Category Archives: Tour Alternatiba 2015

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De Dijon à Baume les dames : les élus mobilisés pour le climat !

Jour 40 – 14 juillet

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En partant de Châlon ce matin nous nous apprêtons à traverser les vignobles les plus réputés de France. Et nous aurons beau rouler à vive allure, avec une moyenne avoisinant les 35 kilomètres heure, nous ne nous prendrons même pas le temps de nous arrêter pour une dégustation. Les épicuriens du groupe en seront un peu frustrés mais avec la chaleur qu’il fait, mieux vaut rester à l’eau !

Il faut dire aussi qu’un beau programme nous attend à notre étape de Marsannay-la-Côte. Dans cette ville qui était à l’origine le lieu de départ de notre vélorution vers Dijon, se tient finalement un petit village des alternatives. Un groupe des Amis de la Terre franco-allemand nous y rejoint à vélo, il est composé d’une délégation de Joingy et de leurs collègues du Bund, ayant traversé la frontière pour venir à la rencontre du Tour. Originaire de Koblenz, le groupe prépare actuellement son village Alternatiba, essaimant la dynamique par delà les frontières ! A l’issue d’une conférence en plein air, au cour de laquelle Barth est parvenu à captiver l’audience, ils nous ont fait part de leur souhait de venir pédaler à nos côtés dans les jours qui viennent ! Bienvenus à vous les voisins !

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Augurant une série de rencontres fructueuses avec des élus locaux, nous avons ensuite entretenu une bonne discussion avec le maire adjoint de Marsannay, chargé de la transition énergétique et de l’environnement. Nous lui avons présenté le Pacte de la transition, dont il a étudié les 15 propositions : de nombreuses convergences entre les politiques municipales existantes ou en développement se sont révélées. Il semble qu’ici, associations locales et élus entendent développer les synergies !

Les membres de l’association Rire Sans Frontières, qui aborde des problématiques sociales et environnementales par le biais de l’artivisme nous ont présenté leur dernière campagne. “Stop au ralenti” vise à sensibiliser contre la pollution des moteurs tournant inutilement, à l’arrêt… un moyen pour les automobilistes de réduire facilement leur émission de gaz à effet se serre !

Pendant ce temps là, un journaliste du magazine La Vie a interviewé Fanny et Joan. Il désirait savoir ce qui a amené ces jeunes gens à consacrer leur été à un Tour de France en tandem, pédalant du matin au soir qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse 39 degrés à l’ombre. Il n’a pas été déçu d’apprendre que cela s’inscrit dans une réflexion globale sur l’état du monde, sur les moyens de déclencher un déclic au sein de la société, avant qu’il ne soit trop tard.
Pour eux, ce projet n’est que le début d’un engagement citoyen sur le long terme, d’une mise en adéquation de ses valeurs et de ses pratiques, et de partager la démarche le plus largement possible.
Ils se sont ensuite prêté à un exercice auxquels ils ne sont pas habitués : un shooting photo digne du festival de Cannes ! Une fois la gêne des premiers instants passée, ils ont exhibé leur plus beau sourire face à l’objectif… Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour partager disséminer les bonnes Alternativibes 😉

Malgré l’attrait du feu d’artifice annuel, nous étions un bon petit nombre à se rassembler pour fêter notre 2 000 ème kilomètre en ce 14 juillet ! La vélorution nous a tous menés vers le Port du canal, d’où nous avons échangé des accolades avant de nous dire au revoir !

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Nous avons alors gagné notre lieu d’hébergement, qui a également été plusieurs semaines durant le QG de l’organisation d’Alternatiba Dijon : la maison de famille de Florence et de son fils Olivier. Nous y avons passé un moment très agréable, dînant à la lumière de la bougie dans un jardin sauvage, en échangeant sur nos projets respectifs. Au fil des étapes nous observons comment se mettent en œuvre les dynamiques locales et trouvons passionnant de constater que la formule se décline dans des contextes très variés. Nous étions alors curieux d’en apprendre plus sur le village des alternatives qui s’est tenu au cœur de la ville, du 26 au 28 juin dernier.

Ayant reçu un franc soutien de la mairie, le village a été organisé au cœur des magnifiques espaces du jardin Darcy et du jardin de l’Arquebuse. De ce fait, beaucoup de familles venues pique-niquer ou profiter de la fraîcheur végétale ont découvert les initiatives locales en matière d’urbanisme, de transport, de gestion de déchets, d’énergie, etc. le tout dans une ambiance de fête.
Outre cette ouverture à de nouveaux participants, le week-end est parvenu à rassembler des organisateurs très différents : des citoyens engagés dans leur vie de tous les jours, des milieux associatifs de sensibilités variées et des acteurs institutionnels… Ils ont pourtant donné naissance à un collectif harmonieux, résolument tourné vers l’avenir. Il y a alors de grandes chances que ce mouvement local dure dans le temps et continue à s’élargir, en incluant notamment des étudiants.

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A peine remis de ses émotions, le collectif organise  une réunion ouverte autour du thème “Analyses et perspectives, quelles suites pour Alternatiba Dijon”, le 25 juillet. Donnez nous de vos nouvelles cher amis Dijonnais, et rendez-vous à Nancy pour la Coordination européenne des Alternatiba !

 

Jour 41 – 15 juillet

Nous quittons Dijon ce matin en longeant le canal de Bourgogne. Du fait du peu de pluie tombée dans la région depuis plusieurs semaines, l’herbe est sèche et le niveau de l’eau, bas. Par ailleurs, sa température est de plus en plus élevée et la présence de produits phytosanitaires demeure problématique : différents types d’algues prolifèrent et affleurent à la surface, allant jusqu’à gêner la progression des embarcations sur le canal. C’est avec une pointe d’amertume dans la voix que Jean Marc, depuis son vélo couché aux allures de vaisseau spatial, nous a montré les grosses machines chargées de débarrasser régulièrement les eaux de ces plantes en surnombre. La vision du canal n’est pas aussi réjouissante que nous l’avions imaginée…

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C’est en petit comité que nous faisons halte ce midi à Esbarres. Ayant eu vent de notre passage, les membres du conseil municipal et leurs familles, ainsi que madame la Maire, ont décidé de nous accueillir. Cette pause à la bonne franquette est encore une manifestation d’un sens de l’hospitalité qui va au-delà de nos espérances, et qui nous permet de rencontrer des publics différents de jour en jour !

Nous avons ensuite dirigé nos guidons vers la charmante ville de Dole, dans le Nord du département Jurassien. Au détour des quelques stands installés sur le cour Saint Mauris à l’initiative du groupe local d’ATTAC, nous avons fait la rencontre de l’association le Serpolet. Soutenant une agriculture paysanne et biologique auprès des collectivités locales, citoyens et associations, elle facilite l’installation de paysans dans le pays dolois et leur assure des débouchés au sein de circuits courts où priment les échanges directs entre producteurs et consommateurs.

