Category Archives: Tour Alternatiba 2015

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Edgar Morin, parrain de l’étape du Tour Alternatiba à Notre-Dame-des-Landes (30.08)

Le 30 août, le Tour Alternatiba fera étape à Notre-Dame-des-Landes, afin d’affirmer son soutien à la lutte contre ce projet climaticide de nouvel aéroport. En effet, la France a annoncé vouloir débuter les travaux de ce projet plus tôt, après le verdict rendu le mois dernier par le tribunal de Nantes. Ce dernier a rejeté des recours déposés pour faire annuler deux arrêtés permettant au concessionnaire (Vinci Airports) de détruire les zones humides et déplacer les espèces protégées, préalable aux travaux. N’est-ce pas là une aberration pour un État qui -hôte de la COP21 en cette fin d’année 2015- devrait être exemplaire dans la lutte contre le changement climatique ?

 

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Mais au-delà des enjeux relatifs au climat et à la COP21, ce projet est emblématique de la lutte contre les Grands Projets Inutiles Imposés, où l’intérêt financier à court terme des grands groupes prime sur d’intérêt général humain et environnemental. Ce nouvel aéroport serait un gâchis aussi bien en matière d’argent public que de terres agricoles, avec des conséquences lourdes : destruction de zones humides favorables au maintien d’une biodiversité et menace pour des populations d’espèces protégées ou considérées comme fragiles, destruction de zones agricoles encore préservées, artificialisation des sols, etc.

 

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Après 5 ans d’occupation du site, la résistance citoyenne organisée autour de la ZAD est devenue le lieu d’expériences alternatives et autogérées très intéressantes pour les personnes y résidant et pour les milliers qui y sont passées : agriculture paysanne, éco construction, rencontres, échanges de savoir, concerts, radio locale (Radio Klaxon), revue (Lèse béton), etc.
L’arrivée du Tour sera alors un moment fort, avec la rencontre entre un lieu hautement symbolique et son foisonnement d’alternatives, et des cyclistes mobilisés pour faire entendre l’importance de la bataille climatique. Deux mouvements qui convergent par leur recherches d’alternatives, face à un système dominant qui court à sa perte. Une opposition entre deux mondes parfaitement résumée par Edgar Morin, parrain de cette étape :

” L’aéroport de Notre Dame des Landes est devenu un lieu de conflit, à la fois réel et symbolique, entre deux conceptions de la vie, de la civilisation du monde. L’une guidée à la fois par la rationalité instrumentale, la primauté du profit, l’hégémonie du calculable pour concevoir et traiter les problèmes humains et sociaux, l’autre animée par le souci de la qualité de la vie, des solidarités humaines, d’une relation avec la nature qui ne soit plus prédatrice, et qui aspire à une nouvelle civilisation du bien vivre. Tout en étant conscient de la complexité du problème de l’aéroport, je ne peux que prendre parti pour ceux qui militent pour la nouvelle civilisation et assurer de mon amitié solidaire aux alternatibiens.”
Edgar Morin, le 17 août 2015

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Le Tour Alternatiba : déjà 4000 km !

Parti le 5 juin de Bayonne, le Tour Alternatiba pour le climat a déjà parcouru 4000 km !

 

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Cela fait donc plus de 2 mois qu’il sillonne les routes de l’hexagone sur de drôles de vélos à 3 et 4 places, symboles de la transition écologique et de la solidarité.

Par des centaines de conférences publiques, manifestations en vélo, rencontres avec des associations et élus locaux etc. le Tour Alternatiba porte le message de l’urgence à agir contre le changement climatique auprès de dizaines de milliers de citoyens.

Partout, son passage est applaudi et commenté (plus de 200 articles dans la seule presse écrite en 2 mois) et il est chaque fois accueilli, midi et soir, par des équipes bénévoles aussi diverses qu’enthousiastes.

 

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Le Tour Alternatiba à Marsannay-la-Côte

 

Notre-Dame-des-Landes et Bordeaux

Cette mobilisation originale n’a pas faibli même en plein cœur de l’été. Le Tour Alternatiba longe désormais les côtes bretonnes. Il sera le dimanche 30 août à Notre-Dame-des-Landes, étape ô combien symbolique de la résistance à cette folle course à la destruction du climat, que nous devons stopper de toute urgence.

