Category Archives: Tour Alternatiba 2015

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Contrôles policiers, ville en transition : quelques jours intenses !

Jour 46 – 20 juillet

Quittant Mulhouse avec de beaux souvenirs en tête, nous nous dirigeons vers l’Allemagne accompagnés par de sympathiques Alsaciens qui pédalent avec nous sur d’agréables voies vertes. Parmi eux se trouve Dominique de l’association CADRes, qui nous offrira de bon matin de supers porte-clefs vélo… il n’y a pas à dire, nous sommes vraiment gâtés, et nos efforts largement récompensés par la chaleur et la générosité de ceux que l’on rencontre ! Pascal et Sandra, les copains de Fokus 21 venus de Marseille pour le tournage de leur documentaire consacré à la dynamique Alternatiba, avant et après la COP 21, nous ont également retrouvé.

 

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Avant de passer la frontière, alors que le nom des villages que nous traversons nous semblent de plus en plus difficiles à prononcer, notre petit cortège s’arrête devant la plus vieille centrale nucléaire de France, la centrale de Fesseheim. C’est alors pour nous l’occasion d’exprimer clairement notre opposition au développement de l’énergie nucléaire, de rappeler au chef de l’Etat qu’il s’est engagé à mettre un terme au fonctionnement de ses réacteurs, et d’appeler à une sortie progressive du “tout nucléaire” à la française. Une information transparente et une gouvernance démocratique sont des conditions sine qua non à la réussite de la transition sociale et écologique que nous appelons et dont nous promouvons les premières manifestations. Celle-ci met en place des solutions de long terme, permettant de préserver la viabilité de nos territoires et plaçant l’intérêt collectif au delà de celui des grandes entreprises. Par son extrême dangerosité et l’opacité qui règne autour de sa gestion, la technologie nucléaire n’est en rien compatible avec la construction d’une société plus juste et durable.

 

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Alors que nous marquons une pause devant le bâtiment d’EDF, nous sommes rejoints par un petit groupe de militants anti-nucléaires allemands, tout aussi concernés que nous par les risques inhérents au maintient de l’activité de la centrale – car contrairement à ce que raconte le mythe, la propagation de particules radioactives ne se laisse pas impressionner par un passage de frontière. Martin, cycliste germanique à l’énergie débordante, pédale sans relâche pour faire fonctionner sa dynamo et alimenter en énergie renouvelable et sûre, les enceintes accrochées à son porte bagage. Max, Cécile et Txetx se partagent le micro pour animer cette prise de parole bilingue, puis nous prenons une photos collective, avant de quitter ce lieu à l’atmosphère pesante. De l’autre côté de la porte du bâtiment, fermée dès notre arrivée, certains travailleurs du site profèrent des insultes. Le sentiment que ce sujet clivant et particulièrement sensible laisse peut de place au dialogue est désagréable.

A peine un kilomètre après avoir repris notre chemin, une voiture de la gendarmerie arrête le convoi et exige de relever l’identité des cyclistes. Parcourant la France et l’Europe à vélo pour promouvoir les solutions aux multiples crises que connaît notre modèle de société ainsi que l’urgence d’agir face au changement climatique, notre démarche est résolument positive et non-violente. Appeler à une transition énergétique sans fossile ni nucléaire ne relève-t-il pas de nos droits fondamentaux ? Dans un pays qui se targue d’être le haut lieu de la liberté d’expression, la puissance des lobbys finirait-elle par l’emporter ? Quoiqu’il en soit il s’agissait de notre premier contrôle de la part des autorités, et comme vous vous en doutez, cela n’a pas été une partie de plaisir. Pendant ce temps là, Martin avait choisi de faire chanter Brassens, teintant la situation d’une absurdité encore plus marquée !