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Après un nouveau délicieux repas partagé – nous ne remercierons jamais assez les centaines de bénévoles ayant œuvré à l’optimisation gustative de nos apports énergétiques 😉 – nous avons fait rouler les triplettes sur quelques mètres pour atteindre notre bivouac du jour. Bivouac… En matière d’euphémisme, on ne peut faire mieux ! Ce soir là nous avons été hébergés dans une maison-musée au charme envoûtant… et nous attendions à tout moment à voir Mademoiselle Rose surgir de la salle de billard un chandelier à la main : cette ancienne chapelle d’hôpital semblait renfermer bien des secrets !

 

Jour 42 – 16 juillet

Partis à l’aube ce matin, nous prenons la direction de Quingey. Après un petit passage dans une des plus vastes forêts de l’hexagone, la forêt de Chaux, nous faisons halte à Arc-et-Senans, devant les célèbres Salines royales. Il n’y a décidément pas de hasard, après avoir salué un couple de voyageurs en tandem, nous voilà alpagués par un valeureux gaillard… c’est ainsi que nous rencontrons Mathieu de l’Altertour, en chemin pour rejoindre ses coéquipiers. Nous recroiserons bientôt la route de cette superbe épopée avec laquelle nous partageons tant, rendez vous à Thionville les copains ! Quelques coups de pédales de plus et nous voilà arrivés au point de rencontre des vélorutionnaires du coin. Le maire de Lombard et sa compagne y ont très gentiment soulagé nos gorges asséchées en arrivant avec un panier rempli de boissons fraîches… avant de monter sur la quadruplette !

Quingey, sympathique bourgade traversée par la Loue, nous aura surprise par la force et l’ampleur de l’engagement citoyen qui s’y développe. Emmenée par Serge et la commission “conso citoyenne” de l’association TRI, la vie associative locale joue sur plusieurs tableaux : la collecte, valorisation et vente des objets jetés, au sein d’une ressourcerie ; la gestion d’espaces naturels protégés et l’éducation à l’environnement sur la Côte de Moini ; la diversification de l’approvisionnement énergétique à l’aide de renouvelable local (étude d’un recours au financement par participation citoyenne d’un petit parc l’éolien, préalablement au développement du photovoltaïque et de l’hydraulique – ce dernier était encore présent dans la région il y a une cinquantaine d’années).

 

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Le maire de Quingey, qui nous a chaleureusement accueilli, a ensuite donné rendez-vous à tout le monde – sauf à nous, malheureux qui devons repartir ! – pour assister à un spectacle tout à fait à propos. Dans sa conférence gesticulée intitulée “Un maire de famille”  Nicolas Debray aborde de manière on ne peut plus plaisante des sujets de fond sur la gouvernance et la démocratie locale, en s’inspirant des méthodes d’éducation populaire de Franck Lepage et de son expérience de maire de la ville d’Epival. Cette remarquable initiative l’est d’autant plus que Nicolas effectue ses tournées à vélo et dort chez l’habitant ou dans la nature : il donne alors un bel exemple de sobriété heureuse ! Pour couronner le tout, l’association Vergers retrouvés, dont les membres, bénévoles, récoltent les fruits laissés à l’abandon dans les jardins particuliers, nous ont fait découvrir le succulent nectar issu de leur pressoir. Il fait bon vivre à Quingey !

Comme le dit l’adage, ne nous arrêtons pas en si bon chemin, guidés par René, un faucheur d’OGM qui connaît chaque sentier comme sa poche, nous retrouvons la forêt de Chaux puis les bords du Doubs pour rejoindre Besançon, ou nous ferons étape ce soir là. Cette soirée à été pour nous l’occasion de croiser notre premier climatosceptique (et non, cette espèce animale là n’est manifestement pas disparue…) lors de la conférence quotidienne du Tour, qui s’est déroulée dans la salle Proudhon, du nom du célèbre théoricien de la révolution, né à Besançon.

Mais cela a surtout été pour nous l’opportunité de faire connaissance avec les habitants d’un lieu hors du commun. A la colloc’ de la place du Jura, l’art de la récup est manié avec une créativité impressionnante et se décline dans les cuisines, dans un atelier menuiserie, un atelier vélo, ou au sein d’une zone de gratuité mignonette, au grenier. La maison comprend également une salle de concert et de conférence, une brasserie, et tout plein de chambres rocambolesques aux lits et autres meubles suspendus. C’est alors naturellement que de ce cadre fécond est né le festival d’art de rue Du bitume et des plumes et un marché de produits bio et locaux… puisse la magie de la colloc’ continuer à opérer à “Bezak” ! Nous en sommes en tout cas repartis épatés… C’est fou tout ce qui peut se passer derrières d’innocentes façades !

Après cette expérience nomade des plus enrichissantes, il y fort à parier que bon nombre d’entre nous continuerons à transformer, nous aussi, les espaces qui nous entourent en des scènes de rêves éveillés… et vous, qu’est ce que vous en dîtes ?


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Le Tour Alternatiba remonte la Saône !

Jour 37 – 11 juillet : Le Tour remonte la Saône

Après une journée consacrée à la logistique et à l’organisation des prochaines étapes, nous repartons de la place Saint Jean dans le vieux Lyon. Ce matin, la place est vide mais le souvenir de la ronde des alternatives qui y étaient présentées et des plus de 1000 personnes qui sont venues nous accueillir à l’arrivée de l’étape virevoltent encore dans nos têtes. Nous sommes rejoints par Elisabeth du groupe local Alternatiba Grenoble et Fanny et Mathilde du groupe local Alternatiba Lyon. Nous prenons des nouvelles des Alternatiba qui sont en préparation pour cet automne dans ces 2 villes et sommes ravis de constater, partout où nous passons, que le dynamisme des nombreux citoyens engagés pour faire avancer le chemin de la transition écologique ne cesse de grandir. Cette remarquable vague de mobilisation nous donne à chaque étape des forces supplémentaires pour continuer dans notre périple.

 

 

Nous longeons la Saône qui nous accompagnera tout au long de la journée. Cette rivière sera notre guide, facile alors de trouver notre chemin ! Nous faisons étape à Anse pour une vélorution qui nous conduits à Villefranche-sur-Saône, dans un parc ombragé où plus de 90 personnes s’étaient réunies pour nous accueillir. Le collectif Convergence nous a préparé un copieux buffet partagé et a convié une quinzaine de porteurs d’initiatives à l’occasion de l’étape du tour.

