générateur lors des vélorutions ; et la reprise de Coline, le temps de soigner quelques plaies handicapantes suite à une mauvaise chute pendant sa participation à la Coordination Européenne. En suivant majoritairement des chemins de halage, notre étape du jour se présente comme relativement courte et facile, parfait pour ré-habituer les organismes.

 

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Pont-à-Mousson est connue pour son activité sidérurgique et notamment ses fameuses plaques d’égouts qui équipent nombre de villes dans le monde entier. Là bas, nous attend un groupe d’habitants membres du collectif Mousson Citoyenne, œuvrant pour la transition du bassin de vie du territoire. Le trajet, très roulant, se fait rapidement comme prévu et se termine avec quelques tours autour de la place Duroc en vélorution. Le repas, en extérieur, sous le soleil, local et fait maison, tient du banquet et on ne sait où donner de la tête tant les plats donnent envie. La tarte au quetsches, une spécialité du coin, aura notre faveur.

 

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La poursuite en territoire mosellois continue l’après-midi sur le même rythme jusqu’à Metz, afin de rejoindre Martina de Greenpeace, notre contact local. Deux membres des Amis de la Terre Allemagne nous accompagnent ainsi qu’une pluie intermittente et tenace. A Metz, une dizaine de tentes ont été dressées sur le lieu de notre arrivée, place de la République, pour l’organisation d’un village associatif. Malheureusement, la pluie a redoublé de vigueur entre-temps gâchant quelque peu les festivités et refroidissant la température. Sans nous décourager, nous assurons dans la foulée notre présence au stand et répondons aux sollicitations. La fin de la journée se déroulera au sec au cinéma le Concorde pour la conférence quotidienne tenue par Txetx et Totof ainsi qu’à l’auberge de jeunesse « Carrefour » pour le reste de l’équipe, où nous passerons la nuit.

 

 

Jour 53 – 27 juillet : Metz – Thionville – Luxembourg

Le lendemain, c’est à la Maison du Vélo de Metz que s’effectue la routine matinale faite de réglages de tandems, rangement du camion et remplissage de gourde. Le temps de nous mettre sur les bons rails en suivant Hervé de la Maison du Vélo, nous entamons sans tarder notre route vers le Luxembourg en suivant la Meuse, toujours sous un temps ombrageux. Une bonne vingtaine de kilomètres nous sépare des abords de Thionville où nous retrouverons à Uckange la quarantaine de cyclistes de l’AlterTour ainsi qu’une trentaine d’enfants encadrés par l’association Delacroix. Comme la veille, l’allure est bonne, Jacques en vélo couché ferme le groupe et il nous faut à peine 1h30 pour faire la jonction avec l’AlterTour.

 

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Le cortège ainsi formé peut se diriger ensuite vers le centre ville de Thionville pour rejoindre Rive en Fête. Basé sur les quais de la Moselle, cet événement regroupe de nombreuses structures sociales, environnementales et périscolaires de la ville lors duquel nous remettons le pacte de la Transition à Mme Renaud, adjointe à l’environnement de la Ville. Un nouveau  festin roboratif nous attend sur place et, tout comme à Pont à Mousson, nous sommes impressionnés par le travail, le nombre et la qualité des plats proposés cette fois ci par les membres de l’association Eve (Ecologie et Vivre Ensemble). La cerise sur le gâteau restera sans conteste le miel sorti brut de la ruche par Mickael, apiculteur de son état. Basée au nord de la Moselle, Eve est très active sur son territoire : grainothèque, zone de gratuité, arbre à engagement, conférence, espace citoyen…

 

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Nous sommes emmenés jusqu’à Luxembourg-Ville par un sympathique couple luxembourgeois rencontré à mi-journée, passionné de tandem. Avec leurs deux enfants, ils pédalent sur une quadruplette jaune, le premier vélo 4 places du genre fabriqué par PedalPower, le fabriquant des vélos multiplaces du Tour Alternatiba. Ce sont des cyclistes chevronnés, nous ouvrant une voie royale le long d’une route nationale. Le Luxembourg est pays vallonné, les côtes et les descentes s’enchaînent à une bonne cadence. Arrivés en fin d’après-midi à Luxembourg Ville, nous soufflons sur une petite place avant de retrouver de nouveau l’AlterTour pour former un véritable peloton jusqu’à l’arrivée finale place Guillaume II. S’en suivent deux prises de parole, celle de Fanny pour Alternatiba et celle de Mathieu Fromont de l’AlterTour. Pionnier en la matière, l’AlterTour est un témoin privilégié de l’extension des alternatives. Mathieu nous précise ainsi qu’il y a quelques années une centaine de kilomètres pouvaient séparer deux initiatives, désormais l’équipe organisatrice n’a plus aucun mal à en identifier plusieurs dans un rayon de 30 km.