 

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Heureusement, la suite de notre programme à de quoi nous redonner du baume au cœur : nous sommes invités à déjeuner par la Garten Coop de Tunsel ! Après avoir dégusté un excellent repas (une salade composée de laitue et de fleurs fraîchement cueillies suivie d’une sorte de ratatouille – nous sommes de retour dans le Sud, de l’Allemagne cette fois !), Luciano, un des fondateurs du projet, nous fait une visite guidée de la ferme. La coopérative agricole a 5 ans, elle est née de la volonté d’apporter une alternative au modèle d’agriculture industrielle (n’oublions pas que plus de 40% des émissions de gaz à effet de serre sont liées à notre alimentation) ainsi qu’à la recherche d’autonomie alimentaire des populations urbaines. 300 familles se sont alors regroupées dans la gestion collective de cet espace (prise de décision au consensus et mise en commun des biens, participation -en fonction des possibilités de chacun- à la récolte ou à distribution des produits ; la récolte annuelle de pommes de terre est un temps fort, elle est suivie d’une grande fête réunissant tout le collectif !). La culture des légumes, fruits, plantes aromatiques et céréales y est saisonnière et biologique, elle se pratique en rotation, à l’aide de semences pures, non transformées et fertiles, sur 9 hectares. Ce modèle efficace fait bien des émules : aujourd’hui des dizaines d’autres lui emboîtent le pas, et la nouvelle génération d’agriculteurs, attirés par sa “stratégie du concombre tordu” (décrite dans ce petit documentaire) ne cesse de venir d’inspirer à la Coop !

 

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Le moment a été enrichissant et très agréable, jusqu’à ce que… sept voitures de police, allemande cette fois, débarquent. S’apercevant que certaines personnes présentes sur leur vidéo volée n’avaient par été identifiées lors du premier contrôle, les autorités françaises ont donné pour mission au procureur de Fribourg de redresser le tir ! Sous la menace d’arrestations et de blocage du Tour, nous déclinons une fois de plus nos identités, de manière plus méthodique cette fois… Mais outre son absence de légitimité, nous avons d’importants doutes sur la légalité de l’opération. Étudiant la possibilité d’une plainte pour ce que nous considérons comme un abus de pouvoir, il se peut que cette affaire connaisse certains rebondissements.

 

 

A peine remis de nos émotions, nous voila de retour sur les triplettes en direction de Fribourg, ville de la liberté et de l’écologie urbaine, voila qui tombe à pic ! Après une vélorution remarquable par le nombre de participants, leur enthousiasme et l’intérêt qu’a suscité en nous cette bourgade pleine d’arbres, de potagers, de parcs et de cycles, nous sommes arrivés dans un centre politique et culturel autogéré, le KTS, ou un repas végétalien et biologique était servis gratuitement au public !

 

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Jour 47 – 21 juillet

Aujourd’hui nous passons la journée à Fribourg et en profitons pour découvrir un autre lieu hors du commun, le Strandcafé. Nicolas de l’Engrenage, cyclo-inventeur Vosgien dont seule la créativité égale la gentillesse, nous rejoint pour perfectionner le mécanisme du vélo générateur qu’il nous a fabriqué. Pascal et Pierrot en profiteront pour faire la révision complète des triplettes et quadruplette.

Le Strandcafé fait partie d’un ensemble foisonnant et étonnant, hébergé dans une usine de plomb réhabilitée. Alors que hausse des prix des logements et crises sociales avaient fait de ce lieu un squat dans les années 70, sa pérennisation est passée par une entrée dans la légalité et la création d’une sorte de SARL, qui réunit un collectif d’habitants et un syndicat. Ce dernier dispose d’un droit de veto sur toute éventuelle tentative de réintroduction de l’immeuble sur le marché et garanti l’intégrité des prix du loyer. De ce fait, ces derniers sont actuellement deux fois moins chers que les prix du marché, ce que permet à une radio libre, de nombreuses associations, au Strandcafé, ainsi qu’à plusieurs collocations de faire de cet espace un lieu de convivialité et de convergence pour des initiatives éco-citoyennes, des festivals et autres événements culturels, ou le soutien à des luttes anarchistes.

 

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Après un repas des plus sains, nous nous sommes réunis non loin de là pour notre “boboti” quotidien dans sa version élargie. Le “boboti” – dernier avatar du concept évolutif de la réunion après la “salade” et le “clafoutis” – s’est étendu sur plus de deux heures, histoire que nos méninges grillent l’énergie délaissée, en ce jour de pause, par nos cuisses et nos mollets. Une fois que nous nous étions tout dit, ou presque, nous avons rejoint le parc municipal de Fribourg pour assister au village Alternatiba organisé par un collectif de citoyens allemands. Stands, concerts, repas partagé et même sessions de yoga et de qi gong ont réunis une fois encore un beau public, dans une atmosphère on ne peut plus propice aux échanges !