Cette étape se fera en dansant et en jouant car nous avons le plaisir d’assister à des danses bretonnes ainsi qu’à des saynètes mises en scène par le collectif local Stop TAFTA. Impromptu théâtral fort à propos car l’adoption d’une délibération symbolique de « zone hors TAFTA » par les communes fait partie d’une des 15 mesures du Pacte de Transition que nous remettons aux élus lors de nos étapes. Les enfants ne sont pas en reste car des ateliers maquillage, jeux en bois et spectacle de clown leur sont proposés. Nous faisons ensuite la rencontre d’étranges personnages, des elfes sur échasse, qui viennent d’habitude conter des légendes dans les bois la nuit tombée, et qui ne manquent pas d’apporter leur soutien au livre « Alternativez-vous ». Les alternatives se diffusent partout, et même dans le monde fantastique des elfes !

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Nous y retrouvons également La Gonette, déjà croisée lors de notre étape à Lyon, monnaie locale et citoyenne de la région lyonnaise qui verra le jour en novembre 2015 et qui sera également étendue à la région de Villefranche, sous l’impulsion d’un groupe de citoyens motivés ! Enfin, après plus de 1800 km parcourus, c’est avec grand plaisir que nous croisons un couple de Basques avec leurs enfants et devisons en basque des nouvelles du pays.
Nous repartons à 15h en direction de Mâcon. Petite pause rafraîchissante au bord d’un lac, car les fesses commencent à fatiguer pour les nouvelles qui pédalent !

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Arrivés à Mâcon, nous entamons une vélorution avec la présence de nombreux enfants, la relève est assurée ! Nous sommes accueillis par le groupe local Alternatiba 71 qui prépare un Alternatiba les 26 et 27 septembre à Sancé. Bart donne alors sa première conférence, et au vu des retours, le message semble bien passé ! Cette conférence sera suivie d’une diffusion du film Sacré croissance, de Monique Robin. Laurence, membre d’Alternatiba 71 nous héberge et nous prépare un magnifique boboti, plat sud-africain qui comprend tous les ingrédients nécessaires à la récupération après une bonne journée de pédalage ! Nous décidons alors collectivement de rebaptiser nos réunions d’équipe quotidienne « boboti » afin de leur donner un goût savoureux !

 

Jour 38 – 12 juillet : Une abbaye vieille de 1100 ans face à une modernité qui déraille

Laurence nous accompagne jusqu’à Cluny. Cycliste chevronnée et habituée des AlterTour, nous nous laissons joyeusement guider. Nous parcourons une voie verte vallonnée et traversons un ancien tunnel de chemin de fer, désormais réservé aux vélos et aux piétons. À l’arrivée à Cluny, 120 personnes nous attendent dans une ambiance très conviviale et festive ! Les vélos ont revêtu leurs plus beaux atours et sont parés des tournesols des champs environnants. Une batucada nous donne le « la » de départ et c’est parti pour une vélorution endiablée dans les ruelles de la ville ! Une superbe Rosalie nous accompagne et nous avons la chance de passer devant l’abbaye de Cluny, vieille de plus de 1100 ans. Nous nous arrêtons devant l’épicerie bio de la ville, qui ne désemplit pas au fil des saisons. Vélos levés, pour saluer ce commerce qui favorise les produits locaux et issus de l’agriculture biologique.

L’AMAPP de Cluny (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne et de Proximité), réunissant producteurs et consommateurs dans la même association et qui a la particularité d’avoir un deuxième P dans son acronyme pour renforcer la dynamique de proximité, nous a concoctés un repas bio, local et ouvert à tous, pour la modique somme de 5 euros. Cela permet de sensibiliser la population sur le fait que l’alimentation biologique peut être accessible à tous si l’on favorise les circuits courts et ne constitue donc pas un frein financier. Nous nous régalons avec les salades, les saucisses et les glaces préparés par les producteurs de la Région qui nous font le plaisir d’être parmi nous. Les 100 repas initialement prévus sont largement dépassés et nous accueillons avec plaisir les nouveaux convives. Le président de la communauté de commune du Clunisois est parmi nous et nous lui remettons le Pacte de transition. C’est l’occasion d’un échange sur les initiatives en cours pour renforcer la transition énergétique et sur la dynamique du territoire, labellisé territoire à énergie positive.

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Nous repartons à l’assaut des routes vallonnées et nos cyclistes arrivent tout rouges et transpirants après une grande montée de 7 kilomètres juste avant le départ de la vélorution, alors que l’équipe logistique a pu faire une sieste au bord du lac 🙂 Une petite troupe de cyclistes s’est élancée avec nous sur la dernière descente vers le lac du Rousset où une fanfare champêtre nous attendait. Nous choisissons de faire un détour pour cette étape emblématique car nous sommes sur le lieu d’un projet très contesté de Center Parc, porté par le groupe Pierre et Vacances. Nous sommes donc accueillis par le collectif du Geai du Rousset Ce projet vise à investir 150 hectares de la forêt du Rousset, qui en compte 330, afin de créer 400 cottages pouvant accueillir de 4 à 8 personnes pour une surface habitable et 28 000 m2 et d’installer une bulle Aqua Mundo avec son ambiance tropicale créée artificiellement grâce à de l’air et de l’eau chauffée à 29 degrés toute l’année. S’il voit le jour, ce Center Parc, gouffre calorifère, aura des contreparties financières lourdes pour la commune et les contribuables et des impacts environnementaux et hydriques très conséquents.

 

 

82 personnes sont présentes pour la conférence en plein air et 147 partagent avec nous un buffet partagé. Nous goutons le charme d’une étape en pleine nature, au bord d’un lac ombragé et n’osons pas imaginer la présence d’un center parc au sein de cette nature préservée. Une chorale entonne un chant spécialement écrit pour l’arrivée du tour, belle illustration de la possibilité de militer dans la joie ! Nous sommes hébergés au sein d’une magnifique maison et le repos est récupérateur à l’abri des vieilles pierres.

 

Jour 39 – 13 juillet : Vélos de course ou anciens nous accompagnent sur les routes !

Nous partons de bonne heure le matin car l’étape sera longue. Après quelques tours et détours pour trouver notre chemin, le GPS étant parfois taquin et fantasque sur ses propositions d’itinéraires, nous croisons une course cycliste et nos drôles de vélos impressionnent les coureurs. Réalistes cependant, nous ne nous lançons pas dans le top départ ! Cette journée sera placée donc sous l’auspice du vélo puisque nous faisons étape à Tournus, devant le musée du vélo.