Le Tour Alternatiba redescendra alors jusqu’à Bordeaux où il arrivera le mardi 8 septembre. Il s’agira là d’une étape importante car elle lancera la dernière phase du Tour, qui entamera alors sa remontée vers Paris.

 

Sans titre-2 Le Tour Alternatiba à Strasbourg, lors du rassemblement YouReUp

 

Arrivée finale à Paris le samedi 26 septembre

C’est en effet dans la Capitale devant accueillir la COP21 début décembre que l’arrivée finale du Tour Alternatiba aura lieu le samedi 26 septembre en présence de personnalités internationales comme Naomi Klein du Canada ou le leader indien Rajagopal PV.

 

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Un meeting et un grand concert clôtureront, place de la République, cette mobilisation citoyenne qui aura duré prés de 4 mois et parcouru 5 637 km au total. Plus de 50 000 personnes sont attendues tout au long de ce week-end là sur la Place de la République et ses alentours, dans le cadre d’un grand Village des alternatives au changement climatique, Alternatiba Paris.

En plus de ce rassemblement Parisien, ce sont prés de 50 Villages Alternatiba qui auront lieu entre septembre et octobre 2015. Déjà, plus de 160 000 citoyens ont participé directement à un Village Alternatiba ou à une arrivée d’étape du Tour Alternatiba. Cela en fait la mobilisation européenne sur le climat la plus importante depuis le sommet de Copenhague en 2009.

 

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[Tour Alternatiba] – Sauvons la Ferme des Bouillons !

Jour 68 – 11 août – Journée sans pédaler (Ferme des Bouillons)

Pour cette journée de repos, nous sommes accueillis à la Ferme des Bouillon, près de Rouen : une ferme rachetée par le groupe Auchan, qui souhaite y construire un centre commercial. Elle est occupée depuis décembre 2012 par un collectif citoyen opposé à ce projet.

 

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La matinée s’écoule rapidement, entre lessives, entretien des vélos, réunions, communication etc. Le repas est l’occasion de savoir un peu plus ce qui se fait ici. Sur la ferme on trouve une friperie gratuite, un atelier de céramique, un grand potager, une salle de spectacle et conférence, des ruches, des poules, un marché hebdomadaire. Dix à quinze personnes vivent sur place.

Après le repas certains ont l’occasion de faire une petite visite de la ferme avec Philippe. Il commence par un petit historique. En décembre 2012, Auchan obtient un permis de démolir pour les trois maisons et les bâtiments agricoles présents sur les quatre hectares du site. Un groupe de citoyen refuse la disparition de cette ferme et décide de l’occuper. Une décision d’expulsion est prise contre eux mais elle n’est toujours pas appliquée.

 

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Le collectif devient association et réunit toujours plus de monde. De grands rassemblements festifs, les Tambouilles, renforcent le mouvement. Aujourd’hui l’association compte plus de mille membres. Suite à une forte mobilisation, ils obtiennent de la mairie la modification du Plan local d’urbanisme. En janvier 2014, la ferme sort de la zone constructible pour redevenir zone naturelle où l’activité agricole est autorisée. La ferme est sauvée.

L’association commence à réfléchir à un nouveau projet pour faire revivre la ferme sur le long terme. Un long processus qui aboutit en juin 2015. La ferme accueillera un maraîcher bio, un espace test agricole, un point de vente collectif, un outil de transformation des fruits et légumes, et l’association continuera à proposer des activités pédagogique, enfin, il est envisagé d’accueillir des artistes en résidence.

 

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Mais fin juillet, c’est la douche froide : Auchan vient de signer une promesse de vente de la ferme à une autre société. Seule solution : faire intervenir la SAFER (société ayant pour mission de préserver les terres agricoles). Elle a le pouvoir de préempter, c’est à dire d’acheter à la place de l’acheteur initial. Grâce au soutien de la Confédération Paysanne, Terre de liens (épargne solidaire) et une succession de mobilisation citoyenne, ils parviennent à rencontrer le préfet. Aujourd’hui c’est le préfet qui doit décider avant le 2 septembre si la SAFER préemptera ou non. Si oui, elle devra ensuite choisir un candidat à qui rétrocéder la ferme. L’association travaille dors et déjà au dossier de candidature. C’est donc un compte à rebours qui s’ouvre pour sauver la ferme des Bouillons, qui a, plus que jamais, besoin de soutiens.