Nous avons ensuite partagé avec nos amis locaux une bonne (série de) bière(s) au cœur de l’une des places de la ville où les fêtards ont l’habitude de laisser filer le temps, assis tranquillement sur les pavés… jusqu’à ce qu’un “bruitomètre”, gros plot lumineux passant du vert au rouge en fonction des décibels enregistrés sur la place en temps réel, les informe de leur abus de bavardage. Il a fait bon se laisser aller à ce moment d’oisiveté joviale à la fribourgeoise, de parler de choses et d’autres et de manifester ces liens d’amour et d’amitié qui nous lient et se resserrent au fil des jours.

 

 

Jour 48 – 22 juillet

Nous sommes une bonne quinzaine de cyclistes à quitter Fribourg ce matin. Parmi eux, un jeune ingénieur paysagiste nous informe que la ville possède 50% de logements sociaux, en alliant exemplarité environnementale et prise en compte sérieuse des enjeux sociaux, Fribourg n’a décidément pas fini de nous impressionner !

 

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Sur la route, nous sommes surpris pas une vision étrange : une ville factice venue de nulle part surgit au milieu des champs de maïs, elle se nomme Europapark. Tout y est faux et le parc semble vide. Alors que certains frissonnent, Pascal, qui manie le second degré (voir le troisième) avec intelligence et sans vergogne, ne manquera pas l’occasion. “Les allemands aiment tellement la bière que même les fenêtres sont pintes” lancera-t-il… no comment l’ami 😉

Avant de franchir le Rhin, nous faisons halte à Weisweil. L’accent ici est très prononcé. Nous apprenons alors qu’il existe un dialecte commun à la région, s’étendant sur une partie de la France, de la Suisse et de l’Allemagne, “le bas alémanique”. C’est l’occasion d’observer une fois de plus que des éléments de cultures et langues rassemblent les populations, au delà des frontières instituées.

Kurt et ses camarades nous accueillent ce midi, à la Evangelisher Gemeindehaus. Autour de la table sont réunis des convives de choix : ils font partie des premiers militants anti-nucléaires, d’un collectif citoyen ayant réussi à empêcher la construction d’une centrale dans la localité, il y a 30 ans. Pour nous qui venons de nous confronter à la rigidité des pro-nucléaires, le succès de cette lutte est impressionnant, nous avons bien des questions à leur poser.

 

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Au cours d’une discussion passionnante, Kurt évoqua ce qui selon eux eut une incidence déterminante, avant même que les dangers du nucléaire civil n’aient été reconnu. Outre une  détermination sans faille des activistes – nous garderons en mémoire le vibrant témoignage des militantes ayant organisé des actions directes non-violentes, notamment le blocage des sites, dont elles ont gardé de vives émotions – le maintient du dialogue avec les autorités et les partisans du nucléaire a joué un rôle important. De surcroît, Kurt a insisté sur le caractère crucial du développement, en parallèle de la lutte, des technologies renouvelables et surtout du photovoltaïque présenté d’emblée comme une alternative bien plus avantageuse. Réunions d’informations et colloques ont été organisés dès les années 70, pour  démocratiser l’usage des panneaux solaires… et il est vrai que depuis nos triplettes nous nous étions réjouis de la présence de nombreux panneaux sur les maisons environnantes !

Ces mobilisations et le maintien du dialogue entre les parties ont abouti à la création d’un document juridique, sorte de traité inédit, entre citoyens et autorités régionales : en voila un bel exemple de démocratie participative ! Il a permis de faire avancer le débat et de trouver des solutions alternatives, avant que l’accident de Tchernobyl et ses répercussions dans la région n’enterrent définitivement le projet.

 

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Après cette pause instructives, nous sommes remontés sur nos vélos en direction de Strasbourg. Alors que la ville a hébergé son premier village des alternatives à la fin du mois de juin, nous étions heureux de nous imprégner de son atmosphère ! Après avoir embarqué des organisateurs du village sur nos montures collectives, nous avons tous pris part à une belle déambulation festive et revendicative, dans cette jolie ville qui facilite le transport à bicyclette !

