De Dijon à Baume les dames : les élus mobilisés pour le climat !

  • -

De Dijon à Baume les dames : les élus mobilisés pour le climat !

Jour 40 – 14 juillet

Sans titre-1

En partant de Châlon ce matin nous nous apprêtons à traverser les vignobles les plus réputés de France. Et nous aurons beau rouler à vive allure, avec une moyenne avoisinant les 35 kilomètres heure, nous ne nous prendrons même pas le temps de nous arrêter pour une dégustation. Les épicuriens du groupe en seront un peu frustrés mais avec la chaleur qu’il fait, mieux vaut rester à l’eau !

Il faut dire aussi qu’un beau programme nous attend à notre étape de Marsannay-la-Côte. Dans cette ville qui était à l’origine le lieu de départ de notre vélorution vers Dijon, se tient finalement un petit village des alternatives. Un groupe des Amis de la Terre franco-allemand nous y rejoint à vélo, il est composé d’une délégation de Joingy et de leurs collègues du Bund, ayant traversé la frontière pour venir à la rencontre du Tour. Originaire de Koblenz, le groupe prépare actuellement son village Alternatiba, essaimant la dynamique par delà les frontières ! A l’issue d’une conférence en plein air, au cour de laquelle Barth est parvenu à captiver l’audience, ils nous ont fait part de leur souhait de venir pédaler à nos côtés dans les jours qui viennent ! Bienvenus à vous les voisins !

Sans titre-2

Augurant une série de rencontres fructueuses avec des élus locaux, nous avons ensuite entretenu une bonne discussion avec le maire adjoint de Marsannay, chargé de la transition énergétique et de l’environnement. Nous lui avons présenté le Pacte de la transition, dont il a étudié les 15 propositions : de nombreuses convergences entre les politiques municipales existantes ou en développement se sont révélées. Il semble qu’ici, associations locales et élus entendent développer les synergies !

Les membres de l’association Rire Sans Frontières, qui aborde des problématiques sociales et environnementales par le biais de l’artivisme nous ont présenté leur dernière campagne. “Stop au ralenti” vise à sensibiliser contre la pollution des moteurs tournant inutilement, à l’arrêt… un moyen pour les automobilistes de réduire facilement leur émission de gaz à effet se serre !

Pendant ce temps là, un journaliste du magazine La Vie a interviewé Fanny et Joan. Il désirait savoir ce qui a amené ces jeunes gens à consacrer leur été à un Tour de France en tandem, pédalant du matin au soir qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse 39 degrés à l’ombre. Il n’a pas été déçu d’apprendre que cela s’inscrit dans une réflexion globale sur l’état du monde, sur les moyens de déclencher un déclic au sein de la société, avant qu’il ne soit trop tard.
Pour eux, ce projet n’est que le début d’un engagement citoyen sur le long terme, d’une mise en adéquation de ses valeurs et de ses pratiques, et de partager la démarche le plus largement possible.
Ils se sont ensuite prêté à un exercice auxquels ils ne sont pas habitués : un shooting photo digne du festival de Cannes ! Une fois la gêne des premiers instants passée, ils ont exhibé leur plus beau sourire face à l’objectif… Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour partager disséminer les bonnes Alternativibes 😉

Malgré l’attrait du feu d’artifice annuel, nous étions un bon petit nombre à se rassembler pour fêter notre 2 000 ème kilomètre en ce 14 juillet ! La vélorution nous a tous menés vers le Port du canal, d’où nous avons échangé des accolades avant de nous dire au revoir !

Sans titre-3

Nous avons alors gagné notre lieu d’hébergement, qui a également été plusieurs semaines durant le QG de l’organisation d’Alternatiba Dijon : la maison de famille de Florence et de son fils Olivier. Nous y avons passé un moment très agréable, dînant à la lumière de la bougie dans un jardin sauvage, en échangeant sur nos projets respectifs. Au fil des étapes nous observons comment se mettent en œuvre les dynamiques locales et trouvons passionnant de constater que la formule se décline dans des contextes très variés. Nous étions alors curieux d’en apprendre plus sur le village des alternatives qui s’est tenu au cœur de la ville, du 26 au 28 juin dernier.