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Nous sommes accueillis magistralement par le Gangbé Brass band, l’un de plus importants orchestre de cuivre d’Afrique, en repos à Tournus, en attendant de reprendre le rythme des tournées internationales. L’occasion pour nous d’esquisser quelques pas de danse et se dégourdir les jambes après des heures en selle ! Pour l’occasion, Eric est venu nous présenter ses créations de lutherie sauvage. Il recycle des déchets ou du bois usés pour les transformer en instruments de musique. Joli clin d’oeil au Gagnbé Brass band qui joue pendant ce temps-là !

Le musée du vélo nous ouvre spécialement ses portes pour l’occasion. Nous bénéficions d’une visite privée du musée par les bénévoles, ainsi que des démonstrations de drôles de vélos. Et quelle ne fut pas notre surprise de rencontrer une lointaine arrière cousine, une triplette datant de 1838 ! Nous reprenons la route et sommes suivis un temps en vélo par les bénévoles du musée hissés sur un tandem du 19ème siècle. Le vélo : un mode de transport durable qui traverse les siècles !

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Judith nous accompagnera pour la fin d’une étape assez mouvementée, car nous essuyons deux crevaisons coup sur coup. Heureusement, Laurent est devenu un expert et les chambres à air sont changées en deux temps trois mouvements ! C’est l’occasion pour Judith, hollandaise, installée à Châlon sur Saône depuis une quinzaine d’année, de nous parler de l’association qu’elle a créé : Espace PAMA, une vélo école qui a pour but d’apprendre à faire du vélo au quotidien en quatre phases : se déplacer depuis chez soi au quotidien, se perfectionner, développer les sorties urbaines et garantir la «vélonomie». Après une vélorution dans les rues châlonnaises et une conférence à la maison des syndicats animées par Barth qui y prend goût, nous sommes invités à partager un pic nic par ACTE, l’Association Chalonnaise pour la Transition Énergétique, égayé par des accordéons. Nous finissons l’étape chez Judith et continuons à débattre sur les alternatives à la mobilité, les transports modes doux et l’inter-mobilité, nous avons beaucoup à apprendre de nos cousins européens hollandais !

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De Genève à Lyon, la barre des 10.000 personnes a été franchie !

Jour 33 – 07 juillet

Ce matin, la maison des associations de Genève est en pleine ébullition. Entre ses murs se déroule une rencontre qui fera date. Le collectif organisateur du village des alternatives réunissant Suisses et Français sur les rives du lac Léman – Alternatiba Léman, du 18 au 20 septembre prochain – a profité de la présence du Tour pour annoncer le lancement de sa monnaie locale, au cours d’une conférence de presse. Txetx, membre fondateur de Bizi!, l’association bayonnaise à laquelle on doit l’initiative du premier village Alternatiba, est également à l’origine de la mise en oeuvre de l’Eusko, la monnaie locale la plus aboutie de l’hexagone. Il  a ainsi pu partager avec ses camarades suisses les mérites de la relocalisation des échanges, et fait part de son expérience .

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Et pendant ce temps là, dans la cour de l’immeuble… Nicolas, heureux cycleur et fondateur de l’Engrenage, un atelier vélo participatif à Saint-Dié dans les Vosges, nous a fait le plaisir de sa visite. Profitant du fait que nous ne mettrons les voiles qu’en début d’après-midi, notre équipe mécanique effectue en sa compagnie un entretien approfondi de la cyclo-flotte du Tour : petite et grande triplette, quadruplette et vélo-générateur.

Ce dernier a été conçu par Nicolas. Pour lui, la force motrice du pédalage n’a plus aucun secret ! Passionné de récup’ et de cycles, il fabrique depuis une quinzaine d’années toutes sortes de merveilles montées sur des roulettes. Commençant par s’exercer à la confection d’un vélo tourne-disque, il a ensuite développé la technique de la vélectricyclette ou encore de la bicycrêpe, à découvrir sur son blog. Nicolas nous prépare actuellement une fiche pratique – à retrouver en accès libre sur notre site – histoire que nous puissions tous bricoler notre vélo générateur d’électricité, trop sympa 🙂 En attendant, il nous a donné rendez vous à Bellegarde sur Valserine, notre étape du soir, pour nous présenter une autre de ses créations !

Sans titre-2Nicolas à la maison des associations de Genève, bricolant le triporteur générateur d’électricité qui nous permet d’envoyer du son lors de nos vélorutions !

Et c’est encore un après midi d’efforts physiques intenses que nous avons passé, entre la Suisse et la France. Alors que nous quittions Genève, le thermomètre annonçait 40 degrés. Peu après la sortie de la ville, nous nous sommes engagés sur une portion de route qui montait, et montait, interminablement. Aucun nuage dans le ciel, aucun arbre à l’horizon, nous ne pouvions échapper aux ardents rayons du soleil. Notre cœur battait la chamade lorsque nous avons fini par venir à bout de cette épreuve : il était grand temps d’ingurgiter une poignée des fruits secs (abricots, figues, raisins, noix et graines) et surtout, de boire de bonnes gorgées d’eau !

Malgré la difficulté, Claude, notre guide sur cette étape, nous a vaillamment accompagné. En arrivant à Bellegarde nous avons fait la connaissance de toute la fine équipe qui entoure cette charmante activiste et animatrice de l’association Grain de Sel, qui nous a d’ailleurs fait don d’une superbe grainothèque ! Après avoir posé devant le théâtre de cette bourgade située dans la partie jurassienne de département de l’Ain, nous avons découvert quelques uns des nombreux projets associatifs qu’elle abrite.

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L’association Vêt’Coeur travaille depuis 1999 à l’insertion de femmes marginalisées et à l’accompagnement de leurs projets par l’acquisition de compétences et de moyens financiers – elles sont embauchées à la confection de linges, notamment. La programmation musicale était quand à elle assurée par un collectif dub local en plein développement : Organic sound, qui a commencé par la mise en commun de matériel et le bricolage de sound system avec du matériel récupéré ça et là. Ils sont aujourd’hui à l’initiative d’un festival qui rassemble plus d’un millier de personne dans la région de Bellegarde, un début prometteur pour cette bande de copains d’école. Nous avons aussi eu droit à une démonstration de percussions et des danses africaines endiablées, qui nous ont fait voyagé sur des milliers de kilomètres en un rien de temps !

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Nicolas avait tenu ses promesses lui aussi, il nous a présenté une animation pédagogique particulièrement efficace : le cyclotrain. En mettant en scène différents moyens de transport et différentes sources d’approvisionnement énergétique, cet outil sensibilise ses utilisateurs à la consommation de watts, qu’ils doivent générer eux même à la force des jambes. Cela permet de prendre conscience de manière très concrète de la force nécessaire à la génération d’énergie, et de l’intérêt d’adopter un comportement sobre, symbolisé ici par une ampoule basse consommation fonctionnant avec des LEDs (7 watts) par rapport à une lampe allogène (40 watts).