 

 

A l’arrivée au jardin du Lombric Hardi, un jardin partagé très biodiversifié, nous avons une fois de plus bénéficié d’un accueil chaleureux et d’un copieux repas. Nous avons ensuite gagné l’espace de la maison citoyenne du quartier, un des QG de la préparation du village, pour visionner en avant première le petit film retraçant la tenue de l’événement, puis partagé l’expérience des Strasbourgeois, très satisfait du résultat ! 130 organisations y étaient représentées, et plus de 10 000 visiteurs s’y sont rassemblés… Maintenant c’est l’été, mais les rendez vous sont pris pour la rentrée, avec le lancement d’une monnaie locale à l’échelle de l’agglomération strabourgeoise, le stuck !

 

 

Et maintenant direction le camping pour aller recharger les batteries, nous nous levons de bonne heure demain matin, et la journée promet d’être haute en couleurs !


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Convergence des Tours pour les alternatives : le Tour Alternatiba et l’AlterTour

Nous vous parlions quelques jours avant le départ du Tour des étranges pointillés présents sur la carte : les “Tours étendus”. Ces convergences avec d’autres initiatives inspirantes, dans la même veine que le Tour Alternatiba, sont importantes. Elles signifient qu’Alternatiba n’est pas seul à prendre la route pour la transition, mais aussi, et surtout, que ce mouvement peut s’unir avec d’autres pour former une convergence des luttes climatiques.

 

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Ce sera donc le cas du 27 au 30 juillet, de Thionville à Charleville-Mézières, où les cyclistes du Tour Alternatiba pédaleront de concert avec ceux de l’AlterTour.

 


 

L’AlterTour est un relais solidaire à vélo qui existe depuis 2008, et s’élance tous les étés à la découverte des alternatives. Un tour à vélo en autogestion, pour réclamer « un monde sans dopage, plus équitable et plus juste », et briser l’isolement de ceux qui remettent en cause le modèle de notre société. Il est en effet parfois difficile de ne pas se sentir isolé, voire incompris, quand l’on tient un discours différent, remettant en cause un modèle de société ultra-dominant, réfractaire et agressif face à tout changement. Cet isolement est d’autant plus dur que localement, on a vite fait le tour des sympathisants et il est facile de tomber dans l’entre-soi et le communautarisme.
Dans cette morosité ambiante, l’AlterTour permet de vivre cet autre monde que l’on imagine et de se ressourcer tout en faisant de nombreuses rencontres enrichissantes. On revient chez soi plein d’espoir et muni d’outils nécessaires pour diffuser l’information et mettre en place localement les bases d’une nouvelle dynamique mondiale.

 

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Cette année, ce tour de France des Alternatives partira de Bar-le-Duc (55), le 18 juillet, pour arriver à Calais, le 23 Août. Il passera par Bure, Nancy, Metz, la Belgique, le Luxembourg et Lille.


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La route des alternatives de l’Eurovélo 6 au village Alternatiba Mulhouse !

Jour 43 – 17 juillet

Pour se rendre à Baumes-les-Dames nous longeons le Doubs en empruntant la véloroute n°6 qui relie Nantes à Budapest en passant par Besançon. Alors qu’un soleil de plomb flotte au dessus de nos têtes, nous nous laissons guider à vive allure par les pictogrammes verts.

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Pendant ce temps là, le camion logistique arrive à bon port. Après avoir cuit pendant une quarantaine de minutes dans le fourgon, nos trois logisticiens du jour sont accueillis par Carine, Reyneld et Xavier. Avec l’aide de ces derniers, le stand est installé illico presto, cela laisse un peu de temps pour discuter avec des habitants. C’est l’occasion de rencontrer un groupe de jeunes baumois qui a réalisé une exposition sur les gestes du quotidien qui permettent de changer le système et pas le climat.

Une fois deviendra peut être coutume, c’est un membre du club d’athlétisme local, chaussures au pied et semelles sur le bitume, qui ouvre la voie à la vélorution.