Nota : Depuis notre passage, la SAFER a annoncé refuser de préempter. Malgré tout, aux Bouillons la mobilisation continue, avec notamment une lettre adressée à M. Laurent Fabius, président de la COP21.

 

 

Jour 69 – 12 août – Bourgtheroulde / Pont Audemer

Nous aurions aimé rester un peu plus à la ferme des Bouillons, joli lieu de résistance et d’alternatives. Mais c’est la règle sur le tour : il faut reprendre la route. Paradoxalement, elle démarre à la sortie de Rouen par longer les immenses silo gris et installations industrielles en bord de Seine. Le tout permettant de stocker et gérer les flux de céréales venues de tout le bassin parisien et destinés à l’exportation à travers le monde. Des infrastructures défigurant le paysage, résultat d’une agriculture concentrée, standardisée et spécialisée.

 

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Heureusement, au bout de quelques kilomètres les jolis villages de bord de Seine reprennent leur droit. Jusqu’au bac sur lequel on embarque les vélos pour aller sur l’autre rive. Une belle traversée dont ne profitera pas l’équipe logistique puisque le camion – prêté par Emmaus Lescar Pau, merci à eux – est trop gros pour monter sur le bac.

A midi nous sommes accueillis par une équipe très motivée. Ils nous ont préparé un véritable festin… pour zéro euros. Chacun a participé : trois maraîchers bios ont fourni les légumes, deux boulangers de la ville ont préparé des gâteaux, Artisans du Monde a offert le thé et le café, une productrice a fait les tisanes et sirops, Emmaüs a prêté la vaisselle… Nous repartons heureux pour Pont Audemer où nous sommes attendus dans une maison de quartier. Le parcours est beaucoup en descente et nous prenons de l’avance. Nous avons même le temps d’une petite baignade dans une rivière à Conde-sur-Risle.

 

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L’arrivée est organisée par un groupe local Alternatiba composé des forces vives de l’AMAP, du SEL et de la Maison de Quartier. A notre grande surprise ce sont plus de deux cent personnes qui nous y attendent, ils forment une véritable haie d’honneur vers l’entrée. Ils ont organisé une fête de la gratuité. C’est un véritable succès. Chacun apporte ce qu’il souhaite et repart avec ce qu’il veut. Un jeune ado est très fier et content d’avoir laissé des jouets qu’il n’utilise plus et de repartir avec quelques nouvelles BD. Le repas et la conférence gesticulée de Désiré Prunier ont aussi fait le plein.

 

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Jour 70 – 13 août – Saint-Pierre-Azif

Ce jeudi matin est pluvieux. On s’en serait bien passé mais ça faisait quelques temps que nous étions au sec, il faut bien que ça tombe de temps en temps. Enfin, on est bien content de pouvoir se réfugier à midi sous le préau de l’ancienne école de Honfleur, accueillis par l’équipe de bénévole du Centre Socioculturel Jeunes-séniors-familles. Située hors du centre préservé et touristique de Honfleur, l’association très dynamique propose de multiples activités : marche nordique, initiation à l’informatique, sortie, soutien scolaire, repas des pays du monde, danse, semaines de bien être, yoga, accompagnement administratif… Et depuis 2013, elle a défriché un terrain pour en faire un jardin partagé. Il est accolé à l’ancienne école, qui servira d’ici un an, de locaux à l’association.

Plusieurs des bénévoles qui sont là ce midi nous disent l’importance du centre social. Il a été l’occasion pour eux de rencontrer du monde dans leur quartier, de casser l’isolement. Pour Joëlle, c’est ce qui l’a décidée à rester vivre ici. Nous pouvons même profiter d’un éclaircie pour faire une photo dans le jardin.

 

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L’après midi, la pluie revient. Mais on oublie presque tout en arrivant dans l’éco-domaine du Bouquetot. Le site est superbe, fait de petite collines et parsemé de quelques maisons à colombage extrêmement bien restaurées, certaines au toit de chaumes. On a vraiment l’impression d’être dans un autre monde.