La soirée s’est poursuivie par la conférence quotidienne du Tour animée par notre infatigable Txetx, qui lui aussi pédale d’une étape à une autre. Puis nous avons gagné notre lieu d’hébergement, après une dernière série de coups de pédale sur un chemin escarpé !

 

Jour 34 – 08 juillet

Aujourd’hui nous prenons le temps de dormir un petit peu plus et ne prévoyons rien avant… 9h30 ! Nous ne commencerons à pédaler qu’à 15h, et en profitons donc pour nous faire un point sur les dernières nouvelles du climat, et la manière d’en parler au cours des conférences que nous animons à chaque étape. Après avoir englouti le bon repas concocté par Michèle avec les produits de son jardin, nous nous sommes lancés à l’assaut de la trentaine de kilomètres nous séparant de Nantua, notre étape du soir. Nous nous trouvons actuellement en plein cœur de la région du Bugey, dont les frontières naturelles sont délimitées par un fleuve, le Rhône et une rivière, l’Ain.

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Après une petite pause devant le Lac de Sylans où nous avons retrouvé les randonneurs du Cyclotour du CCFD Terre Solidaire, nous sommes arrivés juste devant le magnifique lac de Nantua. La présence des Scouts guides et de la Croix rouge nous a permis d’échanger avec un public jeune et de mettre en évidence les liens étroits qui existent entre les inégalités sociales et les problématiques écologiques.

Cela dit, la mobilisation citoyenne se concentre ici sur une enjeu national qui parait jour après jour de plus en plus préoccupant : la gestion des sites nucléaires. D’une part, la centrale du Bugey est une zone d’expérimentation pour le démantèlement de centrales en France : le réacteur 1 est arrêté depuis 1994 et trois autres, fonctionnant depuis 35 ans, n’ont pas l’autorisation de dépasser les 40 – ils sont les plus anciens après ceux de Fessenheim. D’autre part, l’établissement d’un important centre de conditionnement et de stockage de déchets fortement radioactifs (ICEDA) est en cours sur la zone. Les réseaux de coordination tels que Stop Bugey et Sortir du nucléaire sont donc déterminés à élargir la connaissance des risques inhérents à la technologie nucléaire, auxquels s’ajoutent des facteurs naturels imprévisibles, et à mener un débat de fond avec les populations locales, pour en finir avec l’opacité qui règne depuis toujours autour de ces sujets.

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Jour 35 – 09 juillet

Après une pause de midi courte mais très riche à Ambérieux en Bugey – ou les Ateliers verts du solaire ou encore Eau Solaire nous ont montré que les alternatives à l’énergie nucléaire sont en plein essor, en France et ailleurs – nous avons mis le cap sur la métropole lyonnaise.

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Et quel accueil nous y a été réservé ! 300 personnes nous attendaient au Parc de la Tête d’Or pour une vélorution jeune et colorée, qui a parcouru les rues de Lyon dans une ambiance festive. On a pu entendre, outre l’hymne “Alternatiba, changeons le système, pas le climat”, un petit nouveau dans les chants de vélorution : “Libérez les cyclistes enfermés dans les voitures !” Autant vous dire que c’est déjà un tube !

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L’arrivée s’est faite sur un mini village des alternatives organisé par les bénévoles du groupe local Alternatiba Rhône. 1000 personnes s’y sont réunies, autour d’alternatives concrètes comme la monnaie locale la Gonette, Disco Soupe (qui lutte contre le gaspillage alimentaire), mais également autour d’un espace massage et bien être (quel bonheur après les kilomètres de vélo), et des concerts. On peut également noter la présence de la Clavette, collectif d’ateliers vélo participatifs et solidaires, membre du réseau l’Heureux Cyclage. Ces ateliers ont pour but de faciliter la vie des cyclistes quotidiens en leur rendant accessible des connaissances en mécanique du cycle, des outils spécialisés et des pièces à bas coût car d’occasion. L’intérêt pour les cyclistes est double car en plus d’être “vélonome” (autonome avec son vélo), les cyclistes diminuent leurs dépenses liées à l’entretien de leur moyen de transport en économisant la main d’œuvre.
La conférence quotidienne a quant à elle eu la chance de recevoir un invité de choix : Victor Grange de la NEF, référence de la finance éthique et solidaire.
Cette fête des alternatives a été l’occasion d’un grand rassemblement : citoyens et associations locales porteuses de solutions concrètes étaient au rendez-vous pour célébrer les alternatives, c’est avec de telles dynamiques qu’on gagnera la bataille du climat ! Et cela laisse présager un super village des alternatives du 09 au 11 octobre ! Lyon est en mouvement, dynamique nationale !

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Cette étape à Lyon marque également un palier symbolique. C’est le jour où la barre des 10.000 personnes ayant croisé le Tour Alternatiba a été franchie. Il a pu s’agir de cyclistes participant aux vélorutions, de bénévoles d’associations engagées dans la transition écologique et sociale, ou tout simplement de curieux venant assister aux conférences du Tour. Toutes ces personnes ont été sensibilisées sur l’importance de la mobilisation citoyenne face au changement climatique, et sur les alternatives concrètes qui existent et sont applicable dès maintenant dans notre vie quotidienne.

Après 35 jours sur les routes, c’est une belle victoire que d’avoir réussi à faire passer ce message à plus de 10.000 personnes ! Mais les efforts de sensibilisation ne s’arrêtent pas là, car il reste de la route à parcourir avant d’arriver à Paris le 26 septembre, toujours avec la COP21 dans le viseur.

Mais profitons d’abord demain d’un jour de repos bien mérité ! Avant de repartir samedi pour Villefranche-sur-Saône puis Mâcon.

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Pour gagner la bataille climatique, nous franchirons tous les sommets !

Jour 30 – 04 juillet

Ce matin nous partons de bonne heure, nous avons 55 kilomètres à parcourir. Une série d’étapes de montagne vont se succéder au cours de la semaine, alors que la France, ainsi qu’une bonne partie de l’hémisphère Nord, sont immergées sous une vague de chaud : la canicule est là. Insolation, déshydratation, coups de soleil… Alors que nous nous apprêtons à pédaler sur des dénivelés importants, allant jusqu’à 500 mètres par demie journée, différents périls nous guettent.

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Nous aurons finalement plus de peur que de mal aujourd’hui, car après une matinée intense mais agréable, nous arrivons sur les rives du lac Saint André, dans un cadre idyllique ou il a fait bon vélorutionner, avant de piquer une tête.
Cette escale de midi aux Marches est l’occasion pour nous de faire connaissance avec les élus venus nous accueillir, puis d’en apprendre plus sur le projet de nouvelle ligne grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin, dont le tracée passe non loin de là. D’après les habitants, réunis dans un collectif d’opposition au projet, celui ci n’est pas adapté aux besoins actuels – il a été imaginé dans les années 80, sur la base de prévisions fort éloignées de la réalité que nous connaissons aujourd’hui. Le trafic de fret ferroviaire est en effet de plus en plus bas et les infrastructures existantes sont déjà en mesure d’assurer le transport de marchandises (seuls 17% de leur capacité seraient utilisées).