Nous avons beau chercher un coin d’ombre, c’est bien sous le soleil ardent que nous remettons à M. le Maire le pacte de transition, en présence de l’adjoint à l’environnement. C’est l’heure de la pause goûter, quelques biscuits et un bon verre jus de pomme avant de rejoindre Barth qui animera la conférence ce soir là.

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A la sortie de la conférence, le soleil a pris rendez vous avec la lune et commence à décliner dans le ciel. Les vendredis soirs de l’été, la commune organise des soirées concerts, danses, l’ambiance y est joviale, toutes les générations se rassemblent sur la piste de danse. Les villageois amènent leurs paniers et voilà que se constitue une grande tablée improvisée, le stand Alternatiba rangé, nous les rejoignons.

Nous en apprenons un peu plus sur l’association Gaia 25 qui nous a accueilli ce soir. Cette association d’éducation à l’environnement mène une sensibilisation écocitoyenne via des animations natures, telles que des découvertes ludiques de la faune et la flore ou encore la gastronomie sauvage. Des animations au cours desquelles on découvre les bienfaits et les délices de l’ortie, de l’épiaire, de l’égopode, de l’ail des ours et tant d’autres trésors que nous offre la nature. Également investis dans une démarche économique et sociale, les membres de Gaia sont à l’origine d’un café associatif nommé La promenade gourmande et du Marché des producteurs et artisans (voir vidéo ci dessous).

Le temps de déguster une tarte citron meringuée préparée par des voisins de table, nous rencontrons Lutopik, un nom qui donne envie d’y croire. Ce Lutopik est un magazine trimestriel militant, et une partie de l’équipe de rédaction partage notre table ce soir, ce sera l’occasion d’échanges multiples et de croisements d’expériences. Pluralité d’avis sur un même thème, journalisme au contact des habitants, partage de temps de vie, etc., nous nous sentons proche des opinions qu’ils partagent dans leurs colonnes.

Le concert bat son plein, il est l’heure pour quelques uns d’entre nous de rentrer dormir à la Capitainerie, pendant que d’autres termineront la soirée à boire des coups avec les locaux et à se trémousser sur les rythmes cubains endiablés !

 

Jour 44 – 18 juillet

Un drôle de bruit tape aux carreaux de la Capitainerie, flic, floc, flic, floc… Depuis, la fête de la musique, la pluie n’avait pas pointé le bout de son nez à Baume-Les-Dames. Ô joie !
Après un délicieux petit déjeuner marqué par un accident de tasse de café, nous remercions une dernière fois nos hôtes et prenons la route escortés par Carine qui nous avait accueilli la veille sous le soleil.

Pendant plus d’une heure, la pluie tombe sur notre chemin, Txetx en profite pour nous prendre en photo affublés de nos magnifiques Kway plus ou moins imperméables.

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La route jusqu’à l’Isle-sur-le-Doubs nous donne également l’occasion d’apercevoir des hérons cendrés alors que des mésanges nous mettent au défi de les rattraper.

Après la pluie vient le beau temps, et la rencontre avec des membres de l’association Vélocité. Cette association qui porte la conviction que le vélo peut rendre plus agréable la vie des habitants du Pays de Montbéliard a récemment mis en place un atelier vélo participatif et associatif. Les ateliers vélos comme les ressourceries sont des moyens pour chacun, chacune de bénéficier de conseils de bénévoles afin de réparer plutôt que de jeter puis racheter un mixeur ou encore un VTT.

Le temps du repas, nous faisons connaissance avec Boris, un membre de vélocité qui nous évoque l’existence de Vergers Vivants. Fondée par des passionnés, cette association installée à Vandancourt participe à une meilleure connaissance et protection des vergers. Il est possible d’y amener une récolte de pommes, de produire son propre jus et de participer sous forme de troc ou non à l’existence et à l’entretien de ce lieu. La prochaine fois que vous aurez un amas de pommes dans votre cave, n’hésiter pas à aller frapper à la porte de cet endroit, vous n’y serez pas paumé … !

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Après avoir dégusté du pâté végétal, du morbier, des abricots et autres délicieux plats sous le carrousel de l’Isle-sur-le-Doubs, nous sommes remontés sur nos montures. Cette fois-ci accompagnés de cette joyeuse équipe de Vélocité à laquelle se sont joints nos amis Kévin et Sylvia de retour parmi nous. Qu’il est bon de les retrouver !