Ayant reçu un franc soutien de la mairie, le village a été organisé au cœur des magnifiques espaces du jardin Darcy et du jardin de l’Arquebuse. De ce fait, beaucoup de familles venues pique-niquer ou profiter de la fraîcheur végétale ont découvert les initiatives locales en matière d’urbanisme, de transport, de gestion de déchets, d’énergie, etc. le tout dans une ambiance de fête.
Outre cette ouverture à de nouveaux participants, le week-end est parvenu à rassembler des organisateurs très différents : des citoyens engagés dans leur vie de tous les jours, des milieux associatifs de sensibilités variées et des acteurs institutionnels… Ils ont pourtant donné naissance à un collectif harmonieux, résolument tourné vers l’avenir. Il y a alors de grandes chances que ce mouvement local dure dans le temps et continue à s’élargir, en incluant notamment des étudiants.

Dijon-3

A peine remis de ses émotions, le collectif organise  une réunion ouverte autour du thème “Analyses et perspectives, quelles suites pour Alternatiba Dijon”, le 25 juillet. Donnez nous de vos nouvelles cher amis Dijonnais, et rendez-vous à Nancy pour la Coordination européenne des Alternatiba !

 

Jour 41 – 15 juillet

Nous quittons Dijon ce matin en longeant le canal de Bourgogne. Du fait du peu de pluie tombée dans la région depuis plusieurs semaines, l’herbe est sèche et le niveau de l’eau, bas. Par ailleurs, sa température est de plus en plus élevée et la présence de produits phytosanitaires demeure problématique : différents types d’algues prolifèrent et affleurent à la surface, allant jusqu’à gêner la progression des embarcations sur le canal. C’est avec une pointe d’amertume dans la voix que Jean Marc, depuis son vélo couché aux allures de vaisseau spatial, nous a montré les grosses machines chargées de débarrasser régulièrement les eaux de ces plantes en surnombre. La vision du canal n’est pas aussi réjouissante que nous l’avions imaginée…

Sans titre-4

C’est en petit comité que nous faisons halte ce midi à Esbarres. Ayant eu vent de notre passage, les membres du conseil municipal et leurs familles, ainsi que madame la Maire, ont décidé de nous accueillir. Cette pause à la bonne franquette est encore une manifestation d’un sens de l’hospitalité qui va au-delà de nos espérances, et qui nous permet de rencontrer des publics différents de jour en jour !

Nous avons ensuite dirigé nos guidons vers la charmante ville de Dole, dans le Nord du département Jurassien. Au détour des quelques stands installés sur le cour Saint Mauris à l’initiative du groupe local d’ATTAC, nous avons fait la rencontre de l’association le Serpolet. Soutenant une agriculture paysanne et biologique auprès des collectivités locales, citoyens et associations, elle facilite l’installation de paysans dans le pays dolois et leur assure des débouchés au sein de circuits courts où priment les échanges directs entre producteurs et consommateurs.

Sans titre-5

Après un nouveau délicieux repas partagé – nous ne remercierons jamais assez les centaines de bénévoles ayant œuvré à l’optimisation gustative de nos apports énergétiques 😉 – nous avons fait rouler les triplettes sur quelques mètres pour atteindre notre bivouac du jour. Bivouac… En matière d’euphémisme, on ne peut faire mieux ! Ce soir là nous avons été hébergés dans une maison-musée au charme envoûtant… et nous attendions à tout moment à voir Mademoiselle Rose surgir de la salle de billard un chandelier à la main : cette ancienne chapelle d’hôpital semblait renfermer bien des secrets !

 

Jour 42 – 16 juillet

Partis à l’aube ce matin, nous prenons la direction de Quingey. Après un petit passage dans une des plus vastes forêts de l’hexagone, la forêt de Chaux, nous faisons halte à Arc-et-Senans, devant les célèbres Salines royales. Il n’y a décidément pas de hasard, après avoir salué un couple de voyageurs en tandem, nous voilà alpagués par un valeureux gaillard… c’est ainsi que nous rencontrons Mathieu de l’Altertour, en chemin pour rejoindre ses coéquipiers. Nous recroiserons bientôt la route de cette superbe épopée avec laquelle nous partageons tant, rendez vous à Thionville les copains ! Quelques coups de pédales de plus et nous voilà arrivés au point de rencontre des vélorutionnaires du coin. Le maire de Lombard et sa compagne y ont très gentiment soulagé nos gorges asséchées en arrivant avec un panier rempli de boissons fraîches… avant de monter sur la quadruplette !

Quingey, sympathique bourgade traversée par la Loue, nous aura surprise par la force et l’ampleur de l’engagement citoyen qui s’y développe. Emmenée par Serge et la commission “conso citoyenne” de l’association TRI, la vie associative locale joue sur plusieurs tableaux : la collecte, valorisation et vente des objets jetés, au sein d’une ressourcerie ; la gestion d’espaces naturels protégés et l’éducation à l’environnement sur la Côte de Moini ; la diversification de l’approvisionnement énergétique à l’aide de renouvelable local (étude d’un recours au financement par participation citoyenne d’un petit parc l’éolien, préalablement au développement du photovoltaïque et de l’hydraulique – ce dernier était encore présent dans la région il y a une cinquantaine d’années).

 

Sans titre-6

Le maire de Quingey, qui nous a chaleureusement accueilli, a ensuite donné rendez-vous à tout le monde – sauf à nous, malheureux qui devons repartir ! – pour assister à un spectacle tout à fait à propos. Dans sa conférence gesticulée intitulée “Un maire de famille”  Nicolas Debray aborde de manière on ne peut plus plaisante des sujets de fond sur la gouvernance et la démocratie locale, en s’inspirant des méthodes d’éducation populaire de Franck Lepage et de son expérience de maire de la ville d’Epival. Cette remarquable initiative l’est d’autant plus que Nicolas effectue ses tournées à vélo et dort chez l’habitant ou dans la nature : il donne alors un bel exemple de sobriété heureuse ! Pour couronner le tout, l’association Vergers retrouvés, dont les membres, bénévoles, récoltent les fruits laissés à l’abandon dans les jardins particuliers, nous ont fait découvrir le succulent nectar issu de leur pressoir. Il fait bon vivre à Quingey !

Comme le dit l’adage, ne nous arrêtons pas en si bon chemin, guidés par René, un faucheur d’OGM qui connaît chaque sentier comme sa poche, nous retrouvons la forêt de Chaux puis les bords du Doubs pour rejoindre Besançon, ou nous ferons étape ce soir là. Cette soirée à été pour nous l’occasion de croiser notre premier climatosceptique (et non, cette espèce animale là n’est manifestement pas disparue…) lors de la conférence quotidienne du Tour, qui s’est déroulée dans la salle Proudhon, du nom du célèbre théoricien de la révolution, né à Besançon.

Mais cela a surtout été pour nous l’opportunité de faire connaissance avec les habitants d’un lieu hors du commun. A la colloc’ de la place du Jura, l’art de la récup est manié avec une créativité impressionnante et se décline dans les cuisines, dans un atelier menuiserie, un atelier vélo, ou au sein d’une zone de gratuité mignonette, au grenier. La maison comprend également une salle de concert et de conférence, une brasserie, et tout plein de chambres rocambolesques aux lits et autres meubles suspendus. C’est alors naturellement que de ce cadre fécond est né le festival d’art de rue Du bitume et des plumes et un marché de produits bio et locaux… puisse la magie de la colloc’ continuer à opérer à “Bezak” ! Nous en sommes en tout cas repartis épatés… C’est fou tout ce qui peut se passer derrières d’innocentes façades !

Après cette expérience nomade des plus enrichissantes, il y fort à parier que bon nombre d’entre nous continuerons à transformer, nous aussi, les espaces qui nous entourent en des scènes de rêves éveillés… et vous, qu’est ce que vous en dîtes ?