Nous nous retrouvons enfin tous ensemble pour une soirée commune au Chalet des Scouts situé sur les hauteurs de Luxembourg. L’ambiance est détendue, conviviale et chacun est libre de participer aux activités proposées : débat sur l’urgence climatique, diaporama de présentation des différentes alternatives sociales et écologiques rencontrées par l’AlterTour, ou encore feu de camp et musique.

 

 

Jour 54 – 28 juillet : Luxembourg – Arlon – Marbehan

La première et dernière matinée au Luxembourg est marquée par la rencontre avec Carole Dieschbourg, ministre de l’environnement du Luxembourg et présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne (UE), à l’occasion de laquelle un certain nombre de préoccupations et d’interpellations en lien avec la position européenne pour la COP21 ont été formulées. (Voir l’article consacré à cette rencontre.)

 

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Nous reprenons la route vers Arlon en fin de matinée, guidés par Benjamin. Arlon est, avec ses vestiges romains, l’une des plus anciennes villes de Belgique, situées juste après la frontière dans la province belge du Luxembourg. L’étape est courte mais pentue. Un comité d’accueil nous attend sur le perron de l’ancien palais de Justice place Leopold, où une petite réception a lieu en présence de Vincent Magnus, Bourgmestre d’Arlon, Xavier Bossu, représentant du gouverneur de la province du Luxembourg et Thérèse Mahy, député de la province en charge du développement durable. Nous y rencontrons, Daniel, notre référent d’étape à Marbehan. Et même si nous ne logerons pas chez lui, il se comporte en véritable hôte et nous témoignera d’une grande attention.

Juste avant de reprendre la route, Xavier Bossu nous fait visiter le conseil provincial (l’équivalent du département en Belgique) et nous explique toutes les subtilités du maillage institutionnel belge.

 

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Ensuite, nous partons direction Marbehan via Habay, avec toujours comme poisson pilote le couple de tandemiste luxembourgeois. Plusieurs membres de Luceole nous attendent à Habay juste avant la vélorution du jour. Il s’agit d’une coopérative citoyenne comptant actuellement 470 membres et portant depuis 2010 un ambitieux projet : l’exploitation d’un parc d’éoliennes pour une production d’électricité 100 % renouvelable. A travers son discours mobilisateur et énergique avant la vélorution, Pierre Stassart, représentant la coopérative, nous rappelle à tous combien il est important d’enclencher concrètement et rapidement la transition citoyenne avec ce type de projet et pointe également les « manœuvres politiques » contrecarrant les meilleures volontés, en faisant référence à l’annulation récente du permis de construire de leur 6 éoliennes capables de fournir de l’énergie pour 7500 ménages et d’éviter le rejet de 12500 tonnes de CO2 par an. Un sérieux coup dur pour Luceole… « Face aux urgences environnementales et climatiques, si le politique barre la route aux projets de qualité dans lesquels des citoyens peuvent trouver collectivement la motivation de participer aux changements nécessaires à la transition énergétique, cette dernière restera un vœu pieu voué à l’échec et les beaux discours que nous entendons aujourd’hui et demain à quelques jours de la conférence COP21 sonneront creux. Ce n’est pas ce que nous attendons ! » C’est sur ce ton déterminé que nous entamons une longue et venteuse vélorution sur 10 km composée d’une trentaine de cyclistes avant d’entrer dans la commune de Marbehan et son festival « Change le Monde » spécial Alternatib’Habay.

 

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Une foule familiale est au rendez-vous pour nous accueillir. C’est étonnant de constater l’impact d’Alternatiba dans cette région de Belgique! Malgré la fraîcheur de la soirée, rien ne manque et nous profitons sans peine de l’ambiance joviale et du très bon concert de musique pop, rock et celtique organisé pour l’occasion, le tout, bien sûr arrosé d’Orval, la bière locale.


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Le Tour Alternatiba : de YouReUp à la Coordination Européenne, quels publics !!