Le soleil nous brûle la peau et les crèmes solaires sont de sortie cette après-midi. La route est courte et se passe sans embûches. A notre arrivée à Montbéliard, une trentaine de cyclistes nous attendent pour le départ de la vélorution.

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Pendant plus d’une heure, nous pédalons au rythme de la voix de Joan, qui, perché sur son vélo sono scande à tue-tête les slogans d’Alternatiba. Assis sur nos vélos, nous apprenons que la municipalité en place depuis mai 2014 à Montbéliard a rendu interdite la pratique du vélo dans certains parcs de la ville, et à également ré-ouvert aux voitures des voies anciennement piétonnes…

Nous arrivons finalement au parc du Prés-La-Rose pour partager un repas en présence d’une partie de l’organisation du futur village Alternatiba qui se tiendra les 26 et 27 Septembre à Audincourt.

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Pendant que le repas se termine, nos deux mécaniciens s’en vont s’occuper de la maintenance des vélos, plateaux et chaînes au menu ce soir. Alors que le soleil se couche sur Montbéliard, nous laissons Txetx finir la conférence avant de rejoindre nos hôtes, Béatrice et Victor.

 

Jour 45 – 19 juillet

Aujourd’hui est un jour un peu spécial, car nous prenons la direction de Mulhouse, où se tient toute la journée un grand village des alternatives organisé par le groupe local Alternatiba Mulhouse.

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Au cours de notre promenade vélorutionnaire, nous avons été invité à boire le thé au sein de l’espace de Vita’Rue. Cette association propose tous les dimanches des rassemblements autour d’animations variées (sport, détente, concerts, etc.). De ce fait différents publics viennent y faire un tour et s’intéressent à de plus en plus de sujets, pratiquent de nouvelles activités…

Puis nous sommes arrivés au Parc Salvator où se tenait le village des alternatives Alternatiba Mulhouse. Après avoir reçu une ovation de la part du public, nous avons été acueillis par des représentants des institutions locales.

Lors de sa prise de parole, Jean Rottner, le maire, fait part de son intérêt pour Alternatiba, car c’est un mouvement venant de la base. A ses côtés, Joe Spiegel, président délégué de la communauté d’agglomération (M2A, Mulhouse et 38 localités voisines), évoque le développement de liens transfrontaliers avec Bâle et Fribourg (villes ayant initié depuis plusieurs années une transition écologique), et partage avec les participants du village sa fierté d’accueillir le Tour et de voir se concrétiser l’engagement et le travail de la quarantaine d’associations présentes sur le village. La préparation a en effet réuni citoyens, élus et agglomération, dans une démarche d’intégration qu’il faut continuer à développer. Les deux élus ont ensuite signé le Pacte de la transition, dans une version amendée par le collectif Alternatiba Mulhouse, adaptée aux réalités locales.

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Outre le soutien des élus, ce village est intéressant pour la grande mixité du public rassemblé, avec 3000 personnes sur la journée ! C’est notamment grâce à une belle organisation, et les plus de 100 bénévoles qui ont œuvré à la réussite de ce village, au sein duquel a circulé la Cigogne, monnaie locale et solidaire.

Merci également pour le délicieux repas partagé préparé collectivement, qui a été offert à 400 personnes !

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Nous avons ensuite pu assister à de super concerts, dont celui de Jérémy LaMusik qui a fait chanter danser et jouer la joyeuse troupe d’enfants profitant du début de leurs vacances, ainsi que les fêtards restés ce dimanche soir profiter de cette ambiance conviviale et festive.

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Et pour ne rien gâcher, nous avons été hébergés chez Sylvie et Victor dans une maison alsacienne très accueillante. Merci ! 🙂

 


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Tour Alternatiba pour le climat : Incident surréaliste à Fessenheim

 

Scandaleux : la France demande à la police allemande de bloquer le Tour Alternatiba, en représailles à une prise de parole anti-nucléaire devant la centrale de Fessenheim ! Ironie de l’histoire, la ministre de l’écologie venait d’attribuer le label COP21 à cette “initiative ambitieuse et innovante”.