 

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La conférence se transforme en discussion avec Laurent qui nous présente l’éco-domaine du Bouquetot. C’est un lieux qui regroupe plusieurs activité : cabanes dans les arbres, fournil, formation à l’éco-construction, ferme de spiruline… Chacune est autonome tout en recherchant les synergies entre chacun. Elles sont regroupées au sein d’une association « Ecopya » et lancent des appels à projet pour faire venir de nouvelles activités.

A l’apéro, on goutte la spiruline. Peu d’entre nous connaissaient. C’est une bactérie très riche en protéine que cultive Laurent, sa femme et deux associés. Il nous fait visiter la ferme, dont les quatre grands bassins où se multiplie la spiruline. Ils ont démarré en 2010, en véritable précurseurs. A l’époque 20 fermes existaient en France, aujourd’hui 150. La spiruline a de nombreuse propriétés médicinales et propose une alternative aux protéines animales. Ces installations nous intriguent un peu mais nous séduisent aussi.

 

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[Tour Alternatiba] – Plein de petites fermes valent mieux qu’une grande

Jour 65 – 08 août – Auxi-le-Chateau / Drucat

C’est sous un soleil de plomb que les triplettes s’élancent pour les 80 kilomètres qui séparent Arras d’Abbeville. Les champs de céréales à perte de vue bordent les routes nous renseignent sur le fil rouge de la journée : agriculture intensive contre agriculture paysanne ! Habitués des vélorutions, nous le sommes moins des vachorutions : au détour d’un chemin nous voici bloqués par un troupeau de vaches qui semble vouloir poursuivre la route avec nous jusqu’à Drucat pour faire entendre sa voix contre la ferme-usine des 1000 vaches et apporter son soutien aux membres de l’association Novissen, qui luttent ardemment contre ce projet !

 

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Les triplettes pénètrent sur la place Max Lejeune d’Abbeville sous applaudissements des 140 personnes présentes. Le vert des t-shirts Alternatiba et le jaune de ceux de Novissen, se mélangent peu à peu. Les rires et les sourires rendent cette prise de connaissance des plus agréables. Il en ressort une grande force de volonté. La vélorution s’annonce festive et bruyante !

C’est à Joan d’ouvrir la route à bord du vélo-sono. La route jusqu’à Drucat nous rappelle les faux-plats montants belges : il faut appuyer fort sur les pédales pour parvenir au sommet ! Les slogans fusent : « Plein de petites fermes valent mieux qu’une grande », « Des vaches dans les prés, pas enfermées ! ».

Après que Joan ait appelé à la mobilisation en vue de la COP21, Yannick remet le Pacte de la Transition à Laurent Parsis, maire de Drucat. Parmi les mesures proposées par ce pacte, l’une concerne directement le thème de la journée : réaliser un état des lieux des terres disponibles ou à acquérir en vue d’y développer un projet d’agriculture biologique et citoyenne.

 

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Plus de 80 personnes sont présentes à la conférence animée par Txetx et Philippe Chastagner, président de Novissen, qui rappellent qu’en France, le secteur de l’agriculture représente le 2ème poste d’émissions de gaz à effet de serre derrière celui des transports. Les raisons en sont les suivantes : utilisation massive d’intrants chimiques fabriqués à base d’énergies fossiles ; mécanisation, intensivité et productivité à outrance des exploitations ; déplacements inconsidérés des productions pour être préparées, vendues, consommées… La ferme-usine des 1000 vaches est un parfait exemple de ces dérives de l’agriculture française. Si l’agriculture industrielle dérègle le climat, l’agriculture paysanne le stabilise.

 

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Pendant le repas, Chantal nous raconte comment la lutte contre la ferme-usine a redonné une vitalité au village. Les voisins qui ne se connaissaient pas, qui s’ignoraient, sont aujourd’hui unis autour d’un même combat, d’une même lutte : combat contre un modèle agricole non viable, qui détruit les campagnes et les territoires ; lutte pour la promotion d’un nouveau modèle, paysan, local et durable. Autrefois simple ville-dortoir, le village est aujourd’hui vivant.