Jour 49 – 23 juillet

Aujourd’hui nous n’avons pas à refaire nos sacs, ils peuvent rester au camping, tranquillement posé sur le sol du bungalow. Strasbourg est une ville accueillante, il s’y passe tout plein de choses, nous y dormirons une nuit de plus. Pour l’équipe, pas question pour autant de faire la grasse mat’ : le parcours ne sera pas bien long, mais nous monterons de bon matin sur les tandems.

Depuis une semaine, 15 000 scouts et guides de différents pays d’Europe sont réunis pour l’événement You’re up ! Ce jeudi a lieu la cérémonie de clôture du rassemblement, et le Tour Alternatiba est invité à se présenter devant un stade rempli de jeunes engagés dans la construction de l’Europe de demain. Le rendez vous est pris à 7h au Zénith de Strasbourg pour la répétition : nous entrerons dans l’arène à vélo, pédalant au rythme de l’hymne du Tour que Max commencera à chanter sur la quadruplette, avant que nous montions tous sur scène. Voilà de quoi réveiller les jeunes scouts, sans doute un peu fatigués par leur semaine.

 

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Une fois la mise en scène soigneusement millimétrée, nous nous rendons au self pour le petit déjeuner et attendons patiemment notre tour. Les minutes passent et la pression monte, pour la plupart d’entre nous, recueillir l’attention d’autant de paires d’yeux d’un seul coup sera une première. Le sol n’est pas vraiment plat, la foule traverse avec insouciance le chemin balisé que nous devons emprunter… les conducteurs des vélos craignent de pouvoir trop aisément teinter le spectacle d’un bon comique de situation. Toute leur assurance est finalement revenu dès lors que nous nous sommes élancés sur la piste menant à la scène. L’occasion de sensibiliser un tel public a l’urgence climatique, en portant un message positif et constructif, ne pouvait pas se rater !

 

 

Et nous voilà invitant les scouts et guides européens à frapper dans leurs mains, entonnant en cœur le refrain de “On s’mobilise”, inlassablement répété tous les jours depuis le 5 juin… C’est à cela que l’on reconnaît un tube 😉

Une fois la chanson terminée, Max a enchaîné sur une prise de parole très internationale. Il a insisté sur la force du collectif pour changer le système et sur toutes les opportunités qui s’offrent à nous pour bâtir sans plus attendre une société solidaire et juste, adoptant des modes de vie responsables et sobres, transposant une dynamique viable dans les rapports que nous entretenons avec les autres, la Terre et nous même.

 

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Après ces quelques minutes riches en émotions, nous sommes repartis en direction du camping pour la suite de la journée. Après avoir déjeuné tous ensemble, chacun de nous s’en est allé vaquer à ses occupations : réunions multiples, mécanique, courses en ville et rédaction de cartes postales aux généreux internautes ayant mis le Tour en marche à travers un financement participatif… chers amis nous ne vous en remercierons jamais assez !

Cette journée a également été marquée par le départ de Lutz et Pierrot, des coéquipiers en or, dont nous appréciions beaucoup la présence. Nous étions un peu tristes du coup… Fort heureusement, l’arrivée du Tour à Paris le 26 septembre suivie de la préparation de la COP seront autant d’occasions de nous retrouver, de travailler ensemble à nouveau et de partager des moments encornés plus fous et enrichissants ! L’arrivée de Coline, d’Alternatiba Bordeaux, nous a également permis de garder le sourire : ce projet attire décidément de bien belles personnes !

 

 

Jour 50 – 24 juillet

En vue de la tenue de réunions d’équipe et de deux journées consacrées à la coordination européennes des Alternatiba, à Nancy, le groupe s’est encore élargit de nouveaux cyclistes. Petite triplette et Grande triplette sont alors escortées par le vélo logistique du groupe et trois autres bicyclettes Alternatiba (prêtés par Michel, notre hôte du soir) ainsi que par les accompagnateurs du jour… Un vrai cortège ! Il est intéressant d’observer à quel point les jours se suivent et… ne se ressemblent pas.