Dans cette période de crise, les citoyens demandent que l’endettement de l’Etat cesse de s’accroître au profit de projets jugés inutiles – celui ci a été évalué à plus de 26 milliards d’euros par la Cour des comptes – alors que les enjeux sociaux et écologiques sont négligés sans vergogne. Ils dénoncent les conflits d’intérêts et le gaspillage d’argent public servant à financer des études biaisées, ne prenant pas en compte la destruction des terres agricoles, des espaces naturels et des paysages, et leur biodiversité. 1500 hectares de terres seraient ainsi détruits.
Se soucier de l’intérêt général, plutôt que d’alimenter les cercles fermés d’entreprises bénéficiant des marchés publics, devrait être une priorité pour nos dirigeants. Fort heureusement, la mobilisation citoyenne autour de ces nombreux “grands projets inutiles et imposés”, notamment lié au développement de LGV, gagne du terrain. Elle est capitale pour la redéfinition d’un modèle de société plus viable.

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À l’arrivée du Tour à Chambéry, plusieurs associations avaient aménagé un espace accueillant à l’ombre des arbres du jardin de Verney, dans le centre ville. Dans cette cité alpine, les mailles du tissu associatif se resserrent années après années, grâce à l’Ecofestiv. Ce rassemblement, initié par l’association la Mandragore, expose les solutions apportées localement par des projets citoyens, sur un large éventail de thématiques. Très proche des villages Alternatiba, tant sur le fond que dans la forme, le festival a cette année réuni les deux bannières, et gagné en fréquentation de manière conséquente ! Après avoir écouté la prose éclairée de Mélomane, qui allait gagner la cité des Papes en vélo le lendemain, nous sommes allés nous coucher, cherchant un peu de fraîcheur dans la vieille bâtisse médiévale dans laquelle nous a hébergé Denis. En nous réveillant au chant de Léo Ferré, ce comédien militant plein de douceur nous aura lui aussi réservé un bel accueil.

Vidéo du Tour à Chambéry

 

Jour 31 – 05 juillet

Aujourd’hui, alors que nous prenons la direction d’Annecy, en passant par Aix-les-Bains, nous fêtons le premier mois du Tour ! Le 05 juin, les triplettes et leurs équipages s’élançaient dans cette folle aventure, au départ de Bayonne. Il nous était difficile de savoir à quoi nous attendre, mais nous étions tous déterminés à élargir les rangs des défenseurs de la cause climatique. En préparant le projet depuis plus d’un an, il nous tenait à cœur de fédérer des femmes et des hommes prêts à vivre les alternatives et à mener des actions non-violentes avant, pendant, et après la COP21, à démocratiser la connaissance et la compréhension de ces enjeux qui nous concernent tous.

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La température moyenne du globe terrestre a déjà gagné près d’un degré depuis le début de l’ère industrielle. Or les analyses scientifiques estiment que le seuil de dangerosité à partir duquel des phénomènes auto-entretenus déclencheront des réactions en chaîne de plus en plus graves sera atteint dans une dizaine d’années si nous ne changeons pas de cap. Notre génération a donc une responsabilité historique à honorer : si nous attendons quelques années de plus, nos efforts les plus draconiens ne pourront arrêter les effets délétères des gaz à effets de serre.

Après ce premier mois, nous sommes heureux d’observer que chaque jour des dizaines de personnes rejoignent notre lutte, tissant des liens forts et durables avec le mouvement. C’est l’occasion pour nous de vous remercier, vous qui nous avez accueillis, nourris, logés, blanchis, parlé, écouté, souri… et lu ! Il nous reste encore un long chemin à parcourir, mais au fil des étapes, nous sommes de plus en plus confiants : ensemble, nous serons à la hauteur des défis à relever, nous parviendrons à changer ce système moribond et à préserver les équilibres naturels nécessaires à la survie de l’espèce humaine. Jusqu’à notre arrivée aux portes de la capitale, le 26 septembre prochain, nous continuerons à renforcer et étendre la dynamique citoyenne… On lâche rieeeeeen 🙂

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Pour fêter ça, un couple d’artistes engagés, parcourant l’Europe à vélo depuis plusieurs années, nous a offert un beau spectacle à notre arrivée à Aix-les-Bains ! Kevin, de nationalité britannique et Silvia, allemande, sont partis du Portugal au mois de juin et à notre plus grand plaisir, nous rejoignent régulièrement sur le parcours. En nous narrant de manière imagée et clownesque les aventures d’Aron le cycliste errant, ils nous auront bien fait rire, avant de reprendre la route pour Annecy, sous une chaleur toujours aussi accablante.

Vidéo du Tour à Aix

Notre arrivée dans cette ville dotée d’un paysage exceptionnel – nous avons apprécié la baignade furtive dans son lac aux eaux limpides – s’est inscrit dans un programme riche, développé tout au long de la journée. Rencontres et discutions autour d’une disco-salade à midi, suivies d’un forum des associations à l’espace Bonlieu, d’une très sympathique vélorution entre cyclistes locaux et irréductibles du Tour (un peu fondus tout de même), d’une conférence qui aura rassemblée quelques 80 personnes – pas mal pour un dimanche soir ! – puis d’un pique nique, partagé à la tombée du jour. Annecy, d’habitude bien tranquille, compte désormais parmi ses habitants une joyeuse bande de jeunes dynamiques et créatifs, travaillant avec les générations précédentes de militants, notamment au sein des Amis de la Terre… voilà de quoi changer un peu du bal musette, sur les berges du lac !

 

Jour 32 – 06 juillet

Nous nous réveillons un peu fatigués aujourd’hui en mettant le cap sur la Suisse. La chaleur, le nombre important de kilomètres à parcourir, conjugué aux dénivelés élevés de ces chemins alpins, nous obligent à partir tôt. Nous avons à peine le temps de nous étirer, ça et là, et on commence à grincer. Vous ne pouvez imaginer comme il est alors appréciable, après une matinée d’efforts et de joutes (voir photo ci dessous) de trouver refuge chez Christiane, la fée de Saint Julien. Participant activement à la vie associative locale, notamment au sein d’Appollon74, qui nous a ouvert les portes de son jardin d’Eden, cette super mamie et ses collègues avaient préparé un buffet plein de couleurs et de saveurs. La région est très riche en plantes médicinales, Christiane nous a donc fait déguster les fruits de sa cueillette, dont de magnifiques bleuets et soucis !

appel-nlDouce Julie à l’assaut climatique contre Barth le Fourbe au Pont de la Caille

Nous sommes ensuite repartis pour Genève, en passant par un lieu hors du commun, ou nous attendaient les vélorutionnaires locaux. La friche du champ des filles, comme de plus en plus de zones péri-urbaines, fait l’objet de spéculations foncières : cette terre occupée et cultivée voit actuellement pousser des variétés locales de semences en tous genres, mais elle est entourée de buildings appartenant aux empires de la montre de luxe. Quand la conjoncture du marché rendra l’opération plus profitable, l’emplacement sera vendu au plus offrant et l’artificialisation de la zone fait peu de doute. Les Suisse n’auront qu’à manger des diamants !