Elle nous raconte également les pressions des autorités policières. Elle ne compte plus les contrôles de papiers, les survols d’hélicoptères, les surveillances de manifestations par les Renseignements Généraux. Alors que le Tour Alternatiba avait eu droit à un double contrôle de police franco-allemand pour avoir « osé » prendre la parole et s’élever contre la survie de la centrale nucléaire de Fessenheim et plus largement contre le modèle nucléaire français, nous comprenons que nous touchions ici du doigt un autre tabou national : l’agriculture industrielle et intensive. Mais les produits locaux partagés autour de la table et la bonne humeur générale nous en convainquent : un autre monde est possible !

 

 

 

Jour 66 – 09 août – Le Tréport / Dieppe

Ce matin le réveil sonne tôt : la route prévue est coupée pour travaux. Il faut donc partir plus tôt pour couvrir le nouvel itinéraire. Arrivés hier soir – donc frais et dispos – Eric et Nathalie prennent le pilotage des deux triplettes. Tout roule parfaitement mis à part que nous avons longé sans la prendre pendant plusieurs kilomètres, une piste cyclable cachée par une haie … ! Mais nous nous consolons, lorsque du haut d’une colline et derrière les champs, nous apercevons la mer. C’est la première fois depuis Marseille !

Nous arrivons au Tréport, accueillis par l’adjointe au maire, quelques curieux et accompagnés de Mamie crevette. Un petit bout de femme énergique de 90 ans qui nous a accompagné dans les derniers kilomètres (avec le vélo qu’elle a depuis ses 20 ans). Elle en fait encore tous les jours pour se balader mais peste contre les voitures qui ne font guère attention aux cyclistes. On retrouve également Adrien qui rejoint l’équipe.

 


 

L’étape de l’après midi est courte mais pas très plate. Nous arrivons à l’heure à la plage, malheureusement trop tard pour prendre le temps de se baigner : il faut repartir pour la vélorution jusqu’à Dieppe ! 50 personnes nous accompagnent. La mairie avait mis à disposition des vélos pour l’occasion. Elle a d’ailleurs fait les choses en grand. C’est un vrai petit village des alternatives qui nous attend, sur l’esplanade de bord de mer, au pied des falaises de craie. Les triplettes, quadruplette et vélo sono paradent au centre du village sous les applaudissements des participants. Au total, 500 personnes seront passées sur le village.

On y trouve plusieurs stands : une épicerie coopérative, un producteur de savon naturel, les revues S!lence et L’âge de faire, Enercoop, un Système d’échange local, des associations pour le vélo, Attac, un collectif d’habitats et jardins partagés, un brasseur artisanal… Comme quoi Dieppe et sa région ne font pas exception à la règle : les alternatives sont partout vivantes et nombreuses. Un vrai terreau pour un monde meilleur.

 

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Parmi ces belles initiatives on trouve le projet Marcotte, une ferme collaborative. Le nom vient du marcottage des fraisiers : ces petites tiges aux fruits goûteux, se multiplient en plantant une branche dans le sol, qui formera ensuite un nouveau pied. Ici l’idée vient d’un couple de cidriculteurs. Désireux de “ne pas rester seuls” et de permettre à des jeunes non issus du milieu agricole de se lancer en agriculture, ils accueillent une maraîchère en 2014. En 2015, c’est un producteur de fromage de chèvre voisin qui les rejoint. C’est la possibilité de mutualiser du matériel, la commercialisation, des coups de main et aussi de casser l’isolement. Et ils ne comptent pas s’arrêter là, l’association va devenir SCOP, un jeune va venir en formation arboriculture, un autre travailler à la valorisation et commercialisation des produits… Et il y a peu, on leur à même proposé de nouvelles terres. Probablement de nouveaux emplois en perspective.