Hier, un journaliste du Monde qui nous a suivit trois jours durant, nous a interrogé chacun à notre tour sur les impressions que suscite en nous cette expérience hors du commun. La question du caractère répétitif de journées se succédant avec un programme similaire a été posée. Occasion rêvée de faire un retour en arrière sur toutes les étapes que nous avons parcourues et de nous rendre compte, rétrospectivement et avec un certain étonnement… qu’aucune d’entre elles n’est comparable ! L’atmosphère régnant dans les villes et villages, puissent-ils être voisins, est à chaque fois singulière. L’origine de la mobilisation ou les formes qu’elle prend ne sont jamais les mêmes elles n’ont plus. Ah, chers lecteurs, quelle histoire que ce Tour, c’est passionnant ! Tant de diversité et en même temps de si nombreuses convergences, voilà de quoi constituer un socle solide pour notre transition sociale et écologique 🙂

 

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Après une belle matinée passée le long d’une voie verte bordée de majestueux conifères, nous sommes arrivés au lieu de rendez vous de notre étape de midi, à Saverne. Le rassemblement  des habitants de cette bourgade autours de bons plats faits maison pour accueillir le Tour a été  organisé par une institution religieuse, une première ! Le pasteur Patricia et ses homologues du  foyer protestant de Saverne s’illustrent en effet par leur mobilisation en faveur du climat. Ils se font par exemple le relai de l’initiative internationale et interconfessionnelle du Jeûne pour le Climat, suivi par des milliers d’hommes et de femmes tous les 1er du mois.

Lancée en 2013 par Yeb Saño, négociateur philippin lors de la COP 19, durant laquelle un typhon particulièrement violent avait frappé le pays et fait de nombreuses victimes, cette forme de jeûne est ouverte. Elle peut s’étendre sur 24h ou sur un repas, ne consister qu’à éviter la consommation de viande ou simplement à laisser sa voiture au garage le temps d’une journée.
Yeb Saño avait pour sa part observé un jeûne stricte pendant treize jours, dans le but d’alerter ses collègues venus du monde entier sur la montée en intensité des événements climatiques et la grande vulnérabilité dans laquelle étaient plongés les populations philippines, notamment. Ce comportement, assorti d’un témoignage tout aussi saisissant, n’avaient cependant pas permis de faire bouger les lignes des négociateurs de manière significative. Combien de catastrophes devront encore avoir lieu avant que nos dirigeants adoptent des politiques ambitieuses, à la hauteur des enjeux ?
Comme l’a rappelé Coline lors de sa première prise de parole en public sur le Tour, si les chefs d’Etats demeurent immobiles, la mobilisation citoyenne qui s’organise de part et d’autres revêt une importance cruciale. Elle doit s’élargir et se renforcer, donner lieu à un élan massif !

 

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Une fois notre “boboti” quotidien terminé et nos cyclistes renseignés sur les modalités de la journée du lendemain (kilométrage, dénivelé, heure du réveil et des repas etc.), nous sommes remontés sur nos selles. Cap sur la ville de Sarrebourg : nous voilà à la frontière de l’Alsace et de la Lorraine, les paysages sont très différents. Après une étape longue et mouvementée, nous sommes accueilli par Michel, homme des plus attentionnés, et faisons de belles rencontres.

M. Rommer, maire de Vasperviller, une commune voisine, s’assoit à notre table. Le conseil municipal de cette petite ville est résolument tourné vers la mise en œuvre de politiques de réduction des empreintes carbone… c’est donc avec conviction que M. Rommer a rejoint ce soir là le cercle des signataires du Pacte de la transition ! Et une commune de plus en faveur d’une société décarbonée 🙂

 

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Hébergés chez Michel et sa compagne, aux petits soins, nous passons un début de soirée des plus reposant en attendant le retour de Barth et Cécile, qui animent la conférence ce soir là. Cécile, qui nous a rejoint il y a moins d’une semaine, ne cesse de nous épater : du haut de ses 19 ans elle a déjà l’aura d’une grande dame et se montre aussi à l’aise à la coordination des étapes qu’aux débats avec le public ou encore aux commandes des tandems !

La moitié du groupe profite de cette relève assurée pour gagner Nancy en train et assister des le lendemain matin à la réunion de coordination européenne des Alternatiba. Nous les rejoindront à vélo dans la soirée !

 

 

Jour 51 – 25 juillet

Une fois n’est pas coutume, seule Grande triplette est sur le départ ce matin. Alors que nous étions une quinzaine à pédaler ensemble hier, Laurent, Joan et Pascal devront affronter seuls le vent et la pluie en cette journée la plus fraîche du mois.

Et puisqu’une difficulté en appelle d’autres, les dénivelés montants s’ajoutèrent au vent de face et à l’oubli des rations alimentaires pour venir à bout des forces de nos valeureux sportifs climatophiles. Arrivée plus tôt à Luneville, étape de midi, l’équipe logistique avait installé le stand et retrouvé les locaux pour organiser une belle vélorution… et pris soin de préparer fruits secs, noix et jus de fruits pour les cyclistes. Après avoir engloutis ces victuailles et reçu les encouragements du groupe de vélorutionnaires rassemblés en ce samedi midi, malgré une météo capricieuse, nos cyclistes avaient retrouvé un large sourire. Joan assura d’ailleurs une animation particulièrement joviale et fait preuve de créativité lors de cette déambulation dans Luneville, qui restera dans les annales !

Cette journée d’accueil du Tour aura porté ses fruits à Luneville. Prenant connaissance des rencontres citoyennes organisées pour l’occasion autour de manifestations associatives et culturelles, l’équipe du Château les Lumières avait décidé de se mettre en mouvement elle aussi. Ateliers de jardinage, contes, conception de fresques, spectacles… sont venus complétés la programmation déjà bien riche qu’Anaïs et ses amis avaient concoctés !

 

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Mention spéciale pour les danses et percussions africaines, et le concert des Bure Haleurs, ou l’on retrouve notre Nico à la contrebasse ! Entonnant des textes drôles et engagés autour des thématiques sociales et environnementales actuelles, les Bure Haleurs participent à la mobilisation citoyenne grandissante contre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs dans la commune de Bure, dans la Meuse. Des vélos avaient même été accrochés ça y et la sur les immeubles entourant la place, et nous avons eu droit à un défilé de vélos couchés !

Puis nous avons rejoint Nancy pour une belle cyclo-mobilisation animée par un vélo-fanfare.

 

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Nous y avons rencontré des nancéiens sympas et dynamiques, et retrouvé les 71 délégués des 28 villages Alternatiba, réunis pour la 7ème Coordination européenne des Alternatiba ce samedi. Toute la journée ils ont travaillé sur l’organisation des temps de fort de la mobilisation pendant la COP21 ou encore sur le Quartier Génial, QG des militants Alternatiba, installé pendant toute la durée des négociations sur la commune de l’Ile-Saint-Denis. La Coordination s’est terminée par la poursuite d’un débat collectif lancé depuis plusieurs mois sur l’avenir de la bataille climatique après la COP21 et l’évolution du processus Alternatiba à partir de 2016.

Nous sommes donc arrivés tous ensemble à Nancy, sur la célèbre place Stanislas, fort jolie il est vrai et en avons fait plusieurs fois le tours à une centaine de vélos ! Max et Jon ont chanté ensemble l’hymne du Tour puis Barth a pris le micro, juché sur le vélo générateur d’énergie, et expliqué la démarche Alternatiba aux nancéiens prenant l’apéro sur les terrasses de la place. La soirée s’est terminée par une double conférence de Txetx puis de Loulou Jedi et un concert !

 

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Le Tour Alternatiba avec la présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne

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Parti le 5 juin de Bayonne et ayant déjà parcouru près de 2 800 km, le Tour Alternatiba est aujourd’hui à Luxembourg-Ville où il s’est réuni avec Mme Carole Dieschbourg, Ministre de l’Environnement luxembourgeoise et présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne (UE) en charge de coordonner la position de l’UE pour la COP21.

La veille à Thionville, le Tour Alternatiba avait fait la jonction avec l’Altertour, qui chaque année organise un tour en vélo des différentes alternatives sociales et écologiques existant sur les territoires, et qui a également participé à la rencontre avec la ministre, en présence de la presse luxembourgeoise.

Mathieu Fromont et Cécile Marchand ont respectivement présenté à Mme la ministre de l’Environnement du Luxembourg l’Altertour et le Tour Alternatiba, deux mobilisations citoyennes sensibilisant les populations à l’urgence climatique et promouvant les nombreuses alternatives permettant d’y faire face.

 

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Les préoccupations par rapport à la COP21

Puis, Txetx Etcheverry du Tour Alternatiba a fait part à la présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne d’un certain  nombre de préoccupations portées par la société civile (plus de 150 000 citoyens européens ont déjà participé à un Alternatiba, village des alternatives au changement climatique, ou à une étape du Tour Alternatiba).

Le dérèglement climatique est en cours d’aggravation et d ‘accélération. Il y a urgence à agir. Cette action doit être d’autant plus rapide et massive que selon des climatologues comme Jean Jouzel, si rien d’important n’est fait avant 2020, la planète n’échappera pas à un réchauffement de + 3°C, nous entrainant dans des seuils d’emballement irréversible et incontrôlable du climat.