Aux guidons de nos vélos, nous avons ensuite fait une belle visite de la capitale mondiale de la finance éthique, solidaire et transparente, guidés par les commentaires satiriques et éclairants d’Olivier. Nous sommes passés par des lieux magiques : des sièges de multinationales d’exploitation du pétrole, les plus belles firmes de l’agrochimie, même des entrepôts de recel de patrimoines culturels africains ou asiatiques… Mais n’ayez crainte, à Genève tout va bien dans le meilleur des mondes, il ne s’agit que de choses bien légales.
Et puisque le hasard fait décidément bien les choses, notre épopée suisse nous a ensuite menée jusque devant le siège des Nations unies ou se tenait une discussion relative à l’impunité des multinationales face aux dégâts causés par leurs activités sur le climat de notre planète… Le changement climatique ne tombe pas du ciel : les multinationales au tribunal !

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Nous avons ensuite partagé le dîner avec un représentant des peuples autochtones canadiens ayant participé aux discussions onusiennes puis avons gagné notre lieu d’hébergement. Nous avons passé la nuit à l’îlot 13, un ancien squat, occupé dès les années 70. Suite à un fort mouvement social qui visait à occuper les bâtiments vides, en pleine crise de spéculation immobilière, la mairie a d’abord toléré puis légalisé certains de ces lieux autogérés. Les bâtiment sont désormais loués à des tarifs proportionnels au revenu des familles.

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Demain matin nous restons à Genève car une bien belle alternative est actuellement entrain d’y fleurir, on ne vous en dit pas plus, à très vite !


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De Roybon à Grenoble : Alternatives partout !

Jour 27

(01 juillet)

Aujourd’hui nous nous réveillons dans un centre de loisir au beau milieu des champs de maïs. Certains ont dormi à la belle étoile – ou plutôt à la belle lune, très brillante et presque pleine – pour bénéficier d’un peu de fraîcheur. Nous nous préparons à rouler sous une chaleur torride. La vingtaine de kilomètre nous séparant de notre étape de midi s’effectuera sans mal, bien qu’une bonne partie de la route longe des zones industrielles bétonnées de magasins et d’usines à perte de vue. En arrivant à Romans sur Isères, une belle équipe de cycliste nous attend.

A l’origine, nous pensions que les étapes du midi seraient des temps de repos et de rencontre avec les locaux, en toute simplicité. En réalité, nous sommes souvent accueillis par des groupes enthousiastes à l’idée de parcourir la ville en chantant les “pourquoi” et “comment” du Tour Alternatiba. Les vélorutions sont, il est vrai, des moments festifs qui permettent de donner envie aux passants de s’intéresser aux enjeux climatiques et de les inviter à partager un repas. Pour nous c’est aussi l’occasion de découvrir des lieux uniques, comme ces quartiers aux maisons de bois, dont les balcons restés intacts servaient à faire sécher les peaux tannées.

Romans a en effet longtemps été le haut lieu de la confection de chaussures en France. Mais vous vous en doutez, le secteur a mal résisté à la concurrence étrangère. Un regain d’attention pour les produits de qualité et la relocalisation des activités permet néanmoins aujourd’hui à de nouvelles entreprises de dynamiser l’économie locale. Comme le rappel Thomas, fondateur de la marque 1083, “il y a 20 ans, Romans rassemblait plus de 2 000 emplois dans le secteur de la chaussure, contre 300 aujourd’hui”. Il est alors heureux de pouvoir proposer des chaussures éco-conçues et des jeans entièrement teints, tissés et confectionnés en France. Au dessert, autour d’un grand plat de cerises, melons et abricots, nous avons notamment découvert l’histoire de son périple en vélo : Thomas a lui aussi rallié les antipodes de l’hexagone en pédalant, de Menton à Porspoder… sur 1083 kilomètres !

Nous avons également été impressionnés par le dynamisme des maisons de quartier de la ville qui, à l’instar de la Maison de quartier Saint Nicolas, conjugue accessibilité, créativité et qualité. La maison, gérée par les habitants du quartier, propose aux plus démunis tout plein d’activités festives, culturelles, sportives, citoyennes et des sorties pour découvrir les magnifiques alentours. Elle met également à disposition un large éventail de services et de biens, comme les vélos électriques qui nous ont accompagné lors de la vélorution et sont prêtés aux personnes recherchant un emploi, pour faciliter leur déplacement.

Ce sont souvent de véritables petits villages des alternatives qui se dressent le temps d’un repas, exhibant la vivacité des initiatives citoyennes. C’est l’occasion pour le tissu associatif local de resserrer ses liens, pour les passants de s’informer… Et pour nous de regagner l’énergie nécessaire à l’effort de l’après midi. Ces belles surprises et la force qui s’en dégagent font de cette formule apparemment moins reposante qu’une sieste, une source intarissable de carburant !

Et du carburant il nous en a fallu pour pédaler cet après midi là, sur une trentaine de kilomètres, en pleine canicule et en montée – heureusement Elisabeth et ses copains de l’asso “A pinces et à vélo” étaient là pour débusquer les chemins ombragés ! Essoufflés à petit feu par un bon gros faux plat, nous n’étions plus très frais en abordant la pente raide qui nous a mené, à travers la forêt, jusqu’à la ZAD de Roybon. Des gendarmes postés ici et là nous observaient, d’une mine étonnée, ils ne semblaient par comprendre pourquoi nous nous donnons tant de mal.

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Pour nous, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute : en cette fin d’après midi, nous partions à la découverte d’un lieu magique, sous la protection d’hommes et de femmes pleins de courage. La riche forêt du Chambaran compte une zone humide unique sur le plan écologique, elle est pourtant menacée par un projet de Center Parcs (création ex nihilo d’un complexe touristique prenant la forme d’une bulle tropicale artificielle hautement énergivore). La zone, qui a vu couler autant de sève que d’encre au cours de ces derniers mois – une centaine d’hectares ont dors et déjà été détruits – compte des espèces végétales et animales protégées. Et notre passage par la ZAD tombait à pic ! Le lendemain allait être rendu l’avis du rapporteur public du tribunal administratif de Grenoble sur la validité de l’arrêté préfectoral autorisant les travaux. Excellente nouvelle, l’insuffisance des mesures compensatoires ainsi que le non respect des procédures allait aboutir à la recommandation d’une annulation totale, immédiate et rétroactive du projet… affaire à suivre !