 

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Le soleil se couche doucement sur la mer alors que la conférence quotidienne commence devant un public épars car un apéro convivial bat son plein juste à côté mais qui ne tarde pas à s’épaissir au fil des minutes. Ce sont finalement 85 personnes qui suivent la présentation de la bataille climatique vue par Alternatiba. Dans cette région marquée par la question du nucléaire, Adrien et Txetx expliquent en quoi il ne s’agit en aucune façon d’une alternative au changement climatique. Au contraire la politique du tout nucléaire française a englouti les milliards qui auraient pu financer les politiques de sobriété énergétique (isolation des logements, développement des transports collectifs etc.) et de développement des énergies renouvelables. Résultat de ce choix erroné, 40 ans plus tard, la France est bien plus dépendante des importations de pétrole et de gaz. L’accent est alors mis sur les vraies alternatives et sur l’importance de la mobilisation citoyenne. Ce soir, le cadre est exceptionnel : en arrière plan les falaises et le château de Dieppe. On a envie de croire que nous sommes en train de gagner et de construire ce monde dont on a envie : joyeux et solidaire.

Nous quittons les Dieppois sur un air de jazz d’un groupe du coin qui occupe avec brio la scène pour la fin de soirée. Mais nous les reverrons : ils nous ont promis d’organiser un bus pour monter à Paris le 26 septembre. A bientôt !

 

 

Jour 67 – 10 août – Clères / Rouen

Aujourd’hui direction Rouen. Après un petit ennui mécanique au démarrage vite réglé, nous empruntons les petites routes normandes. Nous les aurions aimé moins vallonnées mais c’est compensé par le plaisir des yeux et le peu de voitures croisées. Nous arrivons à Clères et ses belles halles anciennes en bois. Au dessous un solide comité d’accueil, arborant les jolis tee-shirt blanc de Alternatiba Rouen (3 et 4 octobre). Le temps de monter le stand, d’aller faire une photo dans le parc du château renaissance à proximité, nous pouvons entamer le repas succulent (on remercie Sylvie). Certains ont même le temps de faire une sieste !

 

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L’étape de l’après midi s’annonce comme une vélorution de 20 kilomètres : un tandem et dix vélos suivent les triplettes. Mais ce n’est qu’une graine : pour l’arrivée à Rouen sur la place de l’hôtel de ville, ce sont plus de 100 vélos qui accompagnent triplettes et quadruplette. Au total, près de 300 personnes assistent à l’arrivée et la conférence organisée ce soir là réunira 174 personnes, un record d’autant plus remarquable pour un lundi 10 août ! On voit là les fruits du travail efficace mené par l’équipe d’Alternatiba Rouen. En tête de cortège de cette vélorution rouennaise, deux étonnants bus à pédale. Ils sont chargés d’enfants sourire aux lèvres et conduit par des jeunes gars motivés. Ils présenteront plus tard leur association : S’cool bus.

 

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Ils proposent, avec ces bus qui peuvent transporter jusqu’à dix enfants, un transport scolaire gratuit, écologique et sportif. Ça fonctionne déjà depuis le début de l’année avec une école de Rouen : tous les midis les s’cool bus transportent les 150 enfants de l’école jusqu’à la cantine à un kilomètre de là. L’association réuni 150 bénévoles, construit elle même les bus, forme les conducteurs. Pour l’année scolaire prochaine, ils proposent un transport scolaire à tous ceux qui le souhaitent sur Rouen, il faut s’inscrire sur : www.scool-bus.org. Une initiative à suivre et à soutenir.

 

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Ce soir nous avons aussi rencontré l’Agnel, la monnaie locale du Grand Rouen qui sera lancée en exclusivité lors d’Alternatiba Rouen les 3 et 4 octobre, l’association de protection du site naturel de Ropinville, la ville de Rouen qui est passée au zéro phyto pour la gestion des espaces verts, la ville de Malaunay qui prévoit l’arrêt de toute nouvelle urbanisation sur les zones naturelles et agricoles et a lancé le premier immeuble à énergie passive et en habitat social de Normandie. Et bien sûr La ferme des Bouillons nous présente son actualité : une décision déterminante doit tomber dans les prochaines semaines. Nous en saurons plus demain puisque ils nous accueillent pour une journée de repos bien méritée.


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[Tour Alternatiba] – La bataille climatique ne se joue qu’une fois !

Jour 62 – 05 août – Roubaix / Lille

 

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La journée s’annonce sportive : plus de 85 kilomètres au programme pour rejoindre Lille dont 65 pour la seule matinée ! Après quelques hésitations d’orientation en début de parcours, nous retrouvons finalement la longue et très agréable piste cyclable longeant le canal de la Lys. Au milieu des nombreux groupes de cyclistes et sous un magnifique soleil, nous avalons les kilomètres sans trop de difficultés et franchissons la frontière sur les coups de midi.