Or, rien ne garantit à l’heure actuelle que l’Accord de Paris sera à la hauteur de cet enjeu historique. Les contributions nationales de réduction d’émissions de gaz à effet de serre annoncées (INDC) sont notoirement insuffisantes pour permettre de rester sous le seuil -déjà trop élevé- des +2°C à l’horizon 2100. Ces engagements  trop faibles ont en outre peu de chances d’être respectés car l’Accord de Paris risque fort de ne pas être contraignant. En outre, cet Accord n’entrera en vigueur qu’à partir de 2020 ! Les problèmes de financement sont loin d’être réglés, contribuant au blocage des négociations. Enfin, certaines questions essentielles ne sont pas abordées par les négociations, comme celle de la poursuite de l’extraction massive des énergies fossiles, alors que l’Agence Internationale de l’Energie indique qu’il faudrait laisser sous le sol 2/3 des réserves actuellement connues pour rester sous le seuil des + 2°C en 2100.

 

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Le manque d’ambition et de précision de la position européenne

Face à cette situation préoccupante, le représentant d’Alternatiba a jugé que la position de l’Union Européenne manque d’ambition et de précision. Il a demandé à la présidente du Conseil Environnement de l’UE comment elle pensait contribuer à :

• faire prendre par l’UE, ou tout au moins une partie de ses membres comme par exemple le Green Growth Group qui doit se réunir en septembre, des mesures à appliquer avant 2020 : engagements en matière de fiscalité écologique, réforme des subventions aux énergies fossiles, plans nationaux de sortie du charbon avec date de fin, vigilance sur les fausses solutions comme le nucléaire ou les agro-carburants par exemple, engagements volontaires beaucoup plus ambitieux en matière d’énergies renouvelables et d’efficience énergétiques, taxe ambitieuse sur les transactions financières et mesures volontaristes contre l’évasion fiscale pour financer la transition énergétique et la dette écologique à l’égard des pays du Sud notamment ;

• faire en sorte que le paquet énergie climat 2030 de l’Union Européenne soit renégocié dés 2016 et soit considéré d’ici là comme un accord plancher, visant une réduction d’AU MOINS 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Cet objectif paraît en effet totalement insuffisant et ne contribue pas à une trajectoire mondiale permettant de rester sous la barre des +2°C. Il faut également que l’Union Européenne soutienne VRAIMENT l’inscription dans l’Accord de Paris de cycles d’engagements réguliers tous les 5 ans, associé au principe de progressivité (les nouveaux engagements sont obligatoirement supérieurs aux précédents). Pour qu’elle soit crédible dans cette défense, l’Union Europénne doit se doter elle-même d’un objectif clair et ambitieux pour 2025.

Il a également été souligné que l’adoption d’un accord comme le TAFTA (traité transatlantique entre USA et UE)  serait en complète contradiction avec les mesures à prendre pour contribuer à la stabilisation du climat.

 

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Une opportunité historique pour l’Union Européenne

Txetx Etcheverry d’Alternatiba a conclu en affirmant que l’Union Européenne a dans la bataille du climat l’occasion de redonner du sens au projet européen, mal en point notamment du fait du traitement de la crise Grecque. Il y a ainsi la possibilité de définir un nouveau modèle de société européenne plus sobre et donc plus autonome énergétiquement, plus juste et solidaire,  mieux régulée et soutenable, avec une meilleure qualité de vie (les problèmes de santé liés à la pollution de l’air coûtent 1 600 milliards de dollars annuels à l’UE selon l’OMS), et permettant de s’attaquer réellement au chômage de masse qui frappe durement les populations les plus vulnérables : des millions d’emplois pourraient rapidement être créés par une politique ambitieuse de transition sociale et écologique en Europe.

La ministre a répondu aux différentes interpellations, en soulignant les efforts réalisés pour tenter de répondre à un certain nombre de ces constats. Elle a insisté sur l’importance de la mobilisation de la société civile, qualifiant les militant-e-s présent-e-s d’éclaireurs de la bataille du climat (« frontrunners »). A ses yeux, le rôle des Etats est aujourd’hui de construire le cadre légal dans lequel pourraient s’épanouir les alternatives portées par la mobilisation citoyenne.

 

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Une réunion a suivi entre Mme Dieschbourg, Norry Schneider du mouvement Luxembourgeois Transition Minett, Txetx Etcheverry et Cécile Marchand du Tour Alternatiba. La discussion a alors  permis de rentrer plus en détail dans les questions posées à la présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne.

Le Tour Alternatiba a ensuite repris sa route, en direction cette fois de la Belgique.