Le Tour Alternatiba est arrivé à Fessenheim ce lundi 20 juillet, après être parti le matin de Mulhouse où 600 personnes avaient accueilli son arrivée la veille dans une ambiance de fête populaire et dans le cadre d’un Alternatiba qui a rassemblé plus de 3000 personnes tout au long d’un beau dimanche ensoleillé.

 

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La police allemande entre dans la ferme où les cyclistes prennent le déjeuner

 

Nucléaire ou climat, il faut choisir !

Le Tour Alternatiba a marqué une pause devant la centrale nucléaire de Fessenheim pour rappeler l’opposition d’Alternatiba à la filière nucléaire. Devant plusieurs médias et caméras, un porte-parole du Tour a ainsi déploré que les milliards engloutis dans la filière nucléaire ne soient pas plutôt investis dans les politiques de sobriété énergétique (isolation des logements, développement des transports collectifs de proximité etc.) et dans le développement des énergies renouvelables. Le Tour Alternatiba a rappelé que lors de son étape d’Aix-en-Provence, les ouvriers de Nexcis fabriquant des vitres à la fois isolantes et productrices d’énergie solaire protestaient contre la fermeture de cette filiale d’EDF.

Cet exemple montre bien que les investissements actuels tournent le dos aux économies d’énergies et aux énergies renouvelables, grâce auxquelles beaucoup plus d’emplois pourraient être créés, répartis sur tout le territoire français, qu’avec les énergies fossiles ou nucléaire. Le Tour Alternatiba terminait en dénonçant le jeu trouble et anti-démocratique du lobby nucléaire en France qui tente de saboter le développement de l’éolien, et qui va jusqu’à bloquer un engagement présidentiel comme celui de la fermeture de la centrale de Fessenheim.

 

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Opération de gendarmerie contre le Tour Alternatiba :

Alors que tout s’était jusque là déroulé sans incident et sans aucune remarque de la part des autorités, et que le Tour Alternatiba avait repris son chemin pour rejoindre l’Allemagne toute proche, la gendarmerie l’a bloqué environ un kilomètre plus loin, sur un bord de route. Les gendarmes ont alors entrepris de contrôler l’identité des cyclistes. Quelques uns d’entre eux se sont étonnés de ce contrôle, le premier depuis que le Tour Alternatiba est parti de Bayonne le 5 juin dernier, et alors même que le Tour a pris la parole devant d’innombrables sites, édifices et places et qu’il a croisé à de multiples reprises la gendarmerie sans que jamais elle ne veuille contrôler l’identité de ses participants. Il s’agissait donc clairement d’une opération de fichage des 24 cyclistes ayant participé à la prise de parole devant la centrale de Fessenheim. Bref, la liberté d’expression connaitrait elle des limites particulières en France dés lors qu’on évoque la question du nucléaire ?

 

CKWk_9yWwAEMf3vLa gendarmerie française bloque le Tour Alternatiba

 

La France fait intervenir la police allemande !

Le commandant de gendarmerie et ses hommes ont néanmoins fini par laisser repartir le Tour Alternatiba, qui a repris sa route normale et a fait une pause repas dans une ferme coopérative et alternative à Tunsel, en Allemagne. C’est là que les cyclistes ont vécu un moment à la fois surréaliste et particulièrement choquant. 7 véhicules de police sont arrivés sur les lieux et la police allemande est entrée dans la ferme, pourtant propriété privée. Ils ont annoncé aux cyclistes que la France avait demandé au procureur de Freiburg de contrôler l’identité de tous les cyclistes présents, et qu’en cas de refus de leur part, il convenait de bloquer le Tour. Après un long moment de protestation contre cet abus de pouvoir manifeste, les policiers allemands bloquant physiquement le départ du Tour, et celui ci commençant à être sérieusement en retard (un rendez-vous avec une centaine d’autres cyclistes était fixé à 18h00 à Freiburg), ces derniers ont tous décliné leur identité.

 

CKXX5-zWEAAWj5c7 véhicules de police pour bloquer des citoyens mobilisés sur le climat

 

Une histoire surréaliste en pleine année de la COP21 :

Cette histoire est tout simplement surréaliste. En plein année de la COP21, la France demande à un pays étranger de bloquer le passage d’une mobilisation climatique à la fois 100 % citoyenne, entièrement pacifique et particulièrement constructive (un tour cycliste de 5 600 km et la traversée de 187 territoires différents pour y promouvoir les différentes alternatives au dérèglement climatique). Ironie de l’histoire, dans une lettre officielle du 10 juillet, la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie Mme Ségolène Royal venait de lui attribuer le label COP21 (reconnaissance gouvernementale des projets de mobilisation climatique d’intérêt général), et ce dans des termes particulièrement élogieux pour le Tour Alternatiba (voir extrait ci-dessous) :

lettre label COP21

 

Les cyclistes du Tour Alternatiba ont rendez-vous ce mardi 21 juillet avec une avocate allemande pour étudier les possibilités de déposer une plainte contre l’intervention de la police allemande. Il s’agira également pour eux de savoir précisément qui a fait cette demande surréaliste auprès du procureur de Freiburg, et avec quelle motivation. Tout cela n’empêchera pas le programme prévu sur Freiburg à l’occasion du passage du Tour Alternatiba de continuer à se dérouler normalement aujourd’hui, avec le maintien des formations, conférences et concerts prévus à partir de 16H00 au parc central de la ville Stadtgarten.

 

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Malgré toutes les embûches, arrivée à Freiburg

 

Photos libres de droit


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Déjà plus de 2 300 km : le Tour Alternatiba en Europe

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Parti le 5 juin de Bayonne, le Tour Alternatiba a déjà parcouru plus de 2 300 km, soit plus d’un tiers du total prévu, et s’apprête à entrer en Allemagne ce lundi 20 juillet. Restent donc 3337 km avant d’atteindre Paris le samedi 26 septembre.

Un mois et demi de Tour Alternatiba, ce sont également 60 vélorutions (manifestations en vélos dans les centres villes), 32 conférences publiques, des concerts ou villages associatifs, d’innombrables rencontres avec les collectifs, associations et élus locaux, interviews avec la presse régionale…

Des milliers de citoyens mobilisés sur le climat :

Ainsi, des milliers et des milliers de citoyen-ne-s sont déjà mobilisé-e-s sur le climat partout en France mais également en Europe grâce au Tour Alternatiba.

Pour le Tour Alternatiba, il s’agit autant d’inviter les populations à mettre en route sans attendre la transition sociale et écologique que d’interpeller les responsables politiques pour agir localement et globalement à la stabilisation du climat. C’est dans cette double perspective qu’un Pacte de Transition est remis aux maires et présidents d’intercommunalités des territoires traversés, et que le Tour Alternatiba rencontrera le mardi 28 juillet la présidente du Conseil Environnement de l’Union européenne (UE) en charge de coordonner la position de l’UE pour la COP21.

 

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Réunion avec la présidente du Conseil “Environnement” de l’Union Européenne :

Depuis le 1er juillet, le Luxembourg assure la présidence du Conseil de l’Union Européenne, jusqu’à la fin décembre. C’est donc lui qui représentera l’UE pendant la COP21.

Dans ce contexte, le Tour Alternatiba se réunira avec Mme Carole Dieschbourg, Ministre de l’environnement luxembourgeoise. En sa qualité de présidente du Conseil Environnement de l’Union européenne (UE) en charge de coordonner la position de l’UE pour la Conférence de Paris, la ministre a rappelé qu’il reviendra au Luxembourg de “défendre, aux côtés de la Commission, la position européenne” pendant la COP21.

Le Tour Alternatiba lui exposera ses attentes sur la présidence de l’UE à 5 mois de la COP21. Nous parlerons notamment du niveau des ambitions de réductions de gaz à effet de serre de l’UE, des mesures concrètes qui peuvent être décidées dés maintenant par un certain nombre d’Etat européens (par exemple le Green Growth Group qui doit se réunir en septembre) pour commencer à agir sans attendre la mise en application d’un Accord mondial en 2020, des questions centrales de financement, de la structure même de cet Accord mondial et bien évidemment des positions et politiques concrètes de l’Union Européenne.

Après le Luxembourg, le Tour Alternatiba traversera également une partie de la Belgique. Il fera notamment étape à Bruxelles le lundi 3 août.

Sans titre-8Conférence quotidienne du Tour Alternatiba