 

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Nous sommes accueillis à Tourcoing par 62 cyclistes sur-motivés ! La déambulation pénètre dans Roubaix dans une ambiance festive, au rythme des chansons de HK et les Saltimbanks, originaires de la ville et compagnons de route d’Alternatiba. Un village associatif composé d’une quinzaine d’associations accueille le cortège, en présence de Guillaume Delbar, maire de Roubaix, qui reçoit le Pacte de la Transition et nous promet de l’étudier attentivement. Alors que Txetx anime la conférence en rappelant l’urgence climatique, Cécile, la régionale de l’étape, invite les citoyens à se mobiliser en vue de la COP21. A voir la vitalité des jeunes de l’association Parkour59 qui tentent de nous initier à l’art du déplacement urbain, il y a de l’espoir !

 

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Avant de regagner Lille pour le départ de la seconde vélorution de la journée, nous faisons une halte devant le siège social de la famille Mulliez, propriétaire, entre autres, des marques Auchan, Décathlon, Kiabi ou Leroy Merlin. Le bétonnage de 55 hectares de terres agricoles de la métropole lilloise via sa filiale Immochan pour déplacer des magasins, en installer de nouveaux et surtout les encercler de gigantesques parkings constitue l’un des « projets d’avenir » du groupe familial. Plus de voitures et d’artificialisation ; moins de nature et d’agriculture responsable. Olivier Descamps, membre du collectif en lutte contre ce projet le clame haut et fort : on veut des champs, pas d’Immochan !

 

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Accompagnés de 92 vélorutionnaires, nous quittons la place de l’Opéra pour gagner celle de la République, qui a accueilli en octobre dernier le magnifique village des alternatives d’Alternatiba Lille. Quel plaisir de voir les équipes de bénévoles s’agiter pour offrir un superbe repas végan à tous les cyclistes ! La soirée se termine par un temps de débats et d’échanges autour du changement climatique au Mutualab, vaste espace de travail partagé en plein cœur de Lille. L’occasion pour les très nombreux acteurs de la transition actifs dans la région de venir présenter leurs alternatives, témoignage de la vitalité du territoire.

Sur les rythmes rock du groupe lillois Kingsport Head, Cécile et Eric font leurs adieux à l’équipe du Tour. Nous leur donnons rendez-vous très bientôt pour de nouvelles aventures !

 

 

Jour 63 – 06 août – Loos-en-Gohelle

L’équipe du Tour Alternatiba accueille deux nouvelles recrues ce matin : Emma, qui vient de Bordeaux partager l’expérience du Tour avec son cousin Joan, membre de l’équipe depuis le départ de Bayonne ; et une nouvelle bicyclette logistique mise à disposition par l’ADAV, membre de l’Heureux Cyclage, le réseau des ateliers vélos participatifs et solidaires.

C’est un cortège élargi qui s’élance pour les 33 kilomètres qui nous séparent de Loos-en-Gohelle : outre André, qui nous accompagnera durant trois jours, quatre téméraires cyclistes se joignent à nous pour pédaler. Alors que nous dépassons les voitures agglutinées dans les embouteillages de la voie rapide, l’apparition presque surnaturelle des terrils à l’horizon nous replonge par la vision dans le passé minier de la région.

 

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Nous sommes accueillis à Loos-en-Gohelle par Francis Maréchal, adjoint au Maire et compagnon de route du maire, Jean-François Caron. Les discussions vont bon train et l’élu nous présente la démarche exemplaire de la municipalité, parfaitement symbolisée par les éléments composant le blason de la ville : le lion des Flandres pour l’identité territoriale ; la gerbe de blé pour la tradition agricole de la commune ; la lampe à pétrole et la pioche, vibrant hommage au passé minier de la région et à la fierté de son histoire ;  le phénix, symbole d’une ville détruite cinq fois par la guerre puis marquée par l’exploitation des mines et leurs fermetures, mais qui a toujours su se reconstruire et faire preuve de résilience.