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Nous avons eu droit à un super accueil à la ZAD, visité les lieux (cabanes sous et dans les arbres, maison en torchis, yourte, jardin et petit parc photo-voltaïque) et apprecié l’excellent repas que l’on nous avait préparé ! Les journalistes de Télérama et Elle, qui nous accompagnaient depuis la veille, ont été surpris par la douceur et la bienveillance des habitants de la forêt. Ils ont pu constater que les occupants sont ici pour préserver et construire, sont animés par la volonté de vivre les alternatives à un système qui ne les représente pas. Malheureusement, l’image que l’opinion publique se fait des “zadistes” est loin de la réalité, les stéréotypes ont du mal à être dépassés et la communication nécessaire à la compréhension mutuelle et la progression du débat public local en pâtit. Il s’agit pourtant de prendre part à une réflexion de fond sur les stratégies de développement de nos territoires, sur la manière dont est géré l’argent public, la préservation de nos espaces naturels et des ressources qui, comme l’eau, en dépendent.

Cette journée n’en finissant pas de nourrir nos réflexions et d’éveiller nos sens, nous avons quitté la ZAD sous une lumière d’or et descendu, cheveux au vent, les collines du Chambaran. Une soirée était organisée par les habitants du magnifique village de Saint-Antoine-L’Abbaye pour évoquer la question du changement climatique, faire le lien avec le projet de Center Parcs et montrer que les citoyens de ce petit village pittoresque développent eux aussi la voie des alternatives, notamment au sein de Saint-Antoine en transition. Ce collectif co-présidé par une dizaine de citoyens, promeut l’entraide, le partage et la convivialité en organisant des “cinébouffe”, fêtes, troc et autres types d’échanges et de mise en commun, il a même tout récemment lancé son marché de producteurs.

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Puis nous avons gagné notre lieu d’hébergement : cerise sur le gâteau, nous avons été accueilli au sein d’un véritable havre de paix, par l’Arche de Saint Antoine. La communauté de l’Arche est un réseau de lieux de vie en commun ou l’on cultive non violence et spiritualité, depuis 1948. L’Arche accueille des personnes désirant se former à l’action non violente (elle apporte par exemple un soutien historique solide aux Faucheurs volontaires), suivre l’un stage des multiples stages relatifs à la connaissance et à l’expression de soi, notamment à travers la musique, la danse, le chant ou des disciplines telles que le Qi Gong ou le Yoga, ou de simple visiteurs en quête de quiétude. Autant vous dire que ce soir là, nous avons fait de bien jolis rêves !

Jour 28

(02 juillet)

Après cette bonne nuit et un petit déjeuné partagé avec la communauté, nous avons visité le lieu, ses jardins, sa boulangerie, sa bibliothèque… puis filé sur la route direction l’Albenc. Particulièrement en forme, nous avions de l’avance sur notre timing. Notre guide en a alors profité pour louper un embranchement et allonger notre itinéraire de quelques kilomètres… Ah comme il est agréable de se laisser perdre sur les chemins de l’Isère ! Le pays est magnifique, cela donne envie d’y revenir.

Après un pique-nique au calme préparé par l’association Espace nature Isère, que nous avons eu le plaisir de partager avec Michèle Bonneton, députée, nous avons suivit un agréable chemin jusqu’à Grenoble. En approchant de la “capitale des Alpes”, nous avons été rejoints par une centaine de personne, le velomnibus était de la partie lui aussi ! En plein cœur de la ville, dans le parc Paul Mistral, étaient installés des belles tablées de pleines de fruits et légumes prêts à être croqués ou bu en smoothie grâce à un vélo-mixeur bricolé. Nous avons tous passé un moment très convivial, assis sur la pelouse, et repris des forces ! Nous sommes ensuite allé nous présenter aux élus de la ville et à son maire, Éric Piolle.

Aux dernières élections, la liste rassemblant les écologistes, dont est issu le maire, ainsi que d’autres partis à la gauche de la gauche ont remporté 40% des suffrages, faisant de Grenoble la première ville de plus 160 000 habitants à être dirigée par une liste ecolo. En participant à démocratisation et à la popularisation des enjeux environnementaux et de la nécessaire transition sociale et écologique, le mouvement Alternatiba a reçu un très bon accueil. Les élus avait pris connaissance de notre Pacte de la transition, ils avaient étudié les convergences entre les préconisations faites par ce document et les politiques en cours et à venir de la ville. Éric Piolle est alors devenu le second maire de France à signer officiellement le Pacte – après Michel Bourgain, maire de l’Ile-Saint-Denis.

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Le soutien du maire est un vrai atout pour le grand village des alternatives qui se tiendra en même temps que l’arrivée du Tour à Paris et le village de la capitale, les 26 et 27 septembre. Un événement qui promet d’être déterminant pour la vie associative et citoyenne tant il rassemble de structures et d’énergies différentes, dont beaucoup de jeunes gens. On a hâte de voir ça, au moins en photo, bons préparatifs les amis !

Jour 29

(03 juillet)

Aujourd’hui, nous avons droit à une nouvelle journée de repos, que nous appelons désormais des journées sans pédaler – le repos on a oublié ce que c’est ! Nous profitons donc de l’hospitalité des Kapseurs,cdes collocs à 50 comme ils disent, installés dans le logement solidaire !! http://kolocsolidaire.org/grenoble/les-logements !! à l’initiative de l’AFEVE, pour nous faire une grosse réunion d’équipe toute la matinée.

L’après midi, Michaël, fondateur de Pedal Power, l’entreprise berlinoise qui a fabriqué nos tandems, nous a fait le plaisir de nous rendre visite. Il a méticuleusement inspecté les vélos… Et nous a félicité de notre bonne utilisation 🙂 Gravir des montagnes sur ce type de cycle est hors du commun, Michaël n’a jamais vu cela, il est donc curieux de savoir comment se déroule notre aventure et nous pose plein de questions. Nous lui en retournant tout autant pour continuer à faire la connaissance de nos camarades de route, petite et grande triplettes, et quadruplette. Ce moment avec lui était très sympathique, merci d’être venu Michaël, et à bientôt peut être, à l’arrivée à Paris !

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Après cette journée consacrée à la mécanique et à l’étude des meilleurs techniques de conduite, nous sommes fin prêts à repartir… Alpes nous voilà !