 

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L’héritage post-industriel avait de quoi laisser présager des jours sombres pour la commune : 20 % de son territoire recouvert de friches industrielles, chômage en forte hausse, image de soi dégradée… Rebondir ou mourir, poursuivre un modèle révolu ou aborder énergiquement la reconversion post-carbone du territoire : la municipalité a fait son choix. A la fermeture de la dernière mine en 1986, un important travail de valorisation fut mené avec les habitants afin que ceux-ci s’approprient de manière positive leur passé et qu’il devienne un élément structurant de leur avenir. La préservation des terrils 11/19, les plus hauts d’Europe, que Monsieur Maréchal désigne comme « ses pyramides », et leur classement au patrimoine mondial de l’Unesco en est le point d’orgue.

A Loos-en-Gohelle, transformation ne veut pas dire oubli. La commune est fière de son passé et le revendique. Et ça paye : installation de centres de formation aux métiers de l’éco-habitat, création d’emplois dans des bureaux d’études et le tourisme, recul du chômage. Surtout, la municipalité a su inventer un modèle de fonctionnement innovant, poursuivant un objectif central : éviter qu’au paternalisme du patron minier ne succède celui de l’élu local omnipotent. Ici, le citoyen est acteur, l’élu se considère comme un animateur, les décisions sont faites « avec » et pas seulement « pour » les habitants. Il en résulte plus de 200 réunions publiques par mandat et un doublement du nombre d’associations.

 

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Le Pacte de la Transition proposé aux élus ne devrait avoir de difficulté à recevoir la paraphe du maire. Production d’électricité renouvelable en lien avec Enercoop, politique Zéro-Phyto, récupération des eaux de pluie, agriculture urbaine… Les actions de transition ne manquent pas !

Le soleil se couche paisiblement sur les terrils de Loos-en-Gohelle. Autrefois tant décriés, ils sont aujourd’hui jalousés. Le phénix a une nouvelle fois pris son envol.

 

 

Jour 64 – 07 août – Lens / Arras

Seuls 25 kilomètres séparent Loos-en-Gohelle d’Arras. Nous sommes donc largement à l’heure pour lancer la vélorution accompagnés d’une cinquantaine de cyclistes. La place du Théâtre d’Arras vibre depuis ce matin au rythme du village associatif installé par l’équipe d’accueil du Tour. Une vingtaine d’associations ont répondu à l’appel et font étalage de la diversité des alternatives au changement climatique existantes à Arras. Plus de 400 personnes déambuleront aujourd’hui sur le village !

 

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Emma prend la parole pour poser la question suivante aux 135 personnes présentes devant la scène : quel regard porteront sur nous les personnes vivant en 2040 ? Txetx et Romain le rappellent : la bataille climatique ne se joue qu’une fois. Nous la gagnerons ou nous la perdrons. Elle conditionnera toutes les autres batailles : celle pour la démocratie, celle pour la paix, celle pour l’éducation. La gagner veut dire construire un monde plus juste, plus solidaire, plus souhaitable. La perdre signifie la disparition de conditions de vie civilisées sur Terre. L’une des clés sera la mobilisation citoyenne. C’est l’enjeu que tente de relever le Tour Alternatiba en sillonnant les territoires du 5 juin au 26 septembre.

 

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Comme un écho à nos discussions de la veille à Loos-en-Gohelle, Danielle, bénévole du village des alternatives, nous raconte le combat mené par les forces syndicales unies pour faire face à la fermeture de l’usine MetalEurope de Noyelles-Godault en 2003. Au total, 830 salariés licenciés, plus du double en comptant les sous-traitants. Au-delà de la disparition des emplois, elle nous raconte la perte de fierté des salariés licenciés et la difficulté de se reconstruire face aux mensonges des dirigeants de l’entreprise et la totale immunité dont ils semblent disposer. Mais Danielle garde le sourire et de ses propres mots nous avoue que la foule réunie ce soir la pousse à croire en l’avenir.

Pour redonner du baume aux cœurs, les musiciens grattent les guitares et poussent la chansonnette. PCH se lance dans un slam en hommage à Bruno, le basque de l’étape. Samuel, organisateur de l’étape distribue les plats pour un agréable repas